Episodes Saison Loki saison 2 épisode 3 : critique qui ne se sort pas les doigts du Kang sur Disney+

Avec son troisième épisode, la saison 2 de Loki promet de lancer enfin les hostilités grâce à la présence attendue de Kang, ou du moins d’un de ses Variants.

Si Ant-Man et la Guêpe : Quantumania s’est révélé être une bien piètre introduction de la guerre du Multivers à venir chez Marvel, on en oublierait presque que sa grande menace, Kang, a d’abord été révélée dans la série Loki. Certes, l’anti-climax de sa première saison, matérialisé par cette discussion autour d’une table avec Celui Qui Demeure, a eu le mérite de son originalité dans le magma des productions interchangeables de la marque.

Néanmoins, difficile de ne pas y voir l’aveu d’échec de Kevin Feige, contraint d’alimenter Disney+ non pas avec des petits compléments annexes, mais avec des récits primordiaux, censés rivaliser avec leurs homologues dédiés au grand écran. Là réside d’ailleurs le problème principal des séries Marvel : plutôt que d’explorer la psyché, les traumas et l’avenir de ses protagonistes, ces derniers sont balancés dans des histoires bien trop massives pour eux, sans possibilité de pleinement s’y épanouir. À moins que ce ne soit l’inverse, et que la formule de Marvel n’étrique dans 6 petits épisodes des pans de mythologie réduits à peau de chagrin.

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C'est... la... fête

D'un Z qui veut dire ZZZZZZZZZZ

Dans tous les cas, la saison 2 de Loki est depuis son démarrage un bien triste constat de cette bérézina, la faute à son anti-héros habituellement passionnant, baladé de péripétie en péripétie sans jamais que ses actes n’aient un poids tangible sur les branches de sa temporalité. Tom Hiddleston n’a pas besoin de faire beaucoup d’efforts pour paraître charmant, et d’aucuns pourraient affirmer que la passivité du personnage est en accord avec l’impuissance kafkaïenne que suppose la TVA.

Pour autant, la saison 1 de Loki avait le mérite de suivre une structure ô combien classique, mais au demeurant efficace, avec en son centre l’émancipation d’un dieu trop rapidement labellisé par une force externe. La contrepartie, c’est que cette évolution (couplée à l’esthétique de la série, très éloignée du rococo des films Thor) est désormais une impasse. Loki n’est plus qu’une coquille vide, tentant en vain de protéger un statu quo abstrait sur l’état du Multivers.

Depuis le début de cette saison 2, on nous parle de génocides de branches temporelles et autres risques de fin du monde, sans jamais que ceux-ci ne parviennent à s’incarner derrière les visages concernés de ses personnages.

Résultat, Mobius (le sidekick de plus en plus assumé de tout ce bazar) se donne pour mission à chaque épisode de nous rappeler les origines du dieu nordique, sans doute pour marteler le grand écart stylistique dont est capable Marvel. Cette fois, c’est un bas-relief de fête foraine avec Odin et Thor qui remplit cette fonction, afin de mieux noyer le poisson. En regardant dans le rétroviseur, le MCU se remémore ses succès passés plutôt que de construire l’avenir. Un comble pour la série qui sert de colonne vertébrale à la Saga du Multivers, et dont l’épisode 3 a même servi de scène post-générique à Ant-Man 3.

Champ

King Kang ?

Nous voilà donc en 1893, durant la Foire Internationale de Chicago. Il faut avouer que ce décor dépaysant fait son effet durant un court instant, au même titre que l’idée au centre de cette démarche : faire d’un des variants de Kang une sorte de Thomas Edison du Multivers. À grands coups de paradoxes temporels, l’épisode se construit autour d’une sauvegarde du futur grand méchant et de la TVA.

Néanmoins, le bât blesse pour deux raisons. D’une part, Loki (la série) ne sait jamais construire avec équilibre un point de vue de mise en scène. On passera sur la platitude illustrative et distante de la caméra sur ce chapitre pourtant essentiel (qu’on doit à Kasra Farahani, jusque-là décorateur et production designer) pour s’attarder sur la gestion de son ironie dramatique.

Contrechamp

Le mystère n’en est jamais un, puisque le spectateur sait tout avant les personnages. Les complots et trahisons qui suivent deviennent tout autant de passages obligés et rébarbatifs, qui ennuient à force de retarder l’échéance de ses cliffhangers.

D’autre part, Loki (le personnage) se contente d’apparaître et de disparaître entre deux courses-poursuites, au point de devenir le figurant de sa propre série. On comprend bien que Victor Timely (le Variant de Kang) doive prendre de la place, mais cet épisode 3 en vient à se transformer en énième aparté mal dégrossi, qui n’existe que dans le flux global d’un MCU déliquescent.

Notre tête pendant l'épisode

Pire encore, ce postulat pousse à devoir supporter une nouvelle fois Jonathan Majors dans le rôle de Kang. Au-delà des accusations de violences à son encontre (qui embêtent forcément la machine bien huilée de Marvel), l’acteur prouve que la construction au long cours de son personnage (ou plutôt de ses personnages) est l’une des pires idées du MCU. Là où Thanos a pris le temps de se dévoiler pour façonner sa menace au moment opportun, Kang n’est qu’un gâchis dont il est difficile de saisir la direction entreprise, et qu'il semble impossible de corriger.

Tout cela est d’ailleurs peu aidé par le jeu outré de son interprète, dont le cabotinage suppose que la différenciation des Variants ne peut passer que par des troubles du comportement grossier, ou des pauses de plus en plus longues dans sa façon de parler. Autant dire que si Loki peine à exciter sur le futur du MCU, cette saison 2 semble matérialiser à elle seule le mur vers lequel la franchise est en train de foncer sans ceinture de sécurité.

Un nouvel épisode de Loki est disponible tous les vendredis sur Disney+ depuis le 6 octobre 2023