Episodes Saison The Boys Saison 1 Episode 1 : grand pouvoir, grandiose débilité

Simon Riaux | 29 juillet 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
464
Photo

Passé par Judge Dredd et The Punisher, l’auteur légendaire de Preacher est un grand des comics, qui s’y connaît en super-héros. Et forcément, quand il décide de leur régler leur compte avec The Boys en 2006, Garth Ennis ne fait pas dans la demi-mesure. Son comics restera comme un jeu de massacre éminemment radical, rapidement devenu culte, que DC préféra abandonner, effarouché par le ton de l’entreprise (qui fit le bonheur de Dynamite Entertainment).

Avec un tel pedigree, on ne pouvait que saloper en apprenant que l’équipe créative derrière l’adaptation de Preacher (maladroite, imparfaite, mais hargneuse et pleine de bonne volonté) se chargeait de transposer l’œuvre à l’écran, avec le portefeuille bien garni d’Amazon Prime. Eric KripkeEvan Goldberg et Seth Rogen sont-ils parvenus à emballer le divertissement énervé idéal pour traverser la moiteur de l’été renforcée par une série de blockbusters indolents ?

On fait le point sur le pilote.

 

photoLe respect est mort

 

AVENGORE

Dans The Boys, les super-héros existent et sont devenus la première industrie américaine, rassemblés sous la bannière de la multinationale Vought-America. Piliers d’un système policier devenu pure extension capitalistique, source infinie de produits dérivés, héros de cinéma, ils constituent en outre une formidable source d’euthanasie pour un corps social en mal de grand récit et d’héroïsme.

Malheureusement, les hommes et femmes en costumes de latex ne valent pas mieux que le commun des mortels, et profitent de leur toute-puissance pour laisser libre cours à leurs vices et fantasmes. D’abus en dommages collatéraux, de négligences en crimes purs et simples, ils vont amener des individus gentiment azimutés à se rassembler dans le but de leur botter le cul. The Boys démarre alors que le gentil Huguie voit sa copine transformée en tornade de tripous par un clone raté de Flash à la trajectoire mal réglée.

 

photoDe bien gentils garçons

 

Contextualisée en une poignée de minutes à peine, la série trouve son rythme de croisière et sa tonalité virevoltante dès son épisode pilote. Ici, l’héroïsme n’est pas de la partie. D’abominables sales gosses franchement nihilistes se mettent en tête de transformer les équivalents des Avengers en sushis à la viande, tandis qu’une tripotée de héros préfère se doper la tronche en démembrant la veuve et l’orphelin.

Comme avec Preacher, le travail d’adaptation semble d’entrée assez intéressant. Si elle demeure bardée de défauts, la série AMC adaptée des travaux d’Ennis faisait preuve de beaucoup d’ambition et de créativité afin de repenser son matériau de base. Une approche qu’on retrouve ici, et qui fait du premier épisode de The Boys un concentré de bonheur vénère. En un premier chapitre remarquable de densité, le show montre qu’il peut tirer à balles réelles.

Innervé par l’humour à la fois extrêmement bourrin et politiquement chargé de son auteur, The Boys s’emballe en permanence, devançant la plupart des attendus de son spectateur. On ne s'attarde pas, chaque situation est rapidement développée pour évoluer avec un impact maximum. Le scénario n’attend pas et passe la seconde après une poignée de séquences aussi irrévérencieuses que techniquement abouties.

 

photoDes héros pas super

 

KIDS DEFRACTED

Car The Boys n’est pas seulement une potacherie qui répand les organes internes de ses personnages secondaires aux quatre coins de l’écran, tout en moquant les hypocrisies et perversions d’une certaine culture de masse occidentale. On espère que le show saura maintenir son niveau d’exigence, mais dès son ouverture, il s’élève au-dessus du pastiche violent et simpliste, pour aborder avec une vraie passion son thème.

En effet, ses super-héros ne sont pas simplement stupides, veules et chantres demeurés d’un néo-libéralisme, mais de véritables objets de mise en scène. Qu’elle iconise un acte monstrueux (le vol nocturne de Homelander), utilise des pouvoirs afin de démultiplier la dramaturgie, ou maximise la bizarrerie d’une séquence (la joute invisible lors des derniers instants du pilote), la caméra traite toujours avec pertinence ses (anti)héros.

 

photo Antony Starr, glaçant et hilarant

 

Il est ainsi saisissant de constater qu’en soixante minutes à peine, on trouve plusieurs séquences plus créatives que dans la majorité des blockbusters super-héroïques contemporains. Bien sûr, Amazon n’a pas lésiné sur les moyens, les scènes d'action assurent ainsi un spectacle de grande qualité et ne font jamais défaut à l'inventivité acérée du scénario. Et si la photo tire un peu trop souvent sur un sépia un peu cheap, le découpage demeure à minima propre et efficace, quand il ne se révèle pas furieusement créatif.

Il est bien trop tôt pour savoir si la série saura respecter la rage punk de Garth Ennis, si cette première saison trouvera un tempo satisfaisant, ou conservera l’épaisseur de ses monstrueux personnages. Mais une chose est sûre, ces derniers sont déjà trempés dans un mélange d’acide et de plomb fondu qui impressionne instantanément la rétine. Jack Quaid s’en tire correctement avec sa complexe partition de têtard voué à se surpasser, et chaque super-héros est idéalement incarné. Violeur à écaille, meurtrier courant, starlette électrique ou homme invisible en mode #MeToo, tous bénéficient de très solides interprétations.

 

photoUne Elisabeth Shue qui ferait passer Marc Zuckerberg pour un chaton

 

Trois s’élèvent au-dessus des cieux dans ce Valhalla de démence en spandex. Innocente invitée au cœur de la Babylone encapée, Erin Moriarty interprète une aspirante héroïne sudiste tout en nuances et en énergie contrainte. À ses côtés, Karl Urban fait littéralement des étincelles et nous rappelle enfin qu’il peut être meilleur comédien que Vincent Lambert. Enfin, Antony Starr, à des antipodes de son rôle de héros de Banshee, apparaît transfiguré en Captain America rêvant de pouvoir massacrer la moitié de l’humanité avant de goûter aux fluides de sa diabolique figure maternelle (jubilatoire Elisabeth Shue).

On prie désormais pour que le reste de la saison soit à la hauteur, tant cette entrée en matière promet de déviants délices.

The Boys est disponible en intégralité sur Amazon Prime Video en France depuis le 26 juillet !

 

photoUn Karl pas toujours urbain

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
commentaires lecteurs votre commentaire !
corleone
01/08/2019 à 10:30

J'ai rien vu d'aussi percutant et Surprenant (dans le bon sens du thème) depuis longtemps. Les moyens mis sont bluffants pour une série (leurs costumes sont mieux que les designs(coucou flash) de certains longs métrages de super héros) excellente première saison sur le fonds et la forme qui du coup m'as donné envie de lire le comic dont il est adapté.

thanauzer
30/07/2019 à 23:02

j'ai aimé. mais jai eu l'impression de regarder un spin off de la flander's company, l'humour mis à l'ecart :)

Maurice Escargot
30/07/2019 à 18:57

Grand fan des comics, j'ai adoré.
Beaucoup de changements par rapport à la BD, mais pour le mieux, dans une vraie démarche d'adaptation intelligente. Moins trash peut-être, mais le propos est conservé, et c'est le principal.
Une vraie réussite à mon sens.

darkpopsoundz
30/07/2019 à 18:47

"Dans [la vraie vie] les super-héros [...] sont devenus la première industrie américaine, rassemblés sous la bannière de la multinationale [...]America. Piliers d’un système policier devenu pure extension capitalistique, source infinie de produits dérivés, héros de cinéma, ils constituent en outre une formidable source d’euthanasie pour un corps social en mal de grand récit et d’héroïsme."

Juste 3 petites erreurs dans votre phrase et vous avez décrit notre monde bien-aimé actuel, fou, non? ^^

En tout cas elle me tente à mort du coup cette série après votre article, m'en vais me la programmer pour ce week-end, merci. :-)

....
30/07/2019 à 16:25

La serie n arrive pas a la cheville de la bd.
Generique, denue de personnalite, dialogue cliches vus et revus, pas une seule connection emotionnelle a un personnage, mensonger, le pilote a clairement le budget d un blockbuster, la suite jusqu a l episode 5, pas du tout, ca me rappelle la deceptioon de Lost aui annoncait une serie epique avec des moyens alors que seul le pilote etait dote d un budget digne de ce nom. Exactement le meme ressenti avec The Boys... etoiles ????? Faut arreter les mdma

Jean-Michel Jarre Jarre
30/07/2019 à 15:21

Cool de voir plein de Garth Ennis à l'écran. Ce mec est grand. Mais à un sérieux problème. Plusieurs même. Beaucoup. J'espère qu'il consulte.

Quelqu'un a cité Crossed, non ça y a aucune chance. Ou alors en soap passé à l'eau de javel. On parle de zombies qui nous contents de bouffer tout ce qui passe sous les dents, le baisent. Y compris des morceaux d'eux-mêmes. Y a même un monstre qui est surnommé Horsec*ck. Et c'est littéral. Le mec se balade vraiment avec une b*te de cheval dont il se sert comme matraque. C'est inadaptable. Impossible.

Si seulement Marvel avait eu les couilles de lui confier une adaptation du Punisher... Mais bon, c'est mort.

Ness pas
30/07/2019 à 14:35

OUUUUUUUUIIIIIIII, aussi bon qu’espéré.

C'est un peu super mega cool

N3r0N
30/07/2019 à 14:33

Putain que c'est jouissif, heureux qu'ils aient pas Disneyifié le truc. Je m'attendais à un un truc un peu pourave et sans prise de risques, Dieux que c'était bon, une des rares séries que j'ai bingé en une soirée et j'en veux encore ! Un abo de plus chez Amazon.

Kouak
30/07/2019 à 13:49

Aaaaaaaah ! Au temps pour moi...
C'est du mimétisme...

Simon Riaux
30/07/2019 à 12:59

Humour merdique ?
Erreur scandaleuse ?
Tentative de traiter avec mauvais goût une oeuvre qui fait justement du mauvais goût son porte-étendard ?

Nos meilleurs enquêteurs sont sur le coup.

*insérer rire de Christophe Lambert

Plus
votre commentaire