Les Maîtres de l'univers : Révélation Partie 2 - critique pass culturiste sur Netflix

Simon Riaux | 24 novembre 2021 - MAJ : 24/11/2021 14:59
Simon Riaux | 24 novembre 2021 - MAJ : 24/11/2021 14:59

Après une première moitié de saison qui renouvelait les fondamentaux de la série originale, Les Maîtres de l'univers sauce Kevin Smith sont-ils victorieux ? Une fraction du public avait en effet redouté que cette relecture Netflix menée par le saint-patron des geeks hollywoodiens ne soit synonyme de sacrilège. Mais le réalisateur de Clerks et Dogma a plus d'un tour dans son sac.

IL SUFFIT QUE TOUT CHANGE...

Rien ne va plus dans le Royaume d’Eternia. Certes nos héros ont retrouvé le prince Adam, l’ont extrait du Royaume des Morts... jusqu’à ce qu’il se fasse à demi-éventré par ses vieux adversaires. Du côté de Skeletor, c’est un peu la bamboche, car, ressuscité et ivre de puissance, le méchant pas beau a mis en branle un plan plus diabolique que celui d’Eric Zemmour pour prendre le pouvoir. 

Mais c’est toujours Kevin Smith à la barre, et après avoir déjoué les attentes durant la première partie de sa saison – et agacé quelques fans souffreteux au passage – il s’amuse une nouvelle fois à secouer ses ingrédients à la manière d’une centrifugeuse devenue folle. Tandis que notre grand méchant, après une cure de protéines mystiques, jouit de pouvoirs ainsi que d’une puissance censément supérieure, devenant “Skelegod”, le scénario joue à la fois la carte du spectacle décuplé, de la mythologie enfin explorée, et de twists bienvenus. 

 

Les Maîtres de l'univers : Révélation : photoLes hommes préfèrent les blonds

 

Produite uniquement pour écouler des jouets, la série originale Les Maîtres de l’univers était un attachant monument de kitsch sauce 90’s, à la dramaturgie rachitique, dont l’ADN appelait presque naturellement une forme de second degré, ou au moins une certaine distance. Sans jamais verser dans la parodie, c’est précisément la carte que joue Smith, nous régalant d’une part de petites ruptures de ton, distillées durant les dialogues (tout particulièrement quand Musclor et Skeletor se crêpent le chignon), petites saillies absurdes et héritage kitsch.

C'était déjà le cas des premiers épisodes, sans toutefois que ceux-ci parviennent à toujours bien équilibrer présentation des nouveaux enjeux, approfondissement des protagonistes et désir de transgression. Tout l'objet de cette nouvelle fournée sera d'ailleurs d'affirmer clairement la patte de ce reboot, qui, contrairement à ce qu'on a pu lire ici et là, n'a rien d'un doigt d'honneur post-moderne.

 

Les Maîtres de l'univers : Révélation : photoLe Puit du Fou

 

...POUR QUE RIEN NE CHANGE

En effet, si l'intrigue s'efforce de mettre à l'épreuve notre héros blond, ce n'est certainement pas pour s'en débarrasser, encore moins pour s'inscrire à peu de frais dans un air du temps propice à filer des rhumes de cerveau à chacun, mais bien pour s'assurer qu'il devienne enfin un personnage. Leader charismatique, souriant, voire surpuissant, il n'avait pas, dans le dessin animé des années 90, à faire la preuve de son héroïsme, sa puissance n'était jamais questionnée, pas plus qu'il n'avait à dépasser de conflits pour progresser dans la narration. Rien d'étonnant de la part d'une publicité pour jouets déguisée en dessin animé, mais un véritable obstacle quand il est question de raconter quelque chose à un public identifié comme adulte.

Au vu du développement du personnage comme du monde d'Eternia, l'idée est beaucoup plus de donner à des éléments épars une construction qui peut accueillir des développements ultérieurs, et relève bien d'une forme de mythologie. Le défi est d'autant plus complexe que l'univers des Maîtres de l'univers est passablement incongru, pour ne pas dire violemment incohérent. On y croise des glaives, des proto-gladiateurs, des vilains zombies, calèches, des soucoupes volantes, des lasers qui font piou-piou, un homo-érotisme qui ferait passer Top Gun pour un poème viking, le tout nimbé dans des mélodies vaguement synthétiques et une cosmogonie absurde.

 

Les Maîtres de l'univers : Révélation : photoMalabar, la dernière maîtresse de l'air

 

Et miraculeusement, tant grâce à un rythme soutenu qu'à l'énergie déployée par Kevin Smith, la sauce prend presque toujours. Mieux, cet apparent chamboulement, cette soi-disant réinvention du mythe, plutôt que de fonctionner à la manière d'une entreprise de piraterie un peu cynique, visant à vider une oeuvre de sa substance originelle pour mieux se l'approprier, permet au contraire de renouer avec l'essence nostalgique du projet. Donnant à tous ses protagonistes (et à Musclor en premier lieu) un cheminement particulier, la série leur confère une aura plus marquée, un brin distanciée et délirante, mais jamais hypocrite ou insincère.

 

Les Maîtres de l'univers : Révélation : photoUne adversaire intéressante

 

BEAU COMME UN CAMION

Tout n'est pas pour autant rose dans cette relecture hébergée par Netflix. On appréciera la créativité de plusieurs combats, dont les chorégraphies sont tour à tour inspirées, ludiques ou tout simplement spectaculaires, mais il est rare que la technique défaillante de l'ensemble ne diminue pas grandement le plaisir de visionnage.

Inutile de tourner autour du pot, la série est d'une mocheté terrassante, quand bien même elle fait tout pour dissimuler ses évidentes limitations techniques dans sa direction artistique. Les Maîtres de l’univers voudrait nous faire croire que tout ce qui défile devant nos yeux est conditionné par sa nature d'hommage fervent aux grandes heures des années 90, mais le procédé est assez peu crédible.

 

Les Maîtres de l'univers : Révélation : photoC'est de la bonne

 

En effet, pour enthousiasmante que soit la série, sa démarche et l'habileté qu'elle déploie, il faut se fader ses couleurs non seulement criardes, mais aussi pauvres, a fortiori quand une animation plus rigide qu'un aïeul décédé s'évertue à tout hacher. Le confort de visionnage s'en retrouve souvent altéré, d'autant plus que certains épisodes s'égarent en dialogues d'une rare sensiblerie.

Après le 28e aparté d'un papounet louant les vertus de l'amour filial, suite aux gros sanglots d'une magicienne bouleversée par la joliesse des matins d'été, le désir d'apprendre aux animateurs de la série le solfège à coups de marteau est bien présent, au contraire du charme de l'ensemble, considérablement amoindri.

Les Maîtres de l'univers : Révélation Partie 2 est disponible sur Netflix depuis le 23 novembre 2021

 

Les Maîtres de l'univers : Revelation : affiche

Résumé

Malgré ses évidentes limites techniques, cette seconde moitié de saison réserve plusieurs beaux moments nostalgiques et une kitscherie 90s telle qu'on n'en avait plus vu depuis le règne sans partage du plastique sur nos imaginaires.

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Lecteurs

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commentaires
François
24/08/2022 à 10:37

Je comprends pas pourquoi on dit années 90. La série d'origine date bien des années 80. J'avais 7ans à l'époque. Et je l'ai en DVD.

François
24/08/2022 à 10:21

Un détail. La 1ére série date de début 80. Pas des années 90's.

Greenday
10/12/2021 à 23:04

Pas terrible comme critique...
Entre la remarque sur Zemmour, et l'absence de commentaire sur Teela qui se transforme en homme...

Krakenstein
04/12/2021 à 09:46

Les conneries que l'on peut entendre... C'est l'une des plus belles séries Netflix actuelles ! Nettement plus que ne le sera jamais Castlevania...

Tuyen
30/11/2021 à 13:22

@grindizer : si tu ne vois pas de point commun entre zemmour et skeletor, c'est que c'est toi qui as des problèmes. Pour commencer ils ont quasiment le même visage :D

Mich24
26/11/2021 à 07:50

Après une première partie désastreuse.
Je trouve que ils ce sont assez bien rattraper pour cette 2iem partie.

M
26/11/2021 à 06:51

Bne serie

Raoul Duke
26/11/2021 à 00:00

J’espère que le réalisateur a eu une médaille pour cette revanche des filles.
D'ailleurs comme "les filles" ne se sont vraisemblablement pas intéressé à cette série, autant chier dans son propre tiroir à chaussettes.

Obione76
25/11/2021 à 18:25

Que dire…une première partie désastreuse qui m’as fais saigné des yeux..une bande annonce encore mensongère pour une deuxième partie dont je n’ai pas put allez plus loin que le premier épisode…qui est juste affligeant…c’est ça le grand génie Kevin Smith ? Bah très largement sur côté ! J’espère que Netflix vas arrêter la le massacre

Manny
25/11/2021 à 14:05

Perso j'ai bien aimé, il y a de bons clins d'oeil à la série d'origine (années 80, non 90).
C'est un peu la revanche des personnages féminins qui étaient des faire-valoir dans la série (autres temps, autres moeurs)
Bien sûr on peut facilement trouver mieux, mais j'ai passé un bon moment devant mon écran.

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