Scarlet Nexus : après le superbe jeu, un anime bien meilleur que les Autres

JL Techer | 16 juillet 2021 - MAJ : 17/07/2021 09:55
JL Techer | 16 juillet 2021 - MAJ : 17/07/2021 09:55

Dans le monde de l'anime, rares sont les adaptations de jeux vidéo qui valent le coup d'être vues. Entre produit dérivé sans âme et conception à la va-vite, le résultat oscille trop souvent entre douteux et catastrophique, hormis quelques exceptions comme CastlevaniaFinal Fantasy VII : Advent Children et... Pokémon. La donne pourrait être bien différente en ce qui concerne Scarlet Nexus, car il s'agit d'un véritable projet transmédia initié par Bandai Namco pour soutenir la sortie de l'action-RPG du même nom (notre test du jeu par ici). Associée à FUNimation et aux studios Sunrise (Code GeassMobile Suit Gundam...), la firme japonaise n'a pas pris les choses à la légère, et compte bien marquer les esprits avec sa série animée. Après quelques épisodes sur Wakanim, l'heure du premier verdict est arrivée.

L'anime du jeu de l'anime

Bandai Namco règne en maître sur les jeux vidéo adaptés de licences animées (Naruto, One Piece...) depuis l'époque 8 bits et l'adaptation de Dragon Ball sur NES. La firme est aussi connue pour ses jeux vidéo totalement empreints de l'esprit japanim, que ce soit au niveau graphique, ou scénario souvent très typé shonen.

Code Vein et les derniers épisodes des Tales of répondent totalement aux canons de la japanimation "traditionnelle", avec ses héros archétypiques (l'éditeur de personnages de Code Vein est une authentique fabrique à waifu), et ses histoires assez téléphonées (Artorius, le bad guy de Tales of Berseria semble tout droit sorti de Saint Seiya). À tel point qu'on en vient à utiliser le terme "anime-RPG" pour qualifier les action-RPG made in Bandai Namco. 

 

photoArtorius, prétendant au titre de Grand Pope de Saint Seiya

En gardant cela à l'esprit, il est un peu étrange que Scarlet Nexus soit la première incursion de Bandai Namco sur la scène des animes proprement dits. La firme japonaise mise beaucoup sur sa nouvelle licence, qui pourrait bien devenir une véritable propriété intellectuelle transmédia au cours des prochaines années. Pour s'assurer du succès de la série d'animation, Bandai a refilé le bébé aux cadors de la japanimation, les studios Sunrise. Et n'y allons pas par quatre chemins : ce fut un choix admirable.

Bien plus qu'un simple produit dérivé, la série animée Scarlet Nexus est une véritable leçon de savoir-faire made in Japan. Réussir à adapter un jeu vidéo avec un casting aussi large que celui du titre de base, avec un scénario double (deux héros pour deux histoires disponibles dans le jeu) et des enjeux assez complexes semblaient tenir du sacerdoce. Et pourtant, avec pour l'instant tout juste trois épisodes disponibles sous nos latitudes, Sunrise a d'ores et déjà mis la barre très très haut. 

photoAmicalement vôtre ? Pas vraiment.

 

Retour vers le turfu

Reprenant exactement l'histoire du jeu vidéo (d'excellente facture d'ailleurs, un coup d'oeil au test suffira à vous en convaincre), la réalité alternative de Scarlet Nexus n'est pas vraiment ce qu'on pourrait appeler un futur idyllique. Sur le papier, avoir des pouvoirs psychiques tels que la psychokinésie, la pyrokinésie, la sclérokinésie, la kinésithérapie (désolé...) ou autres, parait plutôt pas mal comme perspective d'avenir. Malheureusement le développement de ces capacités paranormales a été accompagné par l'apparition de créatures monstrueuses, nommées "les Autres", et qui en veulent aux cerveaux humains. Littéralement, puisqu'elles en font leur quatre heures. 

Pour lutter contre ces horreurs mi-organiques, mi-mécaniques, le gouvernement local s'est mis à enrôler les jeunes gens possédant des aptitudes surnaturelles afin de constituer son armée locale de X-Men. Rassemblés sous la bannière de l'OSF (Others Suppression Force - BEA en VF : Bureau d'Extermination des Autres), et connus sous le titre de "Gardiens Écarlates" (dû à leur tenue de combat - et également titre du premier épisode de la série), ils forment une foule hétéroclite de personnalités aussi variées que leurs pouvoirs. Nagi Karman et son aérokinésie, Hanabi Ichijo la pyromane, Arashi Spring la Flash de service...

 

photoPas de bol pour le pays, mais bien pratique pour le scénario. 

 

Au centre de ce casting, Yuito Sumeragi et Kasane Randall sont les deux jeunes recrues et figures principales autour desquelles vont graviter tous les événements du scénario. Yuito est un jeune homme issu d'une famille haut placée et très en vue : son père est l'équivalent du président du pays, et son frère est le leader de l'OSF. Cependant, loin de vouloir bénéficier d'un traitement de faveur, Yuito a fait le choix de s'engager, et de prouver qu'il est digne de la réputation familiale.

Quant à Kasane, elle semble sortie du même moule que Mikasa Ackerman de L'Attaque des Titans. Forte, taciturne, extrêmement douée pour le combat, elle est obsédée par l'idée de protéger sa soeur Naomi. D'une détermination sans faille, elle parle peu, mais chacune de ses sorties vaut le détour et seraient surement validées par Maitre Yoda. Face à des ennemis se jetant sur des passants elle n'hésitera pas à dire, "Qui d'autres va les sauver ? On n'a pas à se demander si on peut le faire. On doit le faire."

 

photoNe nous manque plus que son 06.

Hunter x Nexus X hunter

Bien que la série débute comme un anime de lycéens assez classique, avec une scène où le héros et son sidekick Nagi sont en retard pour la remise des diplômes et courent à travers la ville (vous sentez cette odeur de déjà vu ?), elle se transforme rapidement en quelque chose de très différent, dès la moitié du premier épisode, avec des protagonistes mis réellement en danger face aux Autres. Un virage qui se poursuit dans l'épisode 2, qui s'avère aussi impitoyable que le jeu. Game of Thrones vous avait surpris ? Vous n'êtes pas prêts. De shonen léger à seinen torturé, la frontière est fine pour Scarlet Nexus

Si à l'issu de ses trois premiers épisodes, la série de Bandai Namco n'est peut-être pas aussi sombre qu'un Shingeki no Kyojin, on peut affirmer qu'elle pourrait progresser dans cette direction vu le matériau de base. Difficile d'en dire plus, mais pensez aux meilleurs twists de grands noms de l'anime comme Fullmetal Alchemist: Brotherhood (vous vous souvenez de Nina Tucker ?) ou Psycho-Pass, afin d'avoir une petite idée de ce qui attend les spectateurs. Expériences sur des êtres humains, autorités à la moralité douteuse et univers mystérieux qui devient de plus en plus glauque à mesure que l'on en apprend davantage, sont autant d'ingrédients que le studio Sunrise a pris au jeu vidéo pour en faire les bases de sa série. 

photo"On va déjà perdre 10 min rien que pour savoir où est sa tête."

 

En termes d'écriture, les studios ont pris des libertés bienvenues. Là où le jeu impose au joueur de suivre Yuito ou Kasane, puis de passer à l'autre scénario pour avoir une vue d'ensemble des événements, ici ces deux histoires sont devenues un tout unifié. Le fait de suivre ces héros au sein d'une seule aventure est un véritable atout pour la série. 

Non seulement cela permet aux néophytes du lore de Scarlet Nexus d'en comprendre les tenants et aboutissants de façon plus claire, mais aussi à ceux qui ont parcouru le jeu de long en large de prendre la mesure des évenements comme un tout cohérent, et d'en saisir la chronologie de façon limpide. De plus, si dans la version vidéoludique, Kasane bénéficie d'un scénario largement plus mature et complexe que celui de Yuito, ici l'équilibre est de mise. 

 

photoUn sacré début de conjonctivite

 

Le ramage et le plumage

Et si le fond est là, la forme aussi, et de fort belle manière. On sait bien que l'apparition du logo Sunrise au début d'un générique est quasiment toujours gage de qualité, et cela ne se dément pas pour Scarlet Nexus. Les rênes ont été confiés à Hiroyuki Nishimura et le réalisateur n'est pas un petit nouveau, puisqu'il a déjà à son actif plus d'une quarantaine d'animes, sur lesquels il a travaillé à divers postes (chef-animateur sur Fullmetal alchemist : Conqueror of shamballa et Colorful, scénariste pour IGPX : Immortal Grand Prix).

On reconnait aisément la patte Sunrise : animation fluide et mise en scène très dynamique, que ce soit lors des affrontements contre les Autres (le combat contre les créatures sont de vrais ballets), ou lors des séquences de flashback, avec un filtre visuel typé "tube cathodique déréglé" particulièrement réussi. Les combats sont également l'occasion de petites trouvailles de mise en scène qui font leur effet, comme ces paysages qui disparaissent pour laisser place à des fonds monochromes, soulignant la violence de l'action.

 

photoPratique pour les déménagements.

Difficile de trouver le moindre reproche à faire à l'aspect visuel du titre. On pourra tout au plus regretter le changement de chara-design entre les modèles du jeu vidéo et ceux de l'anime. Ces derniers ont des traits plus fins et moins durs que leurs équivalents vidéoludiques, ce qui les fait paraître plus jeunes que dans la version manette en main. 

Cerise sur le gâteau : le doublage est d'une très grande qualité. Bandai et Sunrise ont fait appel à des Seiyu (acteurs spécialisés dans le doublage au Japon) de renom pour assurer la version originaleJunya Enoki (Yuji Itadori dans Jujutsu Kaisen) incarne Yuito Sumeragi, et Asami Seto (Nobara Kugisaki - Jujutsu KaisenThe Rising of the Shield Hero : Raphtalia) donne de la voix pour Kasane Randall. Deux acteurs très convaincants dans leurs rôles, dans les moments légers (la balade au sanctuaire), comme face à la tragédie (la voix de Kasane vous hérissera le poil au cours de l'épisode 2). Une preuve de plus du soin et de la maitrise des studios Sunrise, qui subliment la matière Scarlet Nexus

Les trois premiers épisodes de Scarlet Nexus sont disponibles sur Wakanim. 11 épisodes sont prévus pour vous emmener de la légèreté du shonen aux méandres du seinen. 

 

Affiche officielle

Résumé

En trois épisodes, la série animée Scarlet Nexus a déjà tout d'une grande réussite, et laisse augurer du meilleur pour la suite. Elle est à même de ravir celles et ceux qui ont parcouru le jeu vidéo éponyme, mais aussi les amateurs d'animes fantastiques. Une série d'animation qu'on ne peut que recommander. 

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Lecteurs

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commentaires
SoySoy
18/07/2021 à 17:38

Pour pas mourir idiote et comprendre le débat, j’ai regardé le début de la série. Je comprends vraiment pas le comment de hater de celui qui se reconnaîtra. Bon, la série est pas SnK mais elle a quand même un sacré lore ! Et ça donne envie de jouer au jeu. Le twist de fin des épisodes 2/3 m’a cueilli et les monstres ont un design que j’avais jamais vu ailleurs.
Non franchement c’est un très bon début de saison et ça vaut le coup. Je prendrai pas un abonnement sur wakanim pour voir ça en particulier, mais y’a déjà deux épisodes gratuits sur YT et les animefans devrait en profiter . 4/5 pour moi.

KarlUK
18/07/2021 à 10:05

@xxggxx

Ouais en fait on a pas du regarder le même anime, ni jouer au même jeu. Perso le jeu est bien (un 7/10 pour moi) mais pas un chef d’œuvre même si y a pleins de bonnes idées (les échanges de pouvoirs avec le SAC trop bien pensé). Mais l’anime est carrément meilleur. La l’histoire est claire, et les combats sont bien foutu, avec les effets de couleurs et de plans façon chambarda, avec les arrêts sur image quand yuito utilise son sabre par exemple.
Ton commentaire est injuste, c’est pas l’anime de l’année mais les 3 premier ep sur Wakawaka font grave le job .
Perso hâte de voir la suite. Comme le jeu, c’est 7/10 a l’aise

JL Techer
18/07/2021 à 00:18

@xxggxx
Merci de votre commentaire. Tout comme vous, j'ai également plié le jeu, ses deux scénarios, et ai pris énormément de plaisir à le parcourir. La formule "anime-RPG" de Bandai Namco arrive enfin à atteindre l'objectif fixé depuis des années, grâce à un univers et un concept brain punk original aux enjeux complexes.
L'anime lui suit une voie différente : il doit s'adresser aux non connaisseurs du titre d'origine, avec la contrainte de rester dans la case "grand public". Et avec ces contraintes en amont, et un temps de production réduit, Sunrise s'en sort haut la main. Le scénario parvient à réaliser le tour de force de concilier les histoires de Kasane et Yuito en un seul tout cohérent, tout en respectant une chronologie complexe (vous savez de quoi je veux parler ici). L'animation est somme toute correcte, même si elle n'atteint pas les sommets d'un Code Geass par exemple. Quant à l'absence des Autres dont vous parler, ils sont tout de même présents dans chaque épisodes, avec un respect total du design des créatures du jeu. Dans le jeu, ils ne sont pas omniprésents, loin de là, ils constituent une menace présente sur le terrain, mais souvent fantomatique dans les phases en ville ou dans les safes room, ou le jeu déploie tout son potentiel narratif typiquement J-RPG.
Je suis d'accord avec vous concernant le chara-design, et je l'ai également déploré, puisque celui de l'anime rend les personnages moins durs et leur donne un aspect plus jeune. Cependant l'anime mise clairement plus sur son fond que sur sa forme (ceci dit je comprends votre désappointement concernant les musiques, plus classiques et moins electro que in-game).
Au-delà de ça, si l'anime est beaucoup moins extrême dans son propos que le jeu, et que par cela il vous a déçu, c'est tout à fait compréhensible. Mais il est fort probable qu'il dévoile tout son potentiel dans les épisodes à venir, puisque le premier "cap" scénaristique a été passé avec l'ép 3, avec un passage que beaucoup n'espérait pas voir dans l'anime (les relations familiales de Kasane) ;)
.

xxggxx
17/07/2021 à 16:07

J'ai fini le jeu entièrement et je l'ai trouvé rafraîchissant, dynamique et scenaristiquement complexe (même si parfois un peu lourd). En lisant cet article, par contre, je n'ai vraiment pas eu l'impression que nous parlions du même animé ! Entre l'animation au rabais qui n'arrive pas à représenter le dynamisme que le jeu nous procure en action, le Chara-design qui différe de l'original, l'ost qui est aux abonnés quasi-absent, les décors qui sont pour la plupart du temps sombre et terne et l'abscences des "Autres" hormis les "boss" sans doute du à un format 12x24min... Non, je ne sais pas d'où sort cette critique mais on est très loin de ce que représente l'anime. Et Sunrise nous a habitué à beaucoup mieux mais c'est malheureusement le sort qui est réservé à bien des adaptations... Mon conseil ? Il est préférable de jouer au jeu pour comprendre toutes les subtilité scenaristiques et apprendre à connaître chacun des personnages qui accompagne Yuito et Kasane car non, encore une fois, les collègues et amis de nos deux protagonistes ne sont vraiment pas explorer dans cette mouture animé...

Oli2
16/07/2021 à 19:00

J’hésitai à regarder l’anime après avoir fini le jeu (d’ailleurs le jeu est vraiment très bon, comme dit dans la critique).
J’avoue que ça fait envie et que je vais surment me laisser tenter ! Si l’anime est aussi cool que le RPG, y’a moyen d’avoir une série top. Surtout avec les rebondissements de ouf du jeu mais no spoil!

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