Pacific Rim : The Black – critique noix de kaiju sur Netflix

Antoine Desrues | 4 mars 2021 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Antoine Desrues | 4 mars 2021 - MAJ : 09/03/2021 15:58

La branche télévision du studio Legendary a trouvé un partenaire de choix en la personne de Netflix. Avant que la société n’adapte les univers de Tomb Raider et de Godzilla vs Kong en séries animées pour la plateforme de streaming, c’est le génial Pacific Rim de Guillermo del Toro (et sa suite bien moins cool) qui a l’occasion de s’exporter sur petit écran, avec la promesse de nous offrir de nouveaux combats dantesques entre robots et monstres géants.

Mecha-cool ?

À l’inverse des nombreux blockbusters qui peinent à assumer leur concept, le Pacific Rim de Guillermo del Toro a proposé l’une des introductions les plus rafraîchissantes de la décennie passée, en jetant son spectateur dans le grand bain de sa guerre entre Jaegers et Kaijus. Plutôt que d'essayer de justifier sa déclaration d’amour flamboyante au keiju eiga et au Tokusatsu, le réalisateur du Labyrinthe de Pan a pleinement embrassé le potentiel de sa promesse, au point de développer un univers aussi fascinant que les pistes d’interprétation créées par sa mise en scène virtuose.

C’est en grande partie pour cette raison que The Black parvient à convaincre dès son pilote. En utilisant son premier générique introductif pour poser simplement ses enjeux, la série showrunnée par Craig Kyle et Greg Johnson (tous deux responsables de séries animées Marvel) affiche une note d’intention similaire à son modèle. Après les événements de Pacific Rim et de sa suite Uprising, le récit imagine ici une Australie victime de nombreuses brèches à grosses bébêtes. Alors que le continent océanique est évacué, les adolescents Taylor et Hayley se retrouvent coincés en zone hostile, jusqu’à ce qu’ils tombent sur un Jaeger abandonné leur permettant de se lancer à la recherche de leurs parents disparus.

 

photoGun-damné

 

En bref, The Black a le mérite de tailler dans le vif, surtout au travers d’une première scène d’action joyeusement épique, qui s’inspire de la réalisation aérée de del Toro (elle en reprend même certains éléments de chorégraphie et de découpage) tout en la ramenant à ses origines japonisantes. Une belle façon de boucler la boucle pour une production occidentale qui essaie d’afficher le même savoir-faire que le Pays du soleil levant.

D’ailleurs, si l’ensemble souffre parfois du manque de dynamisme de son animation 2D, les équipes de Polygon Pictures (The Clone Wars, Star Wars Resistance, mais aussi la trilogie animée Godzilla sur Netflix) parviennent à équilibrer leur création avec des effets 3D étonnamment convaincants, bien utiles pour transcrire de façon fluide la force de frappe des colosses à l’écran.

 

photoLes kaijus de famille

 

The Robot Warrior

Ainsi, cette nouvelle proposition dans l’univers de Pacific Rim exploite au maximum sa démarche transmédiatique, et développe un joli bestiaire dans un décor post-apo sous l’influence évidente de Mad Max (logique, les premiers volets ont été tournés en Australie). À vrai dire, si la série se révèle être globalement une bonne surprise, elle devient réellement jubilatoire lorsqu’elle renoue avec l’inventivité de del Toro.

En effet, le réalisateur a rappelé à maintes reprises que la suite de son blockbuster était très différente de la douche froide de Steven S. DeKnight (bien qu’à la rédaction d’Ecran Large, certains apprécient sa bêtise décomplexée). Frustré par les nombreuses idées coupées du premier film, del Toro a toujours rêvé d’explorer les possibilités offertes par la Dérive, cette technologie de fusion des esprits qui permet à deux pilotes de contrôler ensemble un Jaeger. Dès lors, il est assez réjouissant de voir The Black aller dans ce sens avec ferveur, en particulier lorsqu’elle présente les souvenirs en tant que données stockables, se répandant dans le corps d’autrui à la manière d’un virus informatique.

 

photoShinji, Asuka et Rei ?

 

En liant plus que jamais l’organique au mécanique, la série déploie à sa manière la crise identitaire larvée dans l'esprit de ses héros, notamment en ayant la brillante idée de représenter le pont neuronal au travers de la symbolique de l’eau. Le passé des personnages, leurs doutes et leurs peurs se retrouvent ainsi encapsulés dans des bulles, tandis que les larmes et la sueur sur leur front filent la métaphore de ces traumas à expurger.

Ainsi, le récit de Craig Kyle et de Greg Johnson marque la filiation évidente de Pacific Rim avec le chef-d'œuvre introspectif d’Hideaki Anno : Neon Genesis Evangelion. Malheureusement, la comparaison porte forcément atteinte à The Black, dont les épisodes courts et peu nombreux peinent à construire un arc narratif satisfaisant pour Taylor et Hayley. Alors que le premier chapitre tisse efficacement les enjeux liés à la disparition de leurs parents, les épisodes suivants les rendent immédiatement passifs face aux événements.

 

photoQuelques envies bien cools !

 

Non seulement le soufflet retombe de manière drastique, mais The Black court désespérément après un world-building maladroitement implémenté. Entre un marché noir carnassier, les effets de la guerre sur la population civile et les mutations génétiques introduites dans Uprising, The Black se montre trop gourmand pour son propre bien, surtout au vu de son climax aussi précipité que frustrant.

Néanmoins, on sait que Netflix a commandé dès le départ une saison 2 à cette série animée, qui sera sans nul doute plus facile à appréhender dans sa globalité. En tout cas, si ce nouvel élan dans le monde de Pacific Rim est encore loin de l’éclat de génie du premier film de del Toro, il emporte la franchise dans une direction plutôt intrigante, surtout lorsqu’il se permet quelques saillies gores aussi inattendues que bienvenues. Maintenant que la brèche est ouverte, on a bien envie de s’y faufiler.

Pacific Rim : The Black est disponible sur Netflix depuis le 4 mars 2021 en France

 

Affiche

Résumé

Pacific Rim : The Black n'a pas la prétention d'être un grand animé, mais il poursuit avec passion certaines idées du film de Guillermo del Toro. Si l'ensemble patauge dans ses trop nombreuses envies, il parvient à s'amuser avec ses gros monstres et ses robots dans des scènes d'action souvent jouissives. Reste à voir si la suite parviendra à transcender ce postulat encore bancal...

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commentaires
NOVA
22/03/2021 à 16:05

Je viens de voir le 1er épisode. L esthétique, avec ce mélange 3d 2d marche pas trop mal, de temps en temps quelques lenteur mais . Les kaiju rendent plutôt bien.

Côté scénario, je trouve qu'il y a des raccourcis qu'ils aurait pu étaler.
La formation de 6 mois nécessaire pour piloter à la base est torché en 10 min, du coup elle sert à rien, juste un "concentré-toi" et hop 100% de synchronisation... La jeager est la pendant 5 ans, pourquoi il est dans ce canyon ? , aucun protocole de sécurité, la 1er venue est acceptée comme apprenti pilote. Taylor connaissait le parcours pour arriver dans le hangar sans problème, ils en sortent pour aller voir le kaiju tout détruire et retourne dans le jaeger en 30 sec..
Personne ne survit, tout le monde était au même endroit, personne n à pu se cacher...
J'espère que la suite sera plus cohérente...

prof west
07/03/2021 à 07:30

Quelques bonnes idées , mais l'animation est parfois dégeulasse c'est bien us dommage quelle n'a pas la qualité des japanimés on en est loin .

Iron lord
06/03/2021 à 16:50

Je ne vais pas parler des précédant « Pacific Rim » car l’article se concentre sur la série animée.
J’ai trouvé la saison une pleine de promesse et cette version animée a le mérite de faire le travail. Elle propose une histoire divertissante avec une réalisation rythmée. On s’attache très rapidement aux personnages. Je reproche néanmoins de proposer une saison trop courte. Après, je suis persuadé qu’avec une analyse plus profonde , il y a à redire sur certains épisodes et le manque de développement des intrigues mais le but premier d’une série , d’un film ou d’un animée, c’est de créer un WAHOU!!!! pendant le visionnement , et de laisser le spectateur avec des étoiles pleins les yeux au générique de fin. Pacific RIM the Black fait le job .Saison 2 attendu avec impatience

Dallnos
05/03/2021 à 09:09

Salut tous le monde suite a la première saison de Pacifique rim :the black
Je voudrais savoir si quelqu'un pourrais me dire quand la saison 2 sort sur netflix mrc

cepheide
05/03/2021 à 08:30

Si on avait 10 films de mécha par an, on.poirraot aisément cracher sur uprising. Mais en 'l etat il a au moins le mérite d exister.

Ahoko
04/03/2021 à 19:55

La série offre une animation moyenne avec des chutes de FPS en revanche on s'y laisse très vite emporter pour peu que l'on ait apprécié le premier film, ce qui est mon cas.
Il y a par contre un gros soucis de rythme et des personnages un peu trop forcé sur le caractère, mais brutalité et l'injustice de certaines scène rattrape totalement ces défauts (Je suis toujours sous le choque pour Joel).
ATTENTION SPOILER:
Y a un point noir qui m'a vivement dérangé c'est lors de la dérive fantôme, le choix seulement d'un seul fichier limite un peu ce délire sur les souvenirs empruntés / qui se mêlent a celui du pilote unique (Les trois auraient vraiment pu intégrer un enjeu intéressant pour le héros). Mais soit, un seul pourquoi pas, mais le choix de Herc Hansen m'a vraiment dérangé. On nous présente le Yaeger reconvertit comme un Yaeger sans arme qui n'a que pour lui ses poings de plusieurs tonnes. Dans le premier Pacific Rim, Gipsy Danger et Raleigh Becket explique dès le début du film que si ils ont été choisit c'est parce qu'il sont des habitués et doué en "Bagarre de bar" en plus d'être frère. Le choix idéale à mon sens aurait été celui de Raleigh Becket. Bref ça m'a un peu sortit du truc.

Autrement globalement j'aime à peu près tout, la série à peut être du potentiel dans ses idées et sa direction. Je la recommande à tout bon amateur de Pacific Rim

Moijedis
04/03/2021 à 19:01

Vu le premier épisode.
Pas mal mais le prob c’est les personnages en cgi . Les robots et les kaiju ça passe bien mais les personnages passent très mal en cell shading .

C'est franchement laid
04/03/2021 à 18:51

et ça n'apporte rien de nouveau à la tentative de franchise ratée au ciné. La faute à un Uprising qui n'a rien compris au film de Del Toro.
Le design des Jaegers c'est du mecha lambda comme on en a vu des centaines dans les animés nippons. Le design des personnages pareil. L'animation et la mise-en-scène sont quelconques.
Quant au doublage des personnage c'est je crois ce qu'il y a de pire. C'est joué avec les pieds. Seules les kaijus ressemblent à quelque chose.
Je trouve que ça ne rend justice ni au film de Del Toro ni au genre mecha.

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