Doom Eternal : l'enfer est de retour, et il est beau et fou

Geoffrey Crété | 6 avril 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Geoffrey Crété | 6 avril 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Doom Eternal : le test infernal du nouveau jeu de la saga culte, sur Playstation 4. Quatre ans après la renaissance sauvage et survitaminée Doom, gros plaisir de 2016, Doom Eternal est arrivé pour remettre le feu aux neurones et aux manettes. Notre test.

ETERNAL FLAME

Entre le premier Doom de 1993 et la renaissance Doom en 2016, il y a des mondes entiers de pixels qui se sont écoulés, et des montagnes hallucinées de cadavres en tous genres qui se sont accumulées. Revenue d'entre les morts il y a quatre ans avec un nouvel épisode sous forme de reboot, la saga culte d'id Software a rouvert les portes du succès, et continue logiquement sur sa lancée hystéro-dingo avec Doom Eternal, façonné de la même chair flamboyante.

C'est une suite aux airs de gros clin d'œil à Doom II : Hell on Earth, sorti en 1994, où la Terre était devenue l'œil du cyclone démoniaque, comme l'avait découvert Doomguy à la fin du premier opus des années 90. Plus de 25 ans après, rebelote. Envoyé par le docteur Hayden vers une destination inconnue à la fin du précédent jeu, le Doom Slayer réapparaît deux ans après, face à une planète évidemment envahie et noyée dans une invasion de bestioles. Il a désormais une forteresse-vaisseau spatial, et est plus que prêt à piétiner, arracher, démembrer, brûler, torpiller, détruire, annihiler toute menace démoniaque.

Doom Eternal est articulé autour de cette forteresse spatiale et QG du joueur, aussi belle qu'absurde, où il pourra débloquer des bonus et cadeaux divers et variés, et surtout reprendre son souffle, avant de plonger dans un portail type Stargate pour affronter la prochaine mission. Un découpage clair et classique, qui abîme un peu l'exploration et l'immersion type voyage au bout de l'enfer sans passer par la case maison, puisque l'essentiel du jeu consiste à abattre un par un les prêtres de l'enfer, Deag Grav, Ranak et Nilox, les architectes de l'invasion terrestre, envoyés par Khan Maykr, sorte de grande sœur des Valkyries de God of War.

 

photoNoooostaaaaalgiiiiiie

 

GROUND CONTROL TO MAJOR DOOM

Mais ce découpage a aussi un avantage qui saute aux yeux : Eternal propulse le joueur dans des environnements bien plus variés. Les prêtres se sont installés à Los Angeles, en Arctique et en Europe de l'est, et le voyage passe par les flammes, les glaces et le béton urbain, tous piétinés et salis par les démons. Le passage obligatoire pars Mars offre lui aussi des visions toujours plus baroques, quand la dernière partie du jeu plonge dans un trip spatial aux couleurs inattendues. Ainsi, Eternal repousse encore les limites de l'imaginaire gothique, cosmique et monstrueux.

D'un titan enchaîné qui pleure des larmes de lave à des passages entiers où le Doom Slayer se fraie un chemin dans les boyaux encore rougeoyants de colosses mis à terre, en passant par des visions de l'espace encombré de débris, le jeu est d'une beauté époustouflante. Le shoot est au centre de l'équation, mais difficile de ne pas profiter d'une victoire face à une trentaine d'ennemis enragés pour regarder aux alentours, et rester bouchée bée devant une direction artistique étourdissante. Qu'un géant se promène au loin dans un lac en feu, avec un bâtiment sur son dos, ou qu'un autre soit figé en plein combat au milieu de falaises gelées, et Doom Eternal provoque une vive émotion, d'autant plus belle qu'elle le dispute aux montées d'adrénaline dingues.

 

photoVous ne passerez pas, clairement

 

Loin des intérieurs froids et métallisés du précédent jeu, recroisés dans seulement quelques passages, l'odyssée infernale de Doom Eternal est taillée dans la roche brûlante, et la ferraille rouillée par le sang. Comme s'il remontait le Styx qui avait été transformé en torrent de feu et de fureur, comme s'il gravissait les marches d'une impossible cathédrale qui s'élevait vers des cieux enflammés, le joueur plonge tête la première dans une mythologie de plus en plus étourdissante et rougeoyante.

A mesure que le destin se resserre autour du héros inhumain, les flammes surgissent de tous les côtés, les gouffres sans fond s'ouvrent de plus en plus grands, des portails toujours plus fous apparaissent, et les cadavres s'entassent dans des cages ou pourrissent dans les murs. Le level design a beau tourner autour d'innombrables arènes, construites sur un modèle plus ou moins similaire, le degré de détail dans les textures, les couleurs et les éléments du décor est un plaisir immense.

 

photoLe bleu est une couleur chaude comme l'enfer

 

C'est d'autant plus beau que le jeu n'hésite pas à surprendre et s'amuser à tordre les images des enfers ordinaires. La lave et le sang débordent de presque tous les décors, baignés dans une ambiance très familière pour tout fan de la saga, mais il suffit de débarquer dans les cimes flottantes d'Urdak pour encore une fois s'arrêter, et voir l'horreur se mêler à l'émerveillement. Le petit côté God of War (arbres aux feuilles rouges et palette de couleurs digne du monde des Elfes) est du plus bel effet dans cette peinture apocalyptique.

Doom Eternal dépasse le cadre du cauchemar spatial qui passe par l'enfer, et replace l'enfer au centre de l'équation diabolique. D'où l'impression d'un voyage visuellement incroyable, qui présente une nouvelle vision apocalyptique toutes les 15 minutes, laissant à peine le temps d'en jouir et en trembler avant qu'une horde de vautours des enfers ne surgisse du néant pour sauter sur ce Doom Slayer.

 

photoWelcome to Jurassic... Hell

 

INTOLÉRABLE CRUAUTÉ

Car bien sûr, le principal reste le combat. Et quel combat. Comme son prédécesseur, Doom Eternal est une montagne affolante d'affrontements, d'assauts, de guet-apens, où fusent les tirs multicolores et les cris inhumains. Personne n'a pris la peine de renouveler la formule, masquer l'enfilade d'arènes où s'enchaînent les combats sur un timing répétitif, avec comme principale variation le nombre, l'ordre et la nature des bestiaux. Et tant mieux, puisque le plaisir réside en grande partie dans cette formule.

Les copains d'hier et avant-hier sont bien entendu de retour, avec notamment les incontournables Cacodémons, Mancubus, Revenants, Diablotins, Pinky (et leur version camouflage Predator), et autres Barons des enfers. Mais le menu est riche, avec un bestiaire encore plus hystérique, qui ramène quelques gueules bien connus des fans, comme les Arachnotrons, les Soldats, et ces foutus Arch-viles qui transforment un simple combat en grand huit sans fin, dans une surenchère absolument pas bonne pour la tension artérielle.

Rayon nouveaux invités, il y a aussi du beau monde qui donnerait envie de se pendre si les manettes avaient encore des cables. Les Whiplash par exemple, sorte de serpents trop rapides pour être honnêtes, qui sont aussi affreux qu'énervants. Ou encore les Carcass, mi-araignée mi-Terminator, qui s'amusent à créer des barrières d'énergie juste pour freiner le joueur. Sans oublier les Doom Hunters montés sur propulseurs (qui rappellent les Sabaoth de Doom 3), et quelques tentacules que ne renierait pas Dead Space. Il y a également quelques petits cousins des ennemis connus, comme des Barons mieux armés.

 

photoEnfoiré de batard de Maraudeur de %$*°->

 

Et bien sûr, les Maraudeurs, ces soldats capables de mettre à rude épreuve les nerfs du gamer s'ils arrivent au milieu d'un combat déjà bien chargé, avec une vélocité et une résistance qui exigent une vraie concentration pour manier la parade. Ils rappellent que malgré le plaisir de foncer dans le tas comme un warrior invincible, en tronçonnant et fracassant des thorax par ci par là pour récupérer de la vie sans trembler, Doom Eternal demande un peu de précision pour quiconque espère arriver au bout du tunnel des enfers.

Il y a donc un vrai, pur et intense challenge, surtout avec des difficultés effroyables qui imposent autant le respect qu'une réduction chez le psy pour les gamers qui oseront s'y aventurer. Et même sans aller jusqu'à cette folie, les combats demeurent des moments incroyablement féroces, puissants et dingues, qui provoquent des sensations à peu près uniques dans le genre. Avec toujours ce sentiment à la fin : stop mais encore, entre l'envie de tout casser et hurler, mais aussi de replonger, pour un nouveau shoot.

 

photoCopain d'avant

 

NEW GAME ++

Et pourquoi ne pas corser cet enfer avec des phases de saut et autres pirouettes, qui ressemblent à un mix entre Mario et Lara Croft ? Langues de flamme qui tournent comme dans le château de Bowser, murs de pics et pièges circulaires comme dans un bon niveau de Tomb Raider première génération, sauts insensés pour choper des parois : Doom Eternal ajoute une nouvelle corde à l'arc du diable, avec un gameplay agrémenté de quelques nouveautés.

A priori, rien de bien compliqué, surtout avec la brutalité et vivacité extrêmes du Doom Slayer, qui s'accroche à la pierre avec la souplesse d'un bulldozer. Mais lorsqu'il sera question d'enchaîner plusieurs sauts à 90 degrés avant que les plateformes ne tombent, tout en évitant un rideau de flamme, avant de voltiger de barre en barre, en gardant bien une charge de boost pour ne pas atterrir dans la lave, le rire laisse place aux machoires serrées. Là encore, la frénésie de sang et de cri devra laisser place à la précision et la dextérité.

 

photoŒuvre de level designer sadique

 

Ainsi, si le cœur du jeu reste identique, id Software a de toute évidence voulu enrichir l'expérience, sans bouleverser la progression très linéaire.  D'une délicieuse parenthèse où le joueur prend le contrôle d'un démon, à des moments où la radioactivité est problématique avec un doux son qui rappelle Half-Life, en passant par quelques phases de trempettes, Doom Eternal se veut plus complet, et maintient son identité tout en variant le gameplay, pour éviter un sentiment d'action en circuit fermée.

Des leçons ont été tirées du précédent épisode, qui tournait en rond à trop de niveaux, pour offrir une continuation bien plus spectaculaire et presque plus pure dans son désir d'exploser les baromètres, et assumer un cauchemar à la carte, où les décors et affrontements défilent grâce à des ficelles dont on se fiche un peu plus à chaque nouvelle étape.

En voyageant aux quatre coins d'un globe terrestre enflammé et dans d'autres sphères encore plus folles, en n'hésitant jamais à entasser les ennemis quitte à provoquer des rires nerveux (notamment quand un boss abattu se transforme en deux nouveaux boss identiques à affronter), en exploitant toujours son diabolique filon sans abandonner l'imaginaire pur pour ouvrir de nouveaux horizons, et en restant humblement attaché à une mythologie aussi barbaque que simple (et la fin du jeu est claire, nette et précise), Doom Eternal est donc parfaitement à la hauteur de ses promesses, paradoxalement simplettes et potentiellement très riches. Et quiconque a décidé de plonger dans ce bain des enfers, à ses risques et périls, sait parfaitement qu'il y prendra un pied fou.

 

photo

Résumé

Doom Eternal, c'est toujours Doom, mais en plus intense, plus baroque, plus absurde, plus fou, plus extrême, et plus beau. Plus que ça, ce serait un anévrisme instantané.

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commentaires
Kyle Reese
07/05/2020 à 22:28

Voilà je l’ai enfin terminé en mode Ulraviolence a 90%.
La lutte a été très très intense.
Pour moi le meilleur Doom tout simplement.
Chapeau bas aux développeurs.
A quand une vrai adaptation ciné, car avec Eternal et son background il y a quoi faire un film dantesque.

Geoffrey Crété - Rédaction
20/04/2020 à 17:14

@micropoint

Un petit tour sur n'importe quel article vous montrera que si on retirait les messages qu'on juge pas gentils, ça se verrait vite.
En revanche, on a un bot qui filtre les centaines de spams reçus chaque jour, et parfois, de vrais messages sont pris par erreur.
N'hésitez pas à revenir donner votre avis ou attaquer le nôtre, vous verrez, ça devrait aller.

Kyle Reese
06/04/2020 à 21:17

Grand fan de Doom depuis le tout premier sur pc (Mon premier jeu en vrai/fausse 3d) je joue actuellement sur Eternal.
C'est une véritable tuerie. C'est beau les décor sont top, c'est fluide alors que j'ai un pc qui date un peu mais le jeu est hyper optimisé, c'est fun, c'est hyper rapide, un fast fps comme je les aime (Ah les Quake et autre Unreal Tournament) et il faut s'accrocher, c'est le cas de le dire car il y a de l'escalade dans le gameplay, une nouveauté sympa.

J'y joue en mode Ultra violence et c'est jouissif.
C'est bourrin mais faut pas faire n'importe quoi sinon ça passe pas.
Un must.
Le jeu idéal pour se défouler pendant le confinement, et d'après ID Software il cartonne grave.

Danny Madigan
06/04/2020 à 20:27

Je viens de le terminer à l’instant en mode « ultraviolence » et dieu que c’était bon. Le shoot, la vitesse, la BO de Mick Gordon , un gros 20/20 !

Garm
06/04/2020 à 20:18

Ce jeu c’est de la poésie... j’avais la larme à l’oeil plus d’une fois

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