Limbo

Simon Riaux | 25 juillet 2011
Simon Riaux | 25 juillet 2011

Après avoir fait les beaux jours du X-box live, l'un des titres les plus atypiques de ces dernières années débarque en grande pompe sur le Playstation network. Il s'agit de Limbo, perle noire aux confins des genres et des styles. Si vous pensiez tout connaître de l'univers vidéo-ludique, ne plus rien avoir à attendre des nouvelles générations de consoles et de leur fuite en avant technologique, ravalez vos convictions, car elles n'ont plus lieux d'être.

 

 

 

 

Ce qui frappe tout d'abord le joueur, c'est l'illusion de dénuement qui émane du soft. En tout et pour tout deux boutons, pour sauter et interagir avec l'environnement, des décors en noir et blanc, une quasi absence de musique et de scénario. Pour autant, l'ensemble se révèle d'une finesse et d'une richesse stupéfiants. Car Limbo a digéré des années d'expérimentation en terme de plate-forme, et fait appel à tous les réflexes acquis par un joueur mâture. Qu'il s'agisse de pures séquences rythmiques, d'interactions chorégraphiées, d'énigmes logiques mais violemment tordues, ou de la classiques résolutions de puzzle, toutes ces figures sont convoquées, et s'enchaînent avec autant de malice que de pertinence. Le joueur retrouve avec bonheur et une certaines nostalgies des séquences qui ne peuvent manquer de rappeler ici L'Odyssée d'Abe, puis Earthworm Jim, et bien d'autres encore, relus à l'aune d'une noirceur inattendue.

 

 

 

 

Et c'est bien là l'intérêt majeur de Limbo, bien plus encore que son gameplay, aussi parfaitement abouti soit-il. En effet, se déploie sous nos yeux un univers de ténèbres subtiles, une contrée riche et terrifiante, où nos peurs les plus ancestrales sont convoquées avec maestria. Les herbes folles d'une forêt impénétrable, les cimes hostiles de pins pourrissants, les pattes effilées et fascinantes d'une créature arachnoïde... le jeu regorge de ces images marquantes, qui nous renvoient avec forces aux terreurs de l'enfance. Ces dernières sont encore décuplées alors que s'enrichit l'univers, dévoilant les agissements révoltants de bambins si proches de nous, auteurs de pièges pervers, alors même que le décor évanescent se meut en un enchevêtrement de ruines insondables.

 

 

 

 

Si le soft fait clairement référence aux cauchemars de notre enfance, il n'est pas pour autant destiné à la jeunesse. Car l'angoisse et les sursauts qu'il procure sont bien réels, soulignés par une violence éreintante, rarement poussée aussi loin par une expérience vidéo-ludique. Votre personnage, sachez-le, sera régulièrement découpé, empalé, noyé, transpercé, broyé, écrasé, dévoré, démembré, mastiqué. À vous donc d'échapper à la multitude de pièges, planqués ici et là, et qui ne manqueront de vous surprendre. Les bruitages qui les accompagne font toujours mouche et composent une chape sonore qui s'abat sur le joueur pour ne plus l'abandonner, mieux que ne l'eut fait n'importe quelle partition. Si l'aventure est belle, n'oubliez pas qu'elle sera éprouvante.

En basant son expérience sur un gameplay millimétré et une ambiance unique, qui allie angoisse et poésie, Limbo vient de jeter un sacré pavé dans la mare du jeux vidéo. À l'heure des superproductions aussi vite oubliées qu'achetées, ce trip innovant et référentiel fera le bonheur de tous les joueurs exigeants, sensibles à cette virée semblable à nulle autre, dans la contrée de l'Inquiétante Étrangeté.

 

 

 

 

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