Malgré le fiasco du film Assassin's Creed, Ubisoft a un plan pour conquérir Hollywood

Malgré l'échec du film Assassin's Creed, l'éditeur de jeux vidéo Ubisoft a d'ores et déjà prévu un plan de conquête du cinéma et de la télévision.

L'adage dit qu'après une chute de cheval, il faut de suite remonter sur sa monture. Dans le cas d'Ubisoft, la chute de cheval s'appelle Assassin's Creed. Ratage total sur tous les plans, scénaristiques, artistiques et même chorégraphiques (ces scènes de combats dignes d'un film de ninjas des années 80...), il fut un véritable fiasco critique, mais parvint par on ne sait quel miracle à tout de même rentrer dans ses frais (240 millions de dollars de recettes pour 125 millions de budget).

Sorte de Da Vinci Code enchaînant les crétineries et les cascades peu crédibles, le film avait déchaîné les foudres des critiques et des fans de la licence. Ainsi, on pensait qu'Ubisoft avait caché le dossier cinéma sous le tapis à tout jamais. Que nenni, car lorsqu'on s'appelle Ubi, l'un des plus gros éditeurs de jeux vidéo au monde, et que son cheval se ramasse dès le premier obstacle, non seulement on remonte en selle, mais au passage, on achète 50 haras bourrés de mustangs, et les meilleurs jockeys du marché.

Assassin's Creed : Zéro crédibilité

Les jockeys d'Ubisoft sont Margaret Boykin et Danielle Kreinik, hydre à deux têtes responsables du département Ubisoft Entertainement Films & Television. Leur ambition est claire : amener un maximum de licences emblématiques de l'écurie Ubisoft sur les écrans, grands et petits, mais pas seulement ! La charge a même déjà commencé, puisqu'après le portage correct de Werewolves Within réalisé par Josh Ruben, une future adaptation d'Assassin's Creed en série live-action (attendue au tournant cela va sans dire), chez Netflix, est déjà dans le paddock.

À ses côtés sont d'ores et déjà prévus un long-métrage The Division avec Jake Gyllenhaal et Jessica Chastain (même si ça fait des années que le projet a été annoncé), un film mêlant prises de vues réelles et animations Lapins Crétins, les films Just Dance, Beyond Good & Evil et Skull & Bones. À défaut d'avoir ces deux derniers en jeux, il faudra se contenter de films. Ubisoft pourrait très bien se contenter d'adapter à la chaine les licences de son catalogue pléthorique, mais la firme française voit les choses en bien plus grand, et ne souhaite pas s'arrêter à des portages.

The Division : une certaine vue des fêtes de fin d'année

En témoigne déjà la sitcom Apple TV+ Mythic Quest : Le Festin du Corbeau, narrant le quotidien d'un studio de développement à l'origine du plus grand jeu multijoueur de tous les temps : World of Warcraft Mythic Quest. Ubisoft Film & Television a également dans la manche un film traitant de l'e-sport chez les seniors, aux commandes duquel se trouveront Abby Kohn et Marc Silverstein (I Feel Pretty, Never Been Kissed). Ainsi, Ubi vise au-delà du public des gamers. Son objectif est simple : proposer des divertissements sur tous les supports (cinéma, service de streaming) capables de rassembler les joueurs et les non-joueurs.

Margaret Boykin précise, lors d'une interview donnée à Observer, qu'il s'agit pour Ubisoft de toucher le plus grand nombre de spectateurs possibles, et pour cela, d'offrir des divertissements qui soient originaux, mais toujours liés de prêt ou de loin au jeu vidéo, quitte à surprendre le public :

"Personne ne s'attendait à ce que Werewolves Within soit notre deuxième film et personne ne s'attendait à ce que Mythic Quest soit notre première série. Mais ils servent tous deux notre public de manière inattendue et formidable. Nous voulons qu'ils soient commerciaux, mais cela ne signifie pas seulement qu'ils aient du succès. Nous voulons qu'ils soient accessibles à un large public, qu'il s'agisse de joueurs ou de non-joueurs."

Mythic Quest : les Meuporg c'est sympa

En s'inscrivant ainsi dans le paysage audiovisuel, Ubisoft souhaite clairement avoir sa part du gâteau ciné/série. Non content de pouvoir se baser sur un nombre considérable de licences (Ubisoft détiendrait plus d'une cinquantaine de franchises, de Myst à Rayman), et de devenir potentiellement l'un des plus gros dealers d'IP du tout Hollywood, l'entreprise d'Yves Guillemot compte également s'imposer sur une frange du public hors du jeu vidéo.

Toutefois, il y a fort à parier que cette frange du public, non-joueurs, soit visée par l'entreprise afin justement de les convertir à la cause du gaming. Si les joueurs consomment aussi du cinéma et des séries, pourquoi ne pas envisager que le chemin inverse soit possible ? Après tout, quel meilleur appât pour hameçonner le chaland néophyte que la promesse d'incarner les héros du grand (ou petit) écran ? Décidément, Ubisoft sait y faire avec les chevaux.