Bande originale : Scoop

Pas de jazz enfumé ou exalté pour le Scoop déjanté de Woody Allen, mais une bande originale toute en décalage, pour preuve sa haute teneur en… musique classique. La moitié de l'album est en effet composée d'extraits de compositions « respectables » de Tchaikovsky (vingt-cinq minutes du « Lac des cygnes », un morceau de « Casse-Noisettes ») et de Grieg (quatre sections de la suite de « Peer Gynt »). On retrouve bien là la patte du new-yorkais à lunettes, qui joue avec le décalage entre l'ampleur de ces pièces et le propos léger, l'enjeu mineur et le caractère le plus souvent empoté des deux apprentis détectives.

De décalage, il en est encore question avec les rythmes ensoleillés – rumbas et autres – interprétés par les orchestres de Lester Lanin (« Dengozo ») ou Xavier Cugat (« Miami Beach Rhumba »), qui nous placent au bord d'une piscine d'Acapulco plutôt que dans la grisaille londonienne. Quant au rythme échevelé que toute comédie se doit d'avoir, surtout quand elle est signée Woody Allen, il est assuré par des airs de… polka signés Strauss ou Khachaturian, dont la « Sabre dance » fait écho à l'époque du cinéma muet et des dessins animés de Tom et Jerry. Musique classique + rumba + polka : le mélange est unique, et donne une des bandes originales les plus réjouissantes à écouter de l'année.