Argylle : pourquoi la scène post-générique annonce un univers bien bordélique

La scène post-générique du Argylle de Matthew Vaughn promet à peu près tout et rien. On essaie de s'y retrouver.

Le 31 février sortait Argylle, la nouvelle comédie d'action de Matthew Vaughn, réalisateur de Kick-Ass et surtout des Kingsman. Parodie de la littérature d'espionnage chère à son coeur, le film élabore un jeu de piste qui déborde même sur la réalité, puisqu'il est censé s'inspirer du roman... écrit par le personnage du film. Coup marketing ou idée narrative, cette confusion volontaire devait brouiller les pistes. Mais elle parait bien limpide en comparaison de la scène post-générique, qui a de quoi laisser perplexe.

ATTENTION, SPOILERS MASSIFS !

La scène post-générique d'Argylle

Très peu de temps après la fin du film, une scène post-générique nous dévoile donc un pub, lequel est subtilement nommé The King's Man. Un jeune homme, joué par Louis Partridge, commande une boisson particulièrement sophistiquée, clairement un code. Le barman, joué par Ben Daniels, lui tend donc un flingue avec un silencieux, précisant qu'il doit être bien dans la mouise pour solliciter ses services. Le jeune homme révèle son nom : Aubrey Argylle. Le plan suivant annonce Argylle : The First Book, bientôt sur les écrans.

Ça fait beaucoup d'informations et c'est un sac de noeuds qui nous ferait presque regretter les caméos expédiés des scènes post-génériques super-héroïques. Bien évidemment, le nom et l'ambiance du bar font référence à la saga Kingsman, supervisée par le même réalisateur. La séquence annoncerait-elle un cross-over entre les deux univers ? Probablement, mais les choses sont plus compliquées.

"Alors c'est très simple"

Kingsman, Argylle ou les deux ?

Première hypothèse après visionnage : c'est le cas. Et donc, c'est le bordel. Car d'une part, le personnage Argylle est un personnage de fiction. Donc les deux univers seraient des histoires dans les histoires, pourquoi pas nées sous la plume d'Ellie Conway. D'autre part, dans Argylle, la fiction rejoint la réalité. Conway est une ancienne agente et elle se remémore ses péripéties passées. Et plus important encore : la scène pré-générique indique qu'un protagoniste joué par Henry Cavill existe dans la réalité. S'il s'appelle toujours Argylle, le jeune premier présenté ici pourrait bien être directement lié à lui. Ou alors Conway, pour qui Argylle n'est qu'un souvenir, aurait-elle même eu affaire à Kingsman par le passé.

Vous suivez toujours ? Parce que ça se complique encore un peu. En effet, que le Henry Cavill au mulet soit Argylle ou pas, si vraiment les deux films partagent le même univers, ça pose quelques petits problèmes de casting. Sofia Boutella peut difficilement jouer à la fois Gazelle et la maîtresse des secrets. Quant à Samuel L. Jackson, on le voit mal à la fois héros de la CIA et génocidaire hématophobe. D'autant que les deux antagonistes de Kingsman sont morts, et pas qu'un peu. À moins qu'ils soient des projections dans la fiction des relations qu'entretenait Conway avec eux.

Oupsssss

Deuxième hypothèse : on se prend trop la tête et tout ça n'est qu'une vaste blague. La scène prétend que Kingsman rejoindra Argylle dans l'univers de fiction conçu par Ellie Conway, lequel aura le droit à son adaptation.

Troisième hypothèse : les deux options sont sur la table. Peut-être l'idée est-elle volontairement floue, histoire de ne pas trop exciter le public si les résultats au box-office ne permettent pas la mise en chantier d'un tel projet. D'ailleurs, les deux comédiens de la scène sont assez célèbres et donc pourraient facilement s'intégrer à un futur long-métrage.

Argylle Vs. Kingsman, quand la réalité rattrape la fiction

Une franchise pour les flinguer toutes

La réalité se trouve quelque part entre la première et la troisième hypothèse. Vaughn lui-même a envie de construire une franchise à partir d'Argylle, annoncé d'emblée comme le premier volet d'une trilogie. Au micro de Happy Sad Confused, il avouait : "Il y a un univers et ce qu'on essaie de faire avec Marv (sa société de production, ndlr), c'est de faire comme Marvel avec les super-héros, mais avec des espions. Donc on a Kingsman à ma droite, Argylle à ma gauche et puis on a une idée pour quelque chose au milieu également. Donc vous avez ces franchises rivales dans une galaxie qui un jour vont se rejoindre."

Eh oui, Apple n'a pas déboursé 200 millions de dollars pour rien : ils veulent eux aussi leur univers partagé grâce aux délires de Matthew Vaugh. Mais pour le moment, les relier entre eux relève encore du casse-tête narratif. Et il faudra attendre les résultats financiers de ce premier volet pour vraiment considérer la scène comme autre chose qu'une vanne floue supplémentaire.