Godzilla Minus One : pourquoi le film événement ressort au cinéma pour seulement 2 semaines

Antoine Desrues | 17 janvier 2024
Antoine Desrues | 17 janvier 2024

Après une sortie limitée à deux jours, Godzilla Minus One ressort sur les écrans français. On vous révèle les coulisses de cette exploitation particulière.

Le roi des monstres a repris son trône. Si Godzilla est une icône évidente de la pop-culture, son succès en Occident doit beaucoup à ses adaptations américaines plus ou moins réussies. Pourtant, ses dernières aventures japonaises, Godzilla Minus One, ont tout écrasé sur leur passage. Au-delà d’une réception critique dithyrambique, le long-métrage de Takashi Yamazaki a atteint des records inimaginables, en particulier à l’international.

À l’heure actuelle, le film a récolté 96 millions de dollars au box-office mondial, dont 50 sur le sol américain – du jamais-vu pour un film japonais sur les terres de l’Oncle Sam. Autant dire que la barre symbolique des 100 millions devrait être dépassée, ce qui fait rudement plaisir pour une telle proposition, dont le budget est estimé en dessous des 15 millions de dollars.

En France, Godzilla Minus One n’a pas manqué de convaincre les spectateurs, malgré une sortie limitée aux salles IMAX et 4DX sur les dates du 7 et 8 décembre 2023. Fort heureusement, le succès du film a permis à son distributeur, Piece of Magic Entertainment, de ressortir le kaiju eiga du 17 au 31 janvier, cette fois dans tous types de salles. Mais comment est-ce possible ? Et pourquoi avoir choisi à l’origine une sortie limitée ? Explications.

 

 

Godzilla Minus One : comprendre sa sortie limitée

En dehors des grosses majors hollywoodiennes, qui possèdent des succursales à l’étranger, un long-métrage doit trouver un distributeur international s’il veut s’exporter en dehors de ses frontières. Le problème, c’est la difficulté régulière des négociations avec certains pays asiatiques, à commencer par l’Inde, malgré la force de frappe de plus en plus évidente de ses blockbusters dans le monde.

Certains marchés désintéressent les ayants droit, ou ne leur semblent pas assez pertinents pour y risquer la sortie d’œuvres à destination d’un public supposément local. Dans le cas de Godzilla, le studio de la Toho a souvent amené à une exploitation réduite des films de la saga, y compris le phénomène Shin Godzilla, limité en France à une poignée de séances exceptionnelles, et à une sortie vidéo événement. Nul doute que le coût des droits pour un tel blockbuster pèse également dans la balance pour les distributeurs étrangers.

 

Godzilla : Minus One : photoGuess who's back

 

En tout cas, il semble évident que la réception très positive du long-métrage de 2016 a eu un impact sur l’exploitation de Godzilla Minus One, qui a gagné en ampleur. Pour autant, la situation n’a pas été des plus idéales, puisque Piece of Magic Entertainment ne s’est pas seulement occupé de la sortie française, mais de tout le territoire européen, en devant s’adapter au potentiel de chaque pays, ainsi qu’à ses lois.

Dans notre bel Hexagone, la chronologie des médias est à prendre en compte, et il pouvait sembler risqué pour Piece of Entertainment d’assurer une sortie traditionnelle du film en salles. Néanmoins, l’obtention d’un visa d’exploitation possède quelques procédures de visas exceptionnels, pensés pour certaines typologies d'œuvres. Les deux options principales, c’est d’organiser 30 séances (ou 100 pour des documentaires) sans limitation de durée, ou de proposer 500 séances sur 2 jours. Logiquement, pour maximiser le nombre d’écrans de Godzilla, Piece of Magic a opté pour la seconde.

 

Godzilla : Minus One : photoEn 4DX, ça frappe !

 

Le retour du roi des monstres

Maintenant, il est important de préciser qu’un visa exceptionnel ne peut pas être reconduit, même dans le cas d’un succès comme celui de Minus One. Nous nous sommes entretenus par mail avec Manon Dulauroy, la directrice de distribution de Piece of Magic, qui nous a confirmé la surprise de ce carton :

“Nous n’avions pas anticipé un tel phénomène, et nous nous devions de ressortir le film en France. Nous avons par conséquent fait une demande de visa d’exploitation classique auprès du CNC en accord avec la Toho, pour permettre au film de sortir à nouveau et sur une plus longue durée.”

La ressortie de Godzilla Minus One du 17 au 31 janvier retombe donc sous le coup d’un visa d’exploitation classique, qui explique cette étendue de 15 jours. Cependant, ce type de visa limite rarement à une date définie la fin d’une sortie (il est même plus ou moins tacite qu’un film ait droit à au moins 3 semaines de visibilité).

 

Godzilla : Minus One : photoQuand tu prépares ta stratégie de sortie

 

Manon Dulauroy a précisé qu'il s’agissait de la stratégie mondiale de la Toho, qui a fait du 31 janvier le dernier jour d’exploitation en salles du long-métrage. Cette condition n’a donc nullement été imposée par le CNC, mais par le studio japonais.

À noter enfin que Piece of Magic ne possède que le mandat de distribution en salles de Godzilla Minus One. Pour ce qui est d’une possible existence du kaiju eiga en vidéo, il faut espérer qu’un éditeur se décide à sortir le chéquier. Quoi qu’il en soit, avec tant d’efforts faits du côté de la distribution, il serait criminel de ne pas voir ou revoir Godzilla Minus One sur grand écran, à partir de ce 17 janvier 2024.

Tout savoir sur Godzilla Minus One

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
TiClo
30/01/2024 à 03:27

Pourquoi il n'a pas été présenté au Canada???

CINEMAniac
23/01/2024 à 18:56

Lors de sa première exploitation sur 2 jours, uniquement dans le circuit des salles Pathé, GODZILLA MINUS ONE avait attiré 16 670 spectateurs ! Ce qui, dans un nombre limité de jours et de salles a représenté un beau succès !
Pour sa re-sortie du 17 janvier, le film réalise 76 604 entrées de plus sur ses 5 premiers jours !

Ciémaniac
23/01/2024 à 18:51

Lors de sa première exploitation sur 2 jours, uniquement dans le circuit des salles Pathé,

Clems
22/01/2024 à 23:13

Je serais bien allé le voir, mais j'attendrais la sortie physique pour avoir une VF (et si possible un collector). Parce que le japonnais m, désolé mais je ne maîtrise pas suffisamment pour pouvoir profiter d'un film sans être en permanence sur les sous-titres

Pseudo1
17/01/2024 à 14:51

Article intéressant, merci la rédac !

K.
17/01/2024 à 14:45

Toujours la même histoire avec les studios japonais et c'est incompréhensible car si on prend les films japonais à succès de ces dernières années à l'international (film anime en majorité) la France arrive presque toujours comme 4ieme marché pour les recettes des films (derrière le Japon, les usa et la Corée le plus souvent) donc c'est un pays très intéressant pour les productions japonaises et il devrait nous faire bénéficier de sorties rapides et durables (après peut être qu'ils aiment pas l'argent lol).

Fox
17/01/2024 à 12:41

Ça permet de mettre les choses au clair (vis-à-vis de tous ceux qui, sur les précédents articles, pestaient surtout contre la distribution - et donc, implicitement, contre le distributeur).

En résumé, vous pouvez tous joyeusement vous en prendre à la Toho qui traine visiblement des pieds pour exporter ses films, et à l'inverse remercier Piece of Magic qui a fait des pieds et des mains pour assurer le job.

Pour ma part, j'ai déjà vu Minus One sur la première salve de séances et... ça ira, merci ! Pas besoin d'une deuxième.