Cannes 2023 : on a vu Kennedy, le John Wick indien en pleine pandémie

Alexandre Janowiak | 27 mai 2023 - MAJ : 13/06/2023 15:52
Alexandre Janowiak | 27 mai 2023 - MAJ : 13/06/2023 15:52

Ecran Large est de retour sur la Croisette pour l’édition 2023 du Festival de Cannes. Entre cinéastes confirmés et jeunes talents prometteurs, la centaine de films sélectionnés a de quoi donner le tournis. Après l’ouverture de Maïwenn, Jeanne du Barry, c’est l’heure de revenir sur Kennedy. Un film de vengeance indien réalisé par le grand Anurag Kashyap qui n'a rien à voir avec l'ancien président des États-Unis, mais qui se la joue John Wick en plein Covid.

 

 

De quoi ça parle ? Kennedy est un ancien flic devenu tueur à gages. Complètement insomniaque et tendance psychopathe, il est prêt à tout pour venger l'assassinat de son fils. Il exécute ses contrats sans broncher pour le système corrompu auquel il participe... jusqu'au jour où il va comprendre qu'il se fait lui aussi manipuler.

C’était comment ? Peut-être l'une des plus grosses déceptions de ce Festival de Cannes 2023. L'auteur de ces lignes n'est pas forcément un grand fan (ou connaisseur) du cinéma indien, mais la réputation d'Anurag Kashyap le précède. Avec le diptyque Gangs of Wasseypur, Kashyap avait marqué les esprits au coeur d'une grande histoire de vengeance spectaculaire et violente de mafia, mais il avait aussi démontré son talent dans le plus petit drame Ugly. Son retour à Cannes, dix ans après Ugly justement, était donc très attendu surtout avec un film de vengeance a priori plus intime.

 

Kennedy : photoHomme assoiffé de vengeance épluche sa pomme en une seule fois

 

Et dans les premiers instants, une atmosphère intrigante se met bel et bien en place. Avec le personnage insondable incarné par Rahul Bhatt (l'homme à la voix la plus profonde du monde), une tension se crée lorsqu'il observe, traque et finit par tuer de sang-froid une ribambelle de cibles au fil des minutes (comme pourrait le faire un certain John Wick). D'ailleurs, le fait que la violence soit d'abord filmée sans surstylisation de la part de Kashyap est un point plutôt intéressant, moyen de développer un peu mieux la facette sanguinaire de Kennedy, assoiffé de meurtres et s'enfonçant dans les rues sombres de Mumbaï jusqu'à un point de non-retour.

Toutefois, le thriller tendance film noir (la femme fatale incarnée par Sunny Leone) va rapidement se révéler à côté de la plaque. Le spectateur a beau s'accrocher à la vendetta de Kennedy, le scénario est bien trop mal conçu pour captiver sur 2h22. Au point où l'on ne comprend pas toujours qui doit tuer qui, qui doit faire quoi et pourquoi untel manipule untel, dans cet énorme foutoir. Au-delà de ça, la violence proéminente se montre de plus en plus insignifiante au fil des séquences et finira par lasser lors du énième coup de poing asséné en pleine figure et sempiternel figurant balancé du 5e étage. Sans véritablement chercher à s'appuyer sur une chorégraphie solide de ses scènes d'action, Kashyap ennuie donc.

 

 

D'autant plus que tout devient très vite artificiel dans Kennedy. Le gros lot revient évidemment au sous-texte pandémique sur lequel repose en grande partie l'intrigue. À l'exception d'une obsession du anti-héros pour le port du masque, jamais le Covid n'aura un véritable impact sur le reste du récit alors même que le film est construit sur une structure le mettant en avant en permanence. Autant dire que le film est terriblement poussif et que son rythme neurasthénique vient sceller son sort, surtout lorsqu'il prend le spectateur pour un idiot lors d'un flashback final surexplicatif en guise de dernier clou du cercueil.

En résulte tristement une sorte de John Wick indien du pauvre, à la violence évidente, mais incapable de l'incarner durablement à travers son anti-héros. Grosse déception on vous disait.

Et ça sort quand ? Le film n'a pas de date de sortie en France, et ce serait étonnant qu'il ait le droit à une sortie au cinéma vu la chose.

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