Athena : les premiers avis sur la plongée choc de Netflix dans les banlieues sont là

Mathieu Victor-Pujebet | 3 septembre 2022
Mathieu Victor-Pujebet | 3 septembre 2022

Les premiers avis sur le nouveau long-métrage réalisé par Romain GavrasAthena, sont tombés suite à sa projection à la 79e édition de la Mostra de Venise.

Fils du légendaire cinéaste franco-grec Costa-Gavras, le réalisateur Romain Gavras a réalisé son premier long-métrage en 2010 avec Notre jour viendra et avait apporté un joli vent frais au cinéma français en 2018 avec Le Monde est à toi. Aujourd'hui, il est de retour avec un nouveau long-métrage intitulé Athena, diffusé sur Netflix et centré sur le destin de trois frères dans une cité au bord du chaos après une prétendue intervention de police qui a mal tournée.

Coécrit par Ladj Ly, le réalisateur du passionnant Les Misérables, Athena réunit à son casting Dali BenssalahSami Slimane et Ouassini Embarek pour interpréter les trois frères, mais aussi Anthony Bajon et Alexis Manenti dans des rôles secondaires. Le film a été montré pour la première fois publiquement à l'occasion de la 79e édition de la Mostra de Venise, soit l'occasion de voir ce que la presse anglophone en a pensé :

 

PhotoLa Chaire et le sang, version banlieue

 

"L'électrisant Athena, dont l'avant-première a eu lieu aujourd'hui à la Mostra de Venise, a un oeil sur le présent et un autre sur l'éternel. Son sujet est d'actualité, mais son traitement est intemporel : c'est un film de guerre, un drame familial et une tragédie grecque." Bilge Ebiri – Vulture

"Surtout avec son époustouflante conclusion, Athena décrochera forcément les mâchoires et augmentera de façon signifiante votre fréquence cardiaque longtemps après la fin du générique. C'est le douloureux et périlleux présent qui s'écrit dans le flash d'une caméra de téléphone et dans la flamme d'un cocktail Molotov." Marshall Shaffer – The Playlist

 

Photo Anthony BajonLe passionnant Anthony Bajon en CRS

 

"Alors que le style emphatique du film peut devenir épuisant et que sa démonstration technique risque d'éclipser le drame collectif, il y a ici une ampleur opératique qui ne cesse jamais, donnant à cette escalade de violence une puissance considérable." David Rooney – The Hollywood Reporter

"Le résultat n'en est pas moins qu'un film de guerre urbain, comme si de charismatiques personnages décidaient de réagir à l'indignation exprimée contre les forces de l'ordre dans le monde réel." Peter Debruge – Variety

"Gavras n'a peut-être pas encore réalisé une œuvre aussi incontournable que le chef-d'œuvre de son père [Z, ndlr], mais tous deux sont issus du même esprit de résistance, d'exigence visuelle et de désir d'utiliser le cinéma comme outil de réflexion." Carlos Aguilar – The Wrap

 

Photo Sami SlimaneChaos reigns

 

"C'est spectaculaire et immersif, et l'ouverture est sensationnelle. Mais Athena fait du surplace dans sa protestation monotone, au tempo qui stagne et au filmage parkour redondant – aussi impressionnant qu'il soit. Il souffre aussi de quelques sournoises diversions qui sonnent comme des esquives." Peter Bradshaw – The Guardian

"Athena puise efficacement dans les tensions de classes, raciales et religieuses de la France contemporaine, qu'il traite comme un baril de poudre qui n'attend que la bonne étincelle pour exploser. Mais la fresque familiale du film est si mince et métaphorique que les connexions les plus profondes au monde réel sont sacrifiées sur l'autel de l'intensité. Une intensité qui résiste à la psychologie, étouffe le contexte sociopolitique et finit par s'autocannibaliser." David Ehrlich – IndieWire

 

Athena : photo Sami SlimaneUn feu d'artifice visuel ?

 

Les critiques anglophones semblent d'accord pour témoigner de la maestria technique et visuelle d'Athena, notamment dans son ouverture et sa conclusion. Ces textes confirment également que le film réalisé par Romain Gavras tente de prendre le pouls d'une France confrontée à des tensions autour de sujets comme la religion, le racisme et les violences policières.

Les critiques soulignent alors la pertinence d'Athena sur ces thématiques, bien que certains relèvent un certain sacrifice du fond au profit de la forme. Quoi qu'il en soit, ce troisième long-métrage signé Romain Gavras a de quoi exciter et intriguer. Pour en savoir plus sur le film, il faudra attendre sa sortie sur Netflix à la fin du mois, le 23 septembre prochain.

Tout savoir sur Athena

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commentaires
La Classe Américaine
04/09/2022 à 15:09

Bande-annonce hyper efficace, image soignée mais quelle crédibilité accorder a un réalisateur qui fait un film sur la revolte en banlieue alors qu'il est lui-même - comme tous les bobos de Kourtrajme - issue de la petite bourgeoisie parisienne ?.... La question elle est vite répondue.

JR
04/09/2022 à 11:08

@Sanchez, disons que le problème ne vient pas de l'élite ni des scénaristes blasés, mais des financements et diffuseurs (tf1, canal+)... C'est très centralisé.
Les auteurs qui écrivent en région existent, et on relocalise (aussi en fonction des aides).

Bref.
Ce qui m'attriste, et qui était prévisible, c'est déjà cette tension en commentaire.
Donc, histoire de remettre une pièce dans la machine: factuellement, la police tue. En France, on peut dire (et dieu ou quoi d'autre merci) rarement et accidentellement.
Mais je suis d'accord qu'en dehors d'attiser une certaine haine, ça ne sert pas à grand chose de le dire.
Tout comme "en ce moment".
La tension avec la police remonte à.... Pfffiou... Voyons mai 68....non... Petain....? Non... La commune ?.... Non... Etc etc... Même les "gens d'arme"... C'est un corps appartenant à l'exercice de l'état (depuis l'antiquité), donc bon, la frange pauvre de l'humanité n'a jamais été très fan de l'épée/flashball.

Mais tout ça, c'est pas en lien avec le film, en dehors du lieu où se déroule le film (que je n'ai pas vu, tout comme vous).

Quand aux casserole de Ladjtruc, je laisse le soin à la justice de gérer ce pb, tout comme elle ferait bien de gérer celles de notre sympathique ministre de l'intérieur.

Merci de ne pas me coller d'étiquette politique, vous auriez d'immenses chances de vous tromper. Mais surtout, parlons ciné, vous dites tous les films de banlieue, parlons en.
Je me suis ennuyé devant les misérables, autant que Bac Nord, mais j'ai adoré Frères ennemis ou Stillwater.

Gégé l'ancêtre
04/09/2022 à 10:44

"Coécrit par Ladj Ly" aïe, ça commence mal, puisque ce dernier a effectivement quelques casseroles aux fesses avec la Justice française.

Autrement, cela risque d'être encore une dénonciation des méchants policiers blancs racistes à l'égard des gentils racailles victimes de la société et des inégalités. Je caricature peut-être trop mais cela fait des années que ce discours hypocrite gangrène les merdias et le cinéma français.

Pas besoin d'aller au cinéma, il suffit d'aller dans certains quartiers de grandes villes afin de saisir les joies de la mixité sociale, du communautarisme et du "sentiment d'insécurité" si cher à l'actuel garde des sots.

La France a le syndrome de Stockholm
04/09/2022 à 10:29

D'accord avec @fuck
Et connaissant un peu la direction politique de la rédaction, on se doute un peu que ce sera traité avec bienveillance ? Mais j'espère me tromper.

En effet Ladj Ly et son frère ont déjà remboursé une partie de ce qu'ils ont piqué à leur école de cinéma. Mais ya encore des gens prêts à bosser avec eux. Dingue. (Voir article Mediapart)

Kobalann
03/09/2022 à 21:42

"la police tue" @prisonnier
pas de censure pour ce com ecranlarge ?

JR
03/09/2022 à 20:11

@Sanchez, ah en revanche, je vous rejoins entièrement sur la sous représentation de notre beau pays.
On est soit sur du bourgeois parisien (majorité des films d'après une étude sur les scénarios écrits il y a quelques années), soit du drame à la campagne, soit du film de banlieue.

MAIS, les exceptions existent, il faut juste chiner, avec du retard cette année, j'ai beaucoup aimé Teddy par exemple.

Prisonnier
03/09/2022 à 17:51

La police tue

Sk.
03/09/2022 à 13:20

Bon ceux sont les avis d’américains et d'étrangers... un peu comme moi jugeant le Mexique en regardant Sicario.
Ca va être le syndrome Euphoria, prendre le style clip musical et en faire un film de 1h30.
Je préfère encore Franck Gastambide qui montre les quartiers comme juste un lieu de vie quotidien dans Validé que ce truc qui a l'air de ressembler à Banlieue 13

JR
03/09/2022 à 13:17

@Kobalan, vous m'aviez manqué dites...
Alors, pas vraiment police de la pensé (je ne vois pas en quoi mon commentaire condamne ou jugé en quoi que ce soit), une simple interrogation.
Pour le reste, lisant quotidiennement autant les articles que les commentaires, oui, il m' apparaît que j'aime assez les prises de paroles de @Sanchez, et moins les vôtres. Ne m'en voulez pas hein.

JR
03/09/2022 à 11:55

@Sanchez, je vous apprécie vraiment beaucoup mais je suis perplexe, d'un côté vous avez un commentaire très progressiste sur le SDA, et la, un étrange relan à l'exact opposé...

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