Jurassic World + Ready Player One = Dinosaur World, un nanar incroyable (et presque bien)

Lucas Jacqui | 15 juin 2022 - MAJ : 15/06/2022 15:11
Lucas Jacqui | 15 juin 2022 - MAJ : 15/06/2022 15:11

Dinosaur World est le mariage improbable entre Ready Player One et Jurassic World, et évidemment ça donne un nanar.

Un T-rex qui poursuit une jeep avec une sulfateuse, du kung-fu contre des raptors, une VR qui ferait passer Turok (dont on a montré tout notre amour dans un dossier) pour Spyro le dragon... Vous n'aviez peut-être jamais osé en rêver, mais Dinosaur World l'a fait. Datant de 2020 mais débarqué en DVD en France ce 9 juin 2022, évidemment pour surfer sur la sortie de Jurassic World : Le Monde d'après comme tout bon nanar de catégorie C (comme Cynisme), le film réalisé par Ryan Bellgardt et écrit par Chris Hoyt a sûrement attiré l'attention de tous les fans de Sharknado et compagnie.

L'exploit technologique de Steven Spielberg avec Jurassic Park a probablement inspiré les deux compères à l'origine de Dinosaur World. Une prouesse qu'ils veulent imiter façon low cost, autant que faire la démonstration des talents en effets spéciaux de leur studio. Et peu importe si le scénario aussi long qu'une blague Carambar est un crossover bizarre de Ready Player One et Jurassic World.

 

 

the jurassic game

Dinosaur World, c'est un jeu vidéo qui propose de survivre quatre heures contre des dinos, une récompense de 5 millions de dollars étant à la clé pour les survivants. Ainsi, comme dans Ready Player One, les joueurs sont munis d'un casque VR et de Wiimotes leur donnant une totale liberté de mouvement (bien qu'ils soient vissés à des bureaux). En revanche, pas de combinaison permettant de ressentir la douleur - ou de tuer un perdant - écartant tout danger pour les personnages. Le métrage à moitié amateur se permet également d'emprunter l'idée de l'easter egg que cherche à acquérir les héros de Ready Player One, non sans montrer un réel manque de compréhension sur ce que ça représente dans un jeu vidéo.

Jurassic Park a également influencé Ryan Bellgardt, comme tous les producteurs de nanars basés sur les imposants lézards. On retrouve donc toute la dream team habituelle, Vélociraptors, Tricératops, Ptérodactyles et évidemment l'omniprésent T-Rex. Ce dernier a d'ailleurs droit à un remake de sa célèbre course-poursuite contre la jeep du premier Jurassic Park. Sauf que Dinosaur World y ajoute la touche de subtilité typique des films de série B, une sulfateuse rugissante aux munitions infinies.

 

Dinosaur World : photoToujours vérifier sa distance de sécurité

 

À la différence d'autres productions se déroulant dans des jeux vidéo comme Jumanji, le blockbuster low cost de Bellgardt ne donne pas à ses joueurs des compétences autres que ce qu'ils ont déjà dans le monde réel. Le jeu se transforme donc vite en Hunger Games virtuel (le début de partie reprenant l'idée des sacs disposés en cercle) où les plus faibles n'ont pas d'autre choix que de s'allier. Car un ado asthmatique le restera en jeu, un enfant gardera un skin d'enfant, une femme pourra user de ses charmes sur un gamer en sueur et un expert en combat aura toujours ses réflexes de guerrier. Cette dernière idée permet la meilleure folie du film : du karaté contre des raptors.

En somme, Dinosaur World est une bonne tripotée de références sans réelle réflexion sur ce qu'il raconte au-delà d'avoir des dinosaures se prenant des high kicks, ou mangeant des figurants. À ce best of d'influences remâchées on y aurait bien ajouté quelques zombies, une tornade ou un Transformers cheap, car l'histoire reste finalement trop sage pour un nanar se déroulant dans un jeu vidéo.

 

Dinosaur World : photoLe Raptor va manger de la soupe quelques jours après cette rencontre

 

spielberg de wish

Derrière ce film de série Z à peine voilé se trouve Ryan Bellgardt, le patron de Boiling Point, un studio spécialisé dans les effets spéciaux et situé dans l’Oklahoma. D'abord réalisateur de publicités depuis 2008, il va en 2013 passer à la production d'un long métrage qui donne le ton sur ses goûts : Army of Frankensteins. Loin d'être le prochain grand nom d'Hollywood, Bellgardt va tout de même être à l'origine de neuf films en neuf ans misant essentiellement sur les effets visuels. Pour l'accompagner dans cette entreprise, le scénariste Chris Hoyt est l'auteur de trois films de Bellgardt, tous sont sur des dinos.

Boiling Point permet à Bellgardt de jouer les Spielberg modernes en racontant des récits d'aventures dans l'esprit du papa du blockbuster hollywoodien. Mais c'est surtout l’occasion pour le studio de faire étalage de son savoir-faire en matière d’animation 3D peu chère, une volonté clairement écrite sur le site. Et il faut admettre que même si les effets spéciaux de Dinosaur World prennent un coup de vieux la seconde après qu'on les ait vus, ils tiennent plutôt la route pour ce genre de production.

 

Dinosaur World : photoMassage aux pierres chaudes

 

En même temps, tout le budget semble avoir été avalé par les dinosaures pour les rendre réels puisque le film n’a quasiment aucun fond vert ni accessoire ou arme (on le rappelle, un personnage se bat aux poings). Les coûts de production de Dinosaur World n'ayant pas été communiqués, on ne peut que se baser sur les estimations des autres productions du studio faites par The Movie Database (donc information à relativiser) pour s'en faire une idée. Ainsi, selon le site, The Jurassic Games (2018) a coûté 28 millions de dollars à réaliser, et Jurassic Pet (2019) 25 millions.

Mais alors comment ces mecs du fond des USA se sont retrouvés à faire un film en mandarin et au casting majoritairement chinois ? À l'origine du projet, s'il y a bien Boiling Point, il y a surtout une commande de producteurs en Chine ayant adoré The Jurassic Games et souhaitant avoir un remake pour leur marché. Ainsi, Flame Node Entertainment, l’une des plus grosses sociétés d’animation digitale et d'effets spéciaux en Chine selon eux-mêmes, se retrouve productrice d'un film tourné en Oklahoma. L'idée étant ensuite de le distribuer en Chine, donnant à l'histoire derrière Dinosaur World un air de Coupez ! de Michel Hazanavicius.

 

Dinosaur World : photoCette scène est dans l'originale et le remake

 

Ce contrat juteux et cette vie de self-made man font le bonheur de la ville d’Oklahoma City qui a fait de Ryan Bellgardt une star locale. L'ambition de l'homme ne s'arrête d'ailleurs pas là puisqu'il expliquait au journal de la ville avoir reproduit, avec ses moyens, la technique utilisée dans The Mandalorian pour filmer en temps réel un environnement virtuel. Une méthode qu'il applique déjà sur son prochain film, Ghoster (un genre de Casper).

Dinosaur World c’est donc plus qu’un film médiocre fait par une production quelconque pseudo-The Asylum : c’est la success-story d’un studio du paumé aux États-Unis qui a des rêves de grandeur. On peut donc autant voir le film comme un énième nanar profiteur à la Uwe Boll... ou une entreprise de candeur totale, comme un Ed Wood moderne.

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commentaires
Terminéator
15/06/2022 à 18:46

Mais franchement je l’ai attaqué mais j’ai arrêté au bout de 15 minutes mdr

Jurassic waste
15/06/2022 à 18:26

Ça a l'air plus cool que la trilogie jurassic World

Moixavier58
15/06/2022 à 17:16

Dispo cette année en physique mais dispo depuis pas mal de mois en telechargement