Scream 5 : si vous avez la flemme de revoir la saga culte, suivez le guide

Geoffrey Crété | 12 janvier 2022 - MAJ : 12/01/2022 18:35
Geoffrey Crété | 12 janvier 2022 - MAJ : 12/01/2022 18:35

Si vous avez la flemme de revoir tous les Scream avant de voir Scream 5, voici un petit guide.

Entre le premier Scream en 1996 et le cinquième Scream en 2022, beaucoup de choses se sont passées. Les espoirs de demain Neve Campbell, Courteney Cox et David Arquette sont devenus les semi-gloires d'hier, le néo-slasher a été déterré et aussi vite réenterré, Wes Craven est mort... Mais le fantôme de Ghostface plane, encore et toujours.

 

 

Plus de 10 ans après Scream 4, qui ramenait toute l'équipe devant et derrière la caméra, Scream 5 marque une nouvelle étape : pour la première fois, la saga avance sans Wes Craven, avec les réalisateurs Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett (Wedding Nightmare) pour relancer la machine sanglante.

Avec son titre évocateur (pas de Scream 5, mais un simple Scream, comme Halloween 2018, ou le prochain Massacre à la tronçonneuse sur Netflix), et son désir de se reconnecter au premier film, ce nouvel épisode mérite un mini-guide.

Et pour savoir quel est le meilleur Scream, c'est par ici.

 

 

SIDNEY LA MASCOTTE

Pas de Scream sans Sidney, pas de Sidney sans Neve Campbell. Castée à une époque où elle n'était que la petite tête touchante de la série La Vie à cinq, et après que Drew Barrymore ait changé d'avis pour préféré le rôle iconique de Casey Becker, l'actrice est devenue indissociable de Ghostface. Et à ce stade, difficile d'imaginer comment Sidney peut avoir confiance en quiconque, que ce soit son boulanger, ses voisins ou même Gale et Dewey.

Dans le premier Scream, alors qu'elle se remettait déjà péniblement du meurtre de sa mère Maureen, elle découvrait que son petit copain Billy Loomis était un psychopathe, tout comme un de ses amis proches, Stu Macher. Dans le deuxième, c'était encore un de ses amis, Mickey, et la mère énervée de Billy qui voulait venger son fiston. Dans le troisième, c'était un crossover avec un épisode des Feux de l'amour, avec la révélation d'un demi-frère caché, rejeté par leur mère, et bien décidé à se venger. Roman Bridger expliquait même être à l'origine de tout : il avait montré à Billy Loomis des images de son père en plein adultère avec Maureen Prescott, menant à la séparation de ses parents, et son léger dérapage psycho.

Enfin, dans Scream 4, la pauvre Sidney affrontait sa cousine, Jill, prête à tout pour gagner des followers. En résumé : pas simple d'être Sidney, marquée du sceau de la violence, et destinée à être trahie, trompée et agressée même par ses animaux de compagnie. 

 

Scream : photo, Neve Campbell"Quelle est ton twist de Scream préféré ?"

 

Scream 2022 se reconnecte (de force) à l'héritage du premier épisode, quitte à gentiment écarter les suivants - un dialogue omet Scream 3 de manière évidente. S'il y a donc un film à revoir avant le cinquième, c'est le tout premier. Et si vous avez la flemme, ayez en tête que Billy Loomis et Stu Macher étaient les coupables, et ont organisé une grande soirée dans la maison de Stu pour attirer toutes leurs victimes, jusqu'au grand climax-révélation sur leurs motivations. Billy cherchait ainsi à se venger de Sidney, dont la mère avait brisé sa famille, tandis que le débile Stu était venu parce qu'il y avait de la lumière (aka influence et pression sociale).

Sans aller jusqu'au semi-reboot d’Halloween (qui zappait toutes les suites pour se recoller au premier), Scream 5 fait le forceur pour se placer comme suite directe du premier opus. Et ce n'est même pas un spoiler : le film l'affiche et l'explicite au bout de quelques scènes.

 

Scream : photo, Neve Campbell"Ghostface m'a rendue républicaine"

 

LES Z'AMOURS DE GALE ET DEWEY

La romance contrariée entre Gale Weathers et Dewey Riley est l'autre grande histoire de la saga Scream. Dans le premier film, la journaliste à sensation, venue déterrer un nouveau scoop sordide pour gagner un Pulitzer en piétinant les autres, se rapprochait du jeune flic maladroit pour grappiller des informations. Mais par la magie du sang et du cinéma, les deux finissaient pas flirter au milieu des cadavres.

Scream 2 venait briser cette illusion : Gale et Dewey n'étaient pas (encore) ensemble. Gale avait écrit un nouveau livre sur les événements de Woodsboro, adaptés en film (Stab), et continuait à tracer sa route d'arriviste. Dewey l'avait en travers de la gorge. Et rebelote : les deux se rapprochaient pendant l'horreur, s'embrassaient avant d'être attaqués, et au final, Gale semblait choisir l'amour plutôt que les caméras du succès. Dans la dernière scène, elle lâchait littéralement son micro pour monter dans l'ambulance avec lui. Tout est bien qui finit bien ? Pas encore.

 

Scream : photo, Courteney Cox, David ArquetteScream, 1996 : coup de pelle dans ta tronche

 

Dans Scream 3, les deux étaient encore séparés. Gale était devenue présentatrice plus ou moins vedette, et Dewey, consultant sur le nouveau Stab. Mais cette fois, ils avaient essayé le conte de fées : entre Scream 2 et Scream 3, ils avaient vécu ensemble, à Woodsboro, durant l'année de convalescence du policier, gravement blessé dans le deuxième film. Mais Gale ne tenait pas en place, voulait s'envoler, et a finalement accepté un travail à Los Angeles. "Ça n'a pas marché Dewey. On a essayé. On est différents". "Mais tu disais que c'était notre force". Ou la grande tragédie d'une histoire d'amour quasi impossible.

Scream 4 les retrouvait des années plus tard, comme un pas en arrière : Gale avait finalement capitulé pour vivre à Woodsboro, avec Dewey, devenu shérif. Pendant qu'il vivait sa meilleure vie de petit roi, elle essayait d'accepter sa vie de femme d'intérieur, tout en rêvant d'une reconversion en romancière. Et le succès du livre de Sidney, où elle racontait ses années de cauchemar, n'aidait pas à faire passer la pilule.

À retenir avant Scream 5 donc : Gale et Dewey ne cessent de se rapprocher à chaque cauchemar, avant d'affronter la vraie horreur par la suite - la vraie vie, simple, morne, normale.

 

Scream : photo, Courteney Cox, David Arquette"Toi non plus t'avais rien d'autre à faire que Scream 5 ?"

 

JUDY HICKS LA FLIC

La voilà la preuve que Scream 5 est bien une suite : Marley Shelton, qui incarnait la collègue de Dewey dans Scream 4, est de retour. Sidekick comico-lourdingue du quatrième opus, elle était le seul personnage présent jusqu'au bout de l'histoire, aux côtés du trio. Dans l'affrontement final contre Jill, elle surgissait pour essayer de sauver Gale et la situation, mais se prenait une balle. Avant de se relever, car "Wear the vest, save the chest".

Judy Hicks est donc de retour dans le paysage. Pas grand-chose à savoir sur elle, hormis le fait qu'elle était très, très attachée à Dewey, et cherchait clairement à le séduire malgré Gale dans les parages. Dans Scream 5, elle est la shérif de Woosboro, et a un fils.

C'est un second rôle, mais étant donné que c'est le seul élément qui assume Scream 4, il n'est pas anodin.

 

Scream : photo, Marley Shelton"J'étais là, dans un coin, promis"

 

BILLY LOOMIS, l'origine du mâle

Petit retour obligatoire sur les tueurs du premier Scream, et particulièrement Billy Loomis. Stu avait beau être son acolyte, c'est bien lui qui menait la danse, et avait un motif typique : la vengeance. La mère de Sidney couchait avec son père, ce qui a provoqué la séparation de ses parents, et le petit Billy a eu quelques problèmes pour gérer ça.

Suspect numéro 1 de Scream très tôt dans l'intrigue, Billy était ensuite innocenté, regagnant la confiance de Sidney jusqu'à coucher avec elle, et même mettre en scène sa fausse mort pour achever le sketch. La révélation finale de son vrai visage, avec quelques répliques cultes (“We all go a little mad sometimes”, en hommage à Psychose), l'a établi comme le tueur ultime de la saga.

Avec Scream 5, préparez-vous à replonger dans le passé de la saga, avec un retour aux sources qui ferait passer les twists de Scream 3 pour du Aaron Sorkin. Et mieux vaut avoir en tête ce qui se passe du côté des tueurs du premier Scream pour y aller.

 

Scream : photo, Skeet UlrichLes mèches rebelles du tueur typique des 90s

 

l'escalade META

Scream a commencé comme un film de pure cinéphile. Kevin Williamson a écrit le scénario en imaginant le type de film qu'il voulait revoir au cinéma, comme les vieux Halloween ? Les personnages du film connaissent ces films, leurs codes et clichés, en parlent et en débattent, jusqu'à une scène vertigineuse où Randy regarde Halloween à la télévision : Michael Myers chasse une proie à l'écran, tandis que Ghostface apparaît derrière lui. La musique de John Carpenter devient la musique de Scream, et les deux films se mélangent dans un gigantesque clin d'œil adressé au spectateur - qui va certainement avoir envie de se retourner lui aussi, pour vérifier si un psychopathe ne rode pas.

À partir de là, le meta a pris le pas. Le succès de Scream a fait entrer Ghostface dans l'histoire du cinéma d'horreur que les héros commentaient, donc l'intro de Scream 2 écrase tout le jeu meta avec une scène où le début mémorable du premier Scream est remis en scène (avec Heather Graham à la place de Drew Barrymore), et projeté dans une salle de cinéma, où le tueur tue ses premières victimes au milieu d'un public hystérique.

La dernière réplique du film, prononcée par Cotton à propos de ce nouveau cauchemar, enfonçait le clou : "Ça fera un super film".

 

Scream 2 : Photo Mekhi Phifer, Jada Pinkett SmithMidnight screaming

 

Soit exactement ce qui se passe dans Scream 3, puisque Ghostface revient pendant le tournage de Stab 3. Sidney, Dewey et surtout Gale affrontent donc l'horreur aux côtés de leurs doubles hollywoodiens, dans une mise en abyme toujours plus vertigineuse. Et qui est le tueur ? Le réalisateur de Stab 3, qui se trouve être également à l'origine du premier Scream, le tout à cause d'images qu'il a filmées et qui ont provoqué le désir de vengeance de Billy. La trilogie Scream bouclait donc la boucle meta, avec malice.

Depuis, le monde a changé, et Scream court après. Sorti après une grosse pause, Scream 4 devait faire ce constat sur le cinéma de genre. L'intro pointait ainsi du doigt la vague de torture porn, en critiquant la saga Saw, et en défendant les Stab (alter ego de Scream) : "J'aime ces films. Ils sont plus effrayants. Ce n’est pas des aliens, des zombies, et des petites filles asiatiques avec de longs cheveux. Il y a quelque chose de plus réaliste avec un mec et un couteau, qui devient fou".

Mais en allant plus loin encore que Scream 3, ce début sous forme de film dans le film dans le film, était quasiment un aveu : impossible de continuer, la fête est finie. C'était le coup de meta-fatal. Personnages conscients des clichés, personnages conscients que les personnages de films sont eux aussi conscients des clichés, spectateur conscient qu'il est piégé... Scream atteignait un point meta qui frôlait Scary Movie.

 

Photo Anna Paquin, Kristen BellBlonde and Blonder

 

Où aller après ça ? Scream 5 tente d'y répondre. Entre le quatrième et le cinquième film, le cinéma de genre a été marqué par quelques films comme It Follows, Mister Babadook, Hérédité ou The Witch, désignés représentants de l'elevated horror. Scream 5 arrive après ça, et le sait très bien.

La mode n'est plus au torture porn et aux hectolitres de sang, mais au récit horrifique cérébral et symbolique, où la menace n'est pas un humain qui a vrillé, mais une force (intérieure ou extérieure) qui incarne une rage, un trouble, un instinct. La frontière entre le bien et le mal est brouillée, et les cartes sont rebattues à tous les niveaux - entre les gentils et les méchants, entre le pur divertissement du film d'horreur et le cinéma d'auteur plus pointu.

Comment s'inscrire dans ce nouveau monde, pour l'intégrer mais sans perdre l'âme de Ghostface ? C'est l'un des défis de Scream 2022.

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commentaires
GarlickJr
12/01/2022 à 21:06

Depuis Scary movie je ne peux pas voir GhostFace sans l’imaginer entrain de faire « Wazaaaa » au tel, ni voir une tenue de shérifs sans penser a Doofy et son aspirateur…

BadTaste
12/01/2022 à 17:56

J'avoue être curieux de lire votre critique du film, vu que vous avez l'air de ne pas avoir accroché, selon l'agrégateur d'Allociné.
Étrange, parce que Scream 5 est dans la droite lignée des quatre épisodes précédents, et je dirais même que j'ai passé un moment jouissif.
J'ai parfois pensé à Matrix Resurrections, dans cette volonté de ne pas laisser un pouce de terrain à la concurrence, et de réinventer (encore) les règles d'un univers, même si ça ne plaira pas à tout le monde.
Scream 5 n'est pas le film du siècle, mais bordel, j'ai passé un bon moment, et j'ai même failli écraser une petite larmichette. Et je suis prêt à le revoir très vite.

Florian
12/01/2022 à 14:17

L'image de Sidney tenant le flingue avec comme description ( Ghostface m'a rendue républicaine )
est trop marrant. Bravo.