John Lasseter : de nouvelles accusations de méconduite sexuelles font surface contre le boss de Pixar

La Rédaction | 28 juin 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
La Rédaction | 28 juin 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

S’il y a bien une série d’accusations qui a pris de court la communauté des cinéphiles, ce sont celles proférées contre John Lasseter. Et elles viennent de se préciser.

Avec son image de génie débonnaire de l’animation, éternellement souriant et drapé dans ses chemises à fleurs, John Lasseter, ponte de Pixar, réalisateur notamment de Toy Story, n’évoquait pas instantanément la personnification de l’agresseur sexuel. D’autant plus qu’au cœur du scandale Weinstein, alors que des accusations extrêmement graves étaient portées contre plusieurs hommes haut-placés au sein de l’industrie hollywoodienne, celles le visant ont pu sembler à certains plus « légères ».

Il faut dire que Disney aura rapidement su étouffer l’affaire naissante, éloigner Lasseter, avant d’annoncer son départ tout récemment. Si divers articles évoquaient des témoignages, partiellement anonymes, de femmes travaillant au sein de Pixar, il demeurait difficile de se faire une idée très précise des faits reprochés au légendaire producteur.

 

photo John LasseterJohn Lasseter

 

Grâce à une tribune publiée dans Variety, l’ampleur des accusations et leur nature apparaît désormais très claire. Le texte publié par le site américain est rédigé par Cassandra Smolcic, artiste ayant exercée comme designeuse, photographe et scénariste. Elle a travaillé au sein de Pixar de 2009 à 2015 et témoigne publiquement, à visage découvert.

Si ses propos n’engagent que leur auteur et ne sauraient à l’évidence constituer en l’état une preuve à l’encontre de John Lasseter, ils permettent de saisir plus clairement les enjeux au sein de l’entreprise et les faits reprochés non seulement à l’icône de l’animation, mais également à plusieurs de ses employés.

« Je connais des gens qui expliquent que le climat là-bas n’était pas "si terrible". Je suis là pour vous dire que si, c’était terrible, et ça l’est probablement encore. »

Manifestement, Smolcic pense son témoignage comme une manière d’éviter que les problèmes qu’elle souhaite soulever ne soient abandonnés sous un tapis et oubliés.

 

Les héros de Toy Story

 

« Chez Pixar, ma féminité était clairement au détriment de ma valeur, de mobilité professionnelle, de tout sentiment de sécurité au sein de l’entreprise. Le stress relatif au travail au sein d’une atmosphère si ouvertement sexiste a distillé son poison, avec comme conséquence principale de me pousser vers la sortie de cette industrie. »

Quinze jours à peine après avoir entamé un stage chez Pixar, l’artiste s’est vue signifier combien il était préférable d’éviter le grand patron.

« J’ai été inondée d’avertissements au sujet des mains baladeuses de Lasseter, de sa tendance à dépasser les limites avec les employées de sexe féminin. »

Une attitude qui a logiquement ruisselé sur l’ensemble du management, et facilité les comportements hostiles ou inappropriés au sein de l’entreprise. Ce fut le cas du chef de département où opérait Smolcic.

 

Toy Story 3C'est pas tellement sunny par ici ...

 

« Comme avec John, les cibles féminines de cet homme ont signalé son comportement vulgaire, non-professionnel pendant des années. Mais son poste et son influence n’ont pas bougé d’un iota. »

Son témoignage compile une série d’anecdotes mariant divers niveau de gravité, mais la plus marquante est celle au cours de laquelle elle explique combien le rapport objectivé aux femmes était devenu commun au sein du studio.

« Juste après la mise en chantier de Cars 2, un supérieur m’a annoncé que je ne serai pas enjointe à participer aux réunions hebdomadaires du département artistique, parce que Lasseter avait "du mal à se contrôler" en présence de jeunes femmes. J’étais effondrée de voir ma participation au film et par conséquence la trajectoire de ma carrière, interrompue parce que j’étais une femme. Il était clair que l’institution travaillait dur pour protéger John Lasseter, au détriment de femmes comme moi. »

Au final, le plus problématique, au-delà des charges formulées contre John Lasseter, demeure la culture du sexisme et de la domination décrite ICI avec beaucoup de détails par l’auteure de l’article, qui a pu permettre à des structures importantes de reproduire ce type de comportement durant des années, et à grande échelle.

 

photo Pete Docter et Jennifer LeePete Docter et Jennifer Lee, qui prendront la suite de Lasseter à la tête de Pixar et Disney Animation

Tout savoir sur John Lasseter

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commentaires
Mechanic
05/07/2018 à 10:32

@mike

Donc si tu as passes des années dans la boîte de tes rêves, et qu'on te dégage ou te mets de côté pour de mauvaises raisons, tu te tais et tu te plains pas, sinon ça veut dire que tu te bats pas assez ? Si tu mets ton énergie et talent au service de cet endroit, tu dois simplement abandonner et te dire que c'est la vie ? Et aller ailleurs... puisque bien sûr, ce sexisme chez Pixar c'est un cas isolé ? Et que personne ici n'a envie de parler du problème de fond, qu'on retrouve chez Disney ou au supermarché du coin dans le fonctionnement de la société, souvent ?

Mon pauvre. Triste grille de lecture du monde.

Le féminisme, c'est l'égalité, oui. L'inégalité ici, c'est qu'elle n'a pas été traitée comme "les autres" car elle n'avait pas de pénis. Que si elle en avait eu un, elle aurait été aux réu, aurait été intégrée, et n'aurais donc probablement pas eu à être rejetée, exclue et poussée dans cette situation.
Si tu ne le voies pas, et te contente de cracher le venin "oh ces féministes...", c'est que tu illustres très bien la question, peut-être malgré toi.

mikegyver
05/07/2018 à 10:23

ok encore une feministe pur jus, ca devient penible.

"J’étais effondrée de voir ma participation au film et par conséquence la trajectoire de ma carrière, interrompue parce que j’étais une femme. "

bon ben c'est totalement faux pour le coup, c'est juste que le patron etait un vieux pervers, point barre.
rien ne t'empechait de demissionner et d'aller voir ailleurs, si t'etait si doué madame, mais faut lire en filigrane que la dame etait juste ambitieuse,sans rapport avec un quelconque talent, et voulait rester chez le leader Pixar.

c'est sympa les filles de vouloir l'egalité des sexes etc etc..mais le jour ou vous vous battrez pour remplacer le macon qui trime sur les chantiers toute l'année, et pas juste vouloir le poste au chaud de PDG, j'applaudirais.

Zanta
28/06/2018 à 23:04

Pourtant, en lisant le scénar de Cars 2, ils avaient une bonne raison de le virer...
.
Ok, je sors.