Fourmiz vs 1001 pattes : la première guerre entre DreamWorks et Disney

En 1998, DreamWorks lance son premier film d'animation, Fourmiz, avec la ferme intention de détrôner le géant du secteur Disney-Pixar.

Toy Story de Pixar sort en 1995 et révolutionne les films d'animation à Hollywood en étant le premier en images de synthèse. Mais le studio à la lampe sautillante n'est pas le seul dans cette nouvelle course, car, un an avant, DreamWorks est fondé par Steven Spielberg, le producteur David Geffen et Jeffrey Katzenberg, un ex-producteur de Disney décidé à faire tomber son ancien patron. Pour le titre de deuxième film d’animation 3D de l’Histoire du cinéma, le tout nouveau DreamWorks et le colosse Pixar/Disney vont se battre sur un même terrain, celui des fourmis.

Entre Fourmiz de DreamWorks et 1001 pattes de Pixar, il est encore difficile de savoir lequel est inspiré (ou plagié) de l'autre, ou s'il s'agit d'une pure coïncidence. Pour John Lasseter (réalisateur de 1001 pattes) et Steve Jobs (à la tête de Pixar), Katzenberg leur a volé le concept. Pour Katzenberg, Fourmiz a été pitché par PDI, un studio d’animation par ordinateur, et soutient qu'il ne connaissait rien du projet 1001 pattes avant de lancer son film. Pourtant, dès la fin des années 80, le projet Army Ants tourne chez Disney, et 1001 pattes est proposé par le scénariste Joe Ranft et Andrew Stanton à la société de Mickey en 1994. Pour le réalisateur de Fourmiz, Tim Johnson, la première version du scénario date de 1991.

La situation est très inconfortable pour Spielberg, Geffen et Katzenberg. Leur jeune studio doit survivre face à la société de production mastodonte aux oreilles de souris tout en imposant au passage son ton plus adulte et référencé. Fourmiz est un véritable pari pour DreamWorks, et va ouvrir les hostilités contre Disney-Pixar.

 

Sharon Stone dans Fourmiz

 

Fourmi rouge contre fourmi bleue

Lorsque la production de Fourmiz est lancée, le réalisateur de Toy Story John Lasseter l’ignore totalement. Pour preuve, lors d'une visite qu'il rend à son ami Jeffrey Katzenberg, il raconte avec enthousiasme l'intégralité du projet 1001 pattes. Katzenberg est surtout inquiet par une information : la date de sortie de 1001 pattes. Car au même moment, le studio prépare son premier long-métrage, en animation traditionnelle, Le Prince d'Égypte. Logiquement, Katzenberg veut éviter à son film sur Moïse d'être face à un projet Disney évidemment plus fédérateur.

Si cette guerre est froide au début, elle se réchauffe très vite, car pour Katzenberg, elle est personnelle. Le co-fondateur de DreamWorks entre dans une forme de croisade contre son ancien employeur, le PDG de Disney, Michael Eisner, qui l'a poussé à prendre la porte quand il cherchait à avoir la place de numéro 2 de la société. Katzenberg a mal digéré le fait d'être écarté, lui qui a permis le partenariat entre Disney et Pixar, en plus d'avoir sacrément aidé Toy Story à voir le jour. La rancune est donc tenace pour le producteur décidé à s'en prendre à ce qu'il a contribué à créer.

 

"Tu étais fourmidable, j'étais fourminable."