Comme Vice-Versa 2, Elio a été un enfer de production pour Pixar, au point où le film a été profondément modifié par rapport à sa première version. Récit d'un cauchemar.
Après son deuxième week-end d'exploitation américaine, le sort d'Elio semble scellé. Contrairement à Élémentaire, qui avait réussi à devenir un (petit) succès sur le long terme malgré un début décevant, le dernier film original de Pixar n'a pas réussi à décoller, en plus d'avoir réalisé le pire démarrage de l'histoire du studio. Malgré des critiques plutôt positives (y compris dans nos colonnes) et un retour du public enthousiaste, il est clair que le long-métrage peine à attirer, sans même parler de la promotion quelque peu éteinte de Disney.
Comme on pouvait s'en douter, une partie de cet échec peut s'expliquer par le cauchemar que le projet a été en coulisses, et qui a profondément changé le film en cours de route, quitte à le priver d'une part de sa personnalité initiale. À force, on n'est même plus surpris, tant les soucis d'Elio reflètent les problèmes devenus systémiques au sein du studio depuis la sortie du Covid, les films sacrifiés sur Disney+, l'accent mis sur les suites et une aversion revendiquée pour toute forme de progressisme à l'écran.

Elio from the other side
Dans une longue enquête, The Hollywood Reporter a expliqué que le trio de réalisateurs crédité sur Elio (Madeline Sharafian, Domee Shi et Adrian Molina) était loin d'être homogène. En réalité, le film était à l'origine le bébé d'Adrian Molina (l'auteur confirmé de Coco) dans lequel il avait mis beaucoup de lui-même.
À vrai dire, le long-métrage était censé s'inscrire dans la mouvance très personnelle instaurée par Pixar avec Luca ou Alerte rouge, et cela passait entre autres par la caractérisation du personnage principal, défini par des codes queer subtils. Lors d'une séquence supprimée, Elio récupérait des déchets et des habits abandonnés sur la plage (c'est de là que venait sa cape reprisée), ce qui comprenait un débardeur rose qu'il présentait à un crabe dans une sorte de défilée de mode.
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Je ne suis pas sur que rendre Elio plus queer aurait pu rendre le film vraiment meilleur dans le sens où il est déjà bien mais que la thématique est un peu usée quoi. Je peux me tromper évidemment. En revanche, j’ai toujours du mal à comprendre comment on peut faire un film d’animation a 150-300 millions. « Your Name » a un budget de 5 millions je crois, « Le Voyage de Chihiro » 20 millions ou « Le garçon et le héron » (pour éviter de parler d’inflation) est de 55 millions… Bref, si Pixar veut arrêter de faire des fours, peut être faudrait il repenser le coût de ses films ?
J’ai revu le premier teaser de ELIO (que j’avais vu à l’époque et qui m’avait donné envie), et on sent que le film était déjà bien différent du résultat final.
En tout cas, j’aurai vraiment aimé voir cette version originale d’un Elio plus queer, car du coup ça prend vraiment sens avec cette envie de quitter une planète qui rejeterai qui il est au fond.
Mais trop triste de voir à quel point depuis les politiques de Trump, toute les entreprises font marche arrière avec grand plaisir en ce qui concerne les DEI…
est ce que l’intérêt supposé des adultes pour le divertissement « conscient » n’a pas fait décrocher un public plus basique et fait perdre les pédales au studio ? Depuis Soul, que j’ai littéralement adoré mais que j’ai trouvé assez philosophique et introspectif pour des enfants, cette préoccupation constante du mieux-disant sociologique me semble prendre le pas sur le créatif. On voit pourtant très bien dans Elio, un amour entre deux individus qui ne répond absolument pas aux normes, qui plus est avec un E.T à l’aspect peu ragoutant, sans yeux et quand même expressif et émouvant, Est il dans l’attente du public qu’on lui surligne un discours, aussi progressiste et nécessaire soit-il ? L’intelligence de Pixar ne fonctionne bien que par ce qu’elle suggère, ironise, décadre, et lui attribuer des points en rapport à sa capacité de transgression visible, c’est peut-être de la projection critique, une vision un peu fruste du cinéma et une légère surévaluation de ce qu’est l’engagement politique chez les pontes d’Hollywood.
Réussir à faire un film aussi excellent malgré tout souligne encore plus le génie de Pixar. Mais ouais, c’est moche dans les coulisses…