Pour le réalisateur Michael Haneke, le phénomène #MeToo est digne d'une chasse aux sorcières du Moyen-Âge

Christophe Foltzer | 12 février 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 12 février 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Depuis le mois d'octobre, c'est un peu le chaos en Occident. L'affaire Weinstein a libéré la paroles des victimes d'agressions sexuelles, et c'est une très bonne chose, mais certains craignent que le phénomène n'échappe à tout contrôle. Comme Michael Haneke par exemple.

Le cinéma de Michael Haneke n'est pas le plus joyeux-joyeux du monde, mais qui a vu Caché ou Amour sait de quoi est capable le réalisateur, la qualité de son oeuvre, sa réflexion et son sens du vrai cinéma. Bref, Haneke, c'est pas n'importe quoi, et si on précise ça d'emblée, c'est parce que ce qui va suivre pourrait prêter à confusion si on oubliait à quel homme nous avons affaire. 

En tant que spectateur et radiologue de son époque, il était évident que Michael Haneke réfléchirait un moment ou un autre sur le phénomène #MeToo, né suite à l'explosion de l'affaire Weinstein et qui a ébranlé depuis le mois d'octobre la civilisation occidentale dans son rapport aux autres, et à la sexualité en particulier. Un phénomène ultra-violent dans tous les sens du terme qui en dit long sur l'état de confusion dans lequel s'inscrivent nos rapports.

 

Photo

Michael Haneke sur le tournage d'Amour

 

Lors d'une interview accordée au journal autrichien Kurier, le réalisateur s'est enfin exprimé sur ce qui se passait en ce moment. Et il n'est pas très rassuré :

"Je considère cette hystérie de condamnations irréfléchies qui s'étend en ce moment comme quelque chose d'absolument dégoûtant. Les gens sont juste en train de régler leurs comptes dans les médias, leurs vies et leurs carrières sont ruinées. Le viol ou la contrainte sexuelle, de quelque ordre qu'elle soit, doivent être punis. Mais tout ceci va trop loin, dans une colère aveugle qui n'est basée sur aucun fait."

On rappelle qu'encore une fois, il parle du mouvement en général et pas d'une affaire en particulier. C'est important de le rappeler.

 

Photo Haneke

 

"Cette manière de faire détruit les vies de personnes dont les crimes n'ont pas été prouvés. Ce nouveau puritanisme anti-hommes qui arrive à la suite du mouvement #MeToo m'inquiète beaucoup et les hommes devraient à peine toucher ce sujet. Cela n'a rien à voir avec le fait que chaque acte sexuel ou agression -sur les hommes et sur les femmes d'ailleurs - doit être condamné et puni. C'est une chasse aux sorcières qui devrait rester au Moyen-Âge."

 

Photo Haneke

Tout savoir sur Michael Haneke

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
MystereK
13/02/2018 à 07:43

On parle de #MeToo, ce qui veut dire juste des témoignage de femmes qui ont subit des contraintes ou des abus, pas de dénociations et de noms. La paroles des femmes se libère et c'est un bien, il faut que ces pratiques cessent et cela n'a rien à voir avec "une chasse aux sorcières", terme qui doit être attribué à une chasse pour des motifs qui ne sont pas les bons (pseudo anti-américanisme, sorcières, etc...).

George Clinton
12/02/2018 à 16:57

@Hélène Hémeurtre

J'attends vos sources (?) J'aime bien les chiffres balancés comme ça, mais vos sources s.v.p, ça appuiera vos arguments (et je suis curieux aussi). Et comme le dit si bien Haneke, ''oui à juger les coupables'', mais attention aux dérives et c'est clairement le cas, c'est une chasse à l'homme disproportionné en ce moment... il faut être aveugle pour dire le contraire (et encore, même Stevie Wonder verrait que c'est une lutte vengeresse déséquilibrée, puisque basé sur des ''allégations''). Un simple regard peut limite être considéré pour une forme d'harcèlement, la vie de certaine doit être bien traumatisante à ce rythme la huh...

Roukesh
12/02/2018 à 15:33

@Hélène Hémeurtre on parle du #MeToo, pas des agressions sexuelles en général. La délation qui a lieu sur les réseaux sociaux est ce qui est condamné ici par Haneke. 98% d'avéré sur ce phénomène, ces statistiques me semblent improbable étant donné que la plupart n'ont pas été instruites. Personne ici ne s'exprime en faveur du viol, mais en faveur de la justice. La justice se passe dans une cour, lâché un nom dans un réseau social n'est pas une forme de justice mais peut détruire une vie.

Hélène Hémeurtre
12/02/2018 à 14:34

2% de plaintes fausses pour 98% de plaintes avérées. Sans parler de toutes celles (et ceux) qui ne portent pas plainte.

Ouhlala, la chasse aux sorcière !

Pourvu que la parole des victimes deviennent, au contraire, plus forte et surtout plus écoutée (parce que d'après ce qu'on lit, même ici, y a encore du boulot)

STEVE
12/02/2018 à 13:13

Les gens ne réalisent pas les conséquences désastreuses sur une personne lorsqu'on l'accuse en mentant ou en exagérant:
Isolement, insultes, lynchage, image ternie à jamais, plus de travail etc

Il faudrait punir tout autant sévèrement les menteurs ou qui exagèrent que les agresseurs sexuels.
Car dans les 2 cas on détruit des vies.

Tousen
12/02/2018 à 12:24

Je suis d'accord pour ce ménage dans l'industrie du cinéma mais attention aux dérives douteuses... Exemple, on peut être accusé d'agression par ce mouvement par un simple toucher de genou ou de tape sur l'épaule...

Simon Riaux
12/02/2018 à 12:14

@HEAT

Soyez rassuré, la dénonciation calomnieuse est déjà un délit lourdement punit par la loi.

alex
12/02/2018 à 12:10

Je comprends rien moi, qu'est ce que Sarouman vient faire là dedans ? Sur la dernière photo il a l'air très en colère ça promet pour une prochaine trilogie