Quentin Tarantino explique longuement pourquoi il n'aime pas Netflix

Alexis Vielle | 23 novembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Alexis Vielle | 23 novembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

A l'image de ses films, Quentin Tarantino préfère une époque que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. QT VS Netflix : round 1. 

Ce n’est un secret pour personne : QT n’aime pas Netflix. Nouvel acteur dans l’éternel débat sur le pour ou contre la toute-puissante plate-forme, à l’instar de Christopher Nolan ou Pedro AlmodóvarQuentin Tarantino se la joue nostalgique et regrette une période révolue. Il s’en explique longuement au micro de Yellow King Film Boy :

"C’est très triste. Vraiment triste à mes yeux. Et je suis vraiment surpris à quel point cela arrive vite, comment le public se prête à ça, que personne ne prend de recul, et comment tout le monde s’en moque franchement. Ce n’est pas qu’une question de nostalgie. Je ne suis pas sur Netflix donc je ne peux pas vraiment vous dire comment ça marche. Même si vous avez tous les films dans votre abonnement, vous cliquez sur un au hasard, vous le regardez pendant dix ou vingt minutes et vous commencez à faire quelque chose d’autre et vous vous dites 'Non, je n’accroche pas vraiment'. C’est quelque chose dans lequel on est en train de basculer."

 

Photo Pulp Fiction

  Harvey Keitel Quentin Tarantino sur le plateau de Pulp Fiction 

 

Si on comprend bien le cinéaste, l’abondance de l’offre nous rendrait-elle paresseux ? Un nouveau mode de consommation qui n’inspire vraiment pas le réalisateur de Kill Bill

« Il y avait une démarche bien différente au moment de se rendre au vidéo store. Vous regardiez, vous choisissiez des VHS, vous discutiez avec le vendeur et peut-être il vous renseignait sur un autre film. Il ne vous donnait pas juste le film, il vous conseillait sur quel film pouvait s’approcher de ce que vous cherchez… Et le fait est que vous vous investissiez dans une vraie démarche, ce qui n’a rien à voir avec ce qu’apporte les nouvelles technologies. Il y avait jadis un vrai engagement du cinéphile. Vous vous rendiez au video store pour avoir Top Gun et vous avez le film et peut-être un autre film dont vous n’auriez jamais entendu parler. Vous avez loué ces films, payé ces films, donc vous vous devez de les regarder. Et c’est ce qu’on a perdu aujourd’hui, cette notion d’engagement."

 

Photo

 QT et ses bad ass girls sur Boulevard de la Mort

 

Un poil réac’ le père Tarantino ? Il est vrai qu’on ne peut nier une certaine deshumanisation de notre société mécanique et de consommation de masse. Le fait est que son jugement ne s’applique pas seulement au monde du 7e art mais bien à notre monde ultra-mondialisé où ce n'est désormais plus le consommateur qui va au produit mais l'inverse. Constat navrant pour certains mais hélas irréversible, on lui conseillerait de vivre avec son temps mais, à l’image de son cinéma, le monsieur est rétro et regrette une ouverture d'esprit qu'il pense (à juste titre ?) disparue. Compréhensible pour un monsieur qui a fait son éducation au cinéma à errer dans les vidéos club. 

En atttendant son projet de film sur le Los Angeles réveillé et en plein cauchermar de la fin des années 60... 

 

Photo Tarantino

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commentaires
Reallu
25/11/2017 à 14:43

Faut savoir vivre avec son temp hein . Fini les vieu dvd depuis des années . Cdst plus pratique maintenant

bill
24/11/2017 à 13:31

j'adore tarantino mais j'adore aussi netflix je pense que je suis capable de choisir ce qui il a de mieux

AlloMoto
24/11/2017 à 13:24

Non mais le "c'était mieux avant" faut arrêter.
Les VHS se dégradait à une vitesse incroyable, VF obligée et c'était encore pire pour les films de gamins car c'est bien connu : les enfants ont tendance à regarder en boucle les fims qu'ils aiment jusqu'à ce qu'ils en trouvent d'autres !
Et puis quelle est ce monde imaginaire dans lequel il a grandit ? Quand j'allais au vidéoclub et que je me louais un film et que je tombais sur une bouse intergalactique, mon dieu mais j'avais les glandes ! Non seulement je me faisais chier pendant une heure et demie à regarder un truc infâme mais en plus je l'avais payé et fallait que je le ramène ! Pitié. Comment on peut regretter ça ?
Moi le seul regret que j'ai c'est que le cinéma classique soit devenu un privilège ! à 10 balles et des brouettes la toile, c'est pas tous les weekends qu'on peut se le permettre ! Pourtant, ça fait partie de la culture et ça c'est triste car cela devient du luxe !
Netflix, on peut leur reprocher certainement plein de chose mais, côté accessibilité à tous, excusez moi, mais personne ne fait mieux dans ce milieu à l'heure actuelle. Montez une plateforme de streaming monsieur Tarantino si le monopole vous agasse mais il va quand même falloir vivre avec son temps si vous voulez continuer d'exister.

STEVE
24/11/2017 à 11:25

ENTIEREMENT DE SON AVIS.
Et ça ne s'applique pas qu'aux vidéos clubs mais aussi aux salles de cinéma.

edd
24/11/2017 à 08:55

On peut être nostalgique de tout et n'importe quoi et ça se comprend finalement. Je suis nostalgique de mon vidéo-club d'enfance, ce lieu avait quelque chose de fascinant. On ne savait jamais avec quel film on allait ressortir. Le rayon film d'horreur m'impressionnait, et je me rappelle encore du jour où je suis rentré, encore trop jeune, sans le savoir dans le local porno xD
Alors oui il fallait le ramener le lendemain, sauf si t'étais malin tu le louais le samedi pour pouvoir le ramener le lundi ;)
Certains sont aussi nostalgiques de la VHS, pourtant fallait les rembobiner, la VF était imposée, l'image se dégradait vite. Mais le coté analogique a parfois plus de charme que le coté numérique. L'image dégradée d'une vhs peut s'avérer moins gênante qu'un bug technique sur un dvd...
On peut aussi être nostalgique de l'époque où les magazines programme tv avaient leur importance. Télé Loisir avec ses pages BD de Cubitus à la fin... ou TéléK7 avec ses collections de jaquettes (très belles d'ailleurs car affiches originales) des films de la semaine à l'époque où l'enregistrement était une réelle démarche... et a pu faire de bien belles collections. Personnellement, je n'ai plus ces vhs en question, mais j'ai gardé ces belles jacquettes que j'ai pu découpées et en faire une tapisserie. Donc oui aujourd'hui, le support a moins de charme (et c'est un blurayvore qui le dit) et netflix n'en a aucun. On peut apprécier Netflix, moi même j'y passe un certain temps dessus et me permet de voir des films que je n'aurais pas vu ailleurs, surtout qu'il y a un certain choix intéressant très années 90. Mais c'est surtout pour les séries que netflix reste intéressant. Mais ce que dit QT est totalement compréhensible. Perso, même s'il y a des films que je veux voir sur netflix, je préfère encore aller piocher dans ma collection de dvd/blurays les films que je n'ai pas encore vu mais que j'ai pris la peine d'acheter, ce qui sous entend une réelle envie de les voir à la base, que piocher dans un buffet à volonté.

Shagon
23/11/2017 à 22:08

Ouais bah le video-club, fallait encore aller à la ville, chez ces privilégiés ! Pis y retourner le lendemain rendre sa cassette sous peine d'amende ! Y'à quand même tous les culs-terreux qui peuvent se cultiver à domicile maintenant ! Hein Jeanine ?!

Karlito
23/11/2017 à 20:54

Tarentino a bossé dans un video club avant de faire du cinoche. Je peux comprendre sa "nostalgie" et sa démarche. Quand la VHS est arrivé, c'était le cinéma à la maison, quelque chose d'extraordinaire. On matait des films inconnus pour moi avec les copains (j'avais 8 ans...) Des Sergio Leone, des péplums, des Dirty Harry. C'était génial. Ceci dit J'adore aussi Netflix qui m'apporte des films que je n'aurais pas pu voir au cinéma pour cause de budget ou de choix trop restreint. Le cinoche est devenu exceptionnel car trop cher. Quant au vidéos clubs, ils ont fait leur temps, il reste tout de même les médiathèques ou l'on trouve des choses sympas. Autre temps, autre méthode.

mmarvibear
23/11/2017 à 20:42

Il aurait fallu que QT sorte un peu plus dans la vraie vie sans doute. Il aurait vu que rapidement les vidéoclubs ont été remplacés par des bornes de location de K7 ou de DVD, donc déjà plus de vendeurs.

Et sur Netflix, quand vous avez regardé un film, le logiciel vous propose des films qui y sont associés selon les acteurs, les réalisateurs, le genre ou le thème.

Bon je ne dis pas que c'est toujours parfait hein mais faut aussi reconnaitre que la plupart des vendeurs en vidéoclubs étaient pour la plupart des pauvres types qui n'étaient pas la parce qu'ils aimaient le cinéma mais parce qu'ils n'avaient trouvé rien d'autre comme boulot.

John Carpenter
23/11/2017 à 19:29

Nolan crachait sur Netflix également il y a quelques semaines pour revenir sur ses propos ensuite. Il critique le système, lui qui a fermé les yeux sur Weinstein pour qu'il finance ses films. Ce donneur de leçon est à oulblier définitivement !

Kouak
23/11/2017 à 18:49

@Hank...
Lol...
Tu m'as pris de vitesse...
C'est marrant parce que sa déclaration intervient juste après l'annonce de Netflix de ne plus organiser la petite fête post «golden globes» que la plateforme devait organiser avec la «weinstein company»...
Nostalgique oui...Mais de quoi exactement mister Quentin ?

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