Gregg Araki (Kaboom)

Vincent Julé | 7 octobre 2010
Vincent Julé | 7 octobre 2010

Avec des films comme Totally f***ed up,The Doom generationet Nowhere(qui forment la « Teen Apocalypse Trilogy »), le réalisateuraméricain Gregg Araki a prouvé qu'il a tout compris à la jeunesse, dorée commeunderground, (re)joignant ainsi le meilleur de la littérature et de la sérieTV. Après deux « commandes », (Mysterious Skinet Smiley Face),il retrouve ses ados en plein coït et en pleine apocalypse dans Kaboom. Cequi revient au même, non ?

Vous avez maintenant50 ans, et vous continuez à faire des films sur les adolescents,pourquoi ?

Pas toujours... mais souvent, c'est vrai. (rires) J'essaie del'éviter au maximum, et avec Kaboom, je voulais faire non pas unfilm sur les ados, mais ce moment d'une vie - « time of your life » -,situé à l'école ou à l'université, où tu ne sais pas qui tu es, ce que tu vas êtreou faire, et comment tu interagis avec les autres. Je ne voulais pas vraimentretourner à la « Teen Apocalypse Trilogy ».

Pourtant, Kaboom semble d'une certaine manière en êtrele quatrième opus.

C'est lié, à n'en pas douter, mais aussi très différent. Jepense qu'à cette époque de ma vie, je n'aurais pas pu faire TheDoom Generation, de même qu'il y a 15 ans, je n'aurais pas pu faire Kaboom.Je suis à une autre place de ma vie, je suis une personne différente, j'ai plusde maturité, d'optimisme que je n'en avais avant. C'est le résultat d'un longprocessus de vie, d'expériences, de films... comme Mysterious Skinet Smiley Face.

L'adolescence, lelycée ou l'université... est la partie la plus importante d'un Américain. Moinsen Europe ou en France.

Oui, ce n'est pas comme ça chez vous, et je ne sais paspourquoi. Pourtant, vous avez le lycée, l'université...

Le plus étrange estque, pour autant, les Français se retrouvent plus dans vos films, certains teen movies ou autres séries télé.

Très intéressant...  et jene sais pas si le lycée ou l'université sont réellement les moments les plusimportants dans la vie d'un Américain, mais c'est peut-être le pluspassionnant. Dans le sens où plus tu grandis, plus ta vie devient ordonnée,stable, et tu commences à savoir qui tu es, où tu vas, ce qu'est ta vie... C'est ceque j'ai ressenti moi. Mais en tant que réalisateur, des personnages qui sont àce stade de changement, confusion, tumulte sont tout de suite plusintéressants. Leur vie n'est pas ordonné, pas encore écrite et ils s'en révèlenttrès humains.

Vous dites êtreoptimiste aujourd'hui, mais avec vos films précédents, on pouvait dire que vousétiez à la fois utopiste et pessimiste.

C'est une des choses que j'ai trouvé si intéressante avec Kaboom.C'est apocalyptique... littéralement, puisqu'il y a l'apocalypse. C'est donc sombre, mais aussi étrangement jouissif. Untrip sauvage, fun et optimiste. Smiley Face est passé par là. En tant quecinéaste, je ne suis pas intéressé à revenir sur mes pas, à refaire un DoomGeneration ou Nowhere. C'était pessimiste,nihiliste, immature... car je l'étais aussi.

Alors, peut-être que Kaboom est le premier film d'unenouvelle trilogie ?

Il se pourrait que se dessine une sorte de trilogie, mais jene sais pas à quoi pourrait ressembler. Ni d'ailleurs ce que sera mon prochainfilm.

Vous avez prouvé avectous vos films, et surtout les premiers, que l'on pouvait faire du cinéma avec peuou pas d'argent. De quoi a-t-on besoin alors ?

A chaque film que j'ai fait, j'ai appris. Sur Kaboom,le budget et le planning étaient tellement serrés que j'ai dû appliquer tout çapour que le film fonctionne. C'est vraiment prendre ce que vous avez, et fairele mieux possible. Et je dois avouer, que moins vous avez d'argent, plus vous êteslibre. C'était rtès important pour Kaboom, qu'il y ait cette liberté créatrice,cette absence de pression, pour que l'histoire, les personnages, la sexualitéet la folie soient tels qu'ils pouvaient l'être.

Vous êtes aussi unsacré découvreur de talents, d'icônes, comment faites-vous ?

C'est vraiment excitant pour un réalisateur de bosser avecun casting jeune comme celui de Kaboom, tant de promesses et depotentiel. Mais pour les trouver, c'est beaucoup de travail, d'auditions, derencontres et j'ai toujours cette idée très spécifique dans ma tête pour chaquepersonnage. Les acteurs parfaits, les trouver, les faire travailler, les créermême.

Vous n'avez jamaisécrit pour un acteur précis ?

C'est déjà arrivé, mais le plus souvent, c'est le processushabituel de casting et d'auditons. Mais par exemple, pour Roxanne Mesquida dansKaboom,j'ai toujours été fan d'elle, et elle l'amie d'un ami. Ainsi, lorsque j'aiécrit le personnage de Lorelei, je me suis très vite que Roxanne seraitparfaite. Donc je l'ai rencontré et elle a été la première à être castée.

Qu'est-ce le sexe signifiepour vous ?

On peut le voir dans mes films, j'ai toujours été fascinépar le sexe et la sexualité. Mais pas dans un rapport à la nudité ou à lapornographie, c'est vraiment l'interaction entre les personnages à ce momentprévis, lorsqu'ils font l'amour, qui m'intéresse. Car ils sont littéralementnus, pour leurs vêtements mais aussi pour leurs émotions. Vous pouvez alorstoucher à une certaine vérité, et le cinéma est le seul à pouvoir témoigner deces moments privés et privilégiés.

Et votre prochainprojet ?

Je travaille toujours sur plusieurs choses en même temps, j'aidonc quatre ou cinq projets sur lesquels je suis depuis plusieurs années. Et l'unprendra forme plus vite que les autres, mais je ne sais pas encore lequel.

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