Clovis Cornillac - Entretien avec un winner

Didier Verdurand | 14 novembre 2009
Didier Verdurand | 14 novembre 2009

Le 1er septembre 2004 apparaissait sur la Toile un site que vous devez connaître puisque vous y êtes : Ecran Large. Clovis Cornillac avait eu la gentillesse de nous faire confiance et nous avait rencontrés en août pour notre premier entretien. C'est donc avec un plaisir particulier que nous l'avons retrouvé au Festival du Film de Sarlat pour parler de son nouveau film, La Sainte victoire de François Favrat, dans lequel il forme un terrible duo avec l'étonnant (si !) Christian Clavier.

 

Tu as été dans une vingtaine de films depuis notre première rencontre... Combien de scénarios réussis-tu à lire par mois ?

On a essayé avec mon assistant de faire une moyenne et nous sommes arrivés à deux par semaine. Ensuite, le choix est lié à des moments. Je ne vais pas faire 4 grosses comédies la même année, cela dépend des projets pour lesquels j'ai déjà signé car ce qui m'amuse, c'est passer d'un genre à l'autre.


On sait que tu es passé à côté de Rush hour 3, Da Vinci Code et Munich. Une autre production américaine à rajouter à la liste ?

Inglourious basterds. C'est très flatteur et je suis ravi de voir les américains s'amuser avec nous et je ne veux pas me la péter en disant que j'ai refusé ces films, j'avais vraiment de bonnes raisons à cause de mon calendrier. Cela dit, quand on voit les rôles pour lesquels ils pensent à nous... Il y a un peu ce côté Américains qui nous regardent de haut en se disant « Tiens, on va prendre un p'tit français pour faire le truc mais quitte à en prendre un, autant qu'il soit une vedette dans son pays ! » Je ne vais pas refuser des films français qui me tiennent à cœur pour 4 scènes dans un film américain et dire après que j'ai tourné avec Machin, même si je l'aime beaucoup. Parfois, je reconnais que ça donne de bons rôles. Par exemple, quand Vincent Cassel accepte de tourner pour David Cronenberg, il a raison. On s'en fout de la nationalité du film, dans ce cas ! Mais c'est l'un des rares à qui on fait ce genre de propositions. Nous autres, c'est plutôt pour remplir des cases.

 

Tu n'étais pas excité à l'idée de rencontrer Tarantino ?

Je ne suis pas un journaliste passionné de cinéma et encore moins une midinette ! J'aime jouer avant tout. Bien sûr que j'aimerais faire un film avec un acteur comme Dustin Hoffman mais parce qu'il est bon et non parce qu'il a une renommée internationale que je n'ai pas. Nous sommes dans un rapport équivalent au travail.

 

Tu lis les critiques ?

Non mais les gens se chargent de te prévenir si tu es allumé quelque part. Pendant un moment, les médias m'ont porté, ils étaient carrément adorables. Après tu commences à faire partie des meubles. Ce n'est pas un désamour mais ça se rapproche de l'indifférence.

 

On entend des vannes du genre « Tiens, un film français sans Clovis Cornillac ! »...

Bah, ce sont des formules... C'est surtout dommage quand on ne parle plus du travail mais qu'on donne un simple avis. J'ai l'impression que c'était plus étayé avant pourtant mon implication est la même.


Venons-en à La Sainte victoire. Tu es arrivé avant ou après Clavier ?

Avant. François Favrat m'a contacté parce qu'il pensait à moi pendant l'écriture. Il m'a donné le scénario en disant « Je ne veux pas vous mettre la pression mais si vous me dîtes non, je suis dans la merde ! » Il est toujours très touchant de savoir qu'on est le moteur dans le fantasme d'un auteur. Je trouve ça génial car on se dit qu'on sert à quelque chose.

 

Ton duo avec Clavier est formidable. Mais soyons honnêtes, il est impossible de ne pas penser à un moment ou un autre à Sarkozy en regardant Clavier. Vous en avez parlé ?

On n'a pas parlé de leur amitié car ça ne regarde qu'eux. Et puis déjà qu'il en parle peu dans les médias, ce n'est pas moi qui vais relayer des infos sur leur intimité ! En revanche, on a beaucoup parlé d'autres sujets, on s'est découvert et on a pris énormément de plaisir à bosser ensemble.

 

Quand Astérix rencontre Astérix, ils parlent d'Astérix ?

En fait ce sont les journalistes qui m'en parlent depuis peu mais nous n'avons jamais évoqué Astérix et ses tournages ! C'est rigolo... (On a peine à le croire mais Clovis n'est pas du genre à raconter des bobards, même s'il a excellé dans Mensonges et trahisons, Ndlr) Christian est un intellectuel et même si je ne partage pas toujours ses opinions, tout ce qu'il dit est intéressant.


Ton personnage aime le luxe. Et toi ?

J'ai toujours aimé ça. Pendant mes premières tournées de théâtre, je gardais tous mes défraiements pendant que je vivais dans des taudis et mangeais très peu. Pour garder le liquide et inviter ensuite une fille dans un grand hôtel ! J'aime ce qui est futile car c'est ce qui donne sa vraie place à l'argent. L'argent est une forme d'obsession et de maladie et il faut s'obliger, quand on a la chance d'en avoir, à l'apprécier sans le gaspiller. J'aime le luxe car c'est agréable, et à la fois ce n'est rien. Je rencontre beaucoup de nantis maintenant que j'évolue dans un certain milieu - loin derrière celui des produits pharmaceutiques ou autres grandes richesses - et je ne vois pas que du bonheur. Donc je ne me laisse pas enivrer non plus.

 

Tu sors d'un tournage en Guyane et j'ai lu qu'une mygale t'était tombée dessus en pleine jungle. Ta réaction ?

Penser à Indiana Jones et lui donner une petite claque. Je suis tellement con quand je suis à fond dans un rôle, je peux croire à ce que je fais et là, je jouais un aventurier... Je me serais retrouvé devant un tigre, je l'aurais affronté.

 

Propos recueillis par Didier Verdurand à Sarlat.

Autoportrait de Clovis Cornillac.


 

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