Bernard Campan (Une semaine sur deux...)

Jean-François Erdeven | 18 juillet 2009
Jean-François Erdeven | 18 juillet 2009

Dans le film d'Ivan Calbérac il est l'ex-mari de Mathilde Seigner et le père de Bertille Chabert. Rencontre avec Bernard Campan qui nous raconte son expérience sur le tournage de Une semaine sur deux (et la moitié des vacances scolaires) .

 

Pourquoi avez-vous choisi ce rôle ?

C'est pas tant le sujet, l'idée qui remporte la décision que la façon dont s'est abordé, et ce qui transparaît dans tout ça. J'ai senti que le sujet était bien traité, plein d'humanité, drôle et touchant. On allait vers quelque chose de positif malgré tout. C'est comme la conclusion de la petite Léa: « je ne pensais pas tenir la bonne famille, en fait si ». C'est un peu tout ça qui l'a emporté avec mon personnage que j'ai trouvé ouvert à l'autre, plein de grandes idées, dans l'éducation et qui a un mal fou dans le relationnel avec son ex-femme. Avec sa petite amie il est coincé dans des histoires d'âges « trop vieux, trop jeune ». Et avec sa fille, il ne supporte même pas qu'elle puisse embrasser un garçon à 13 ans. Il est plein de contradictions et je me suis bien reconnu là-dedans. Des bonnes idées, des bons sentiments mais la mise en pratique n'est pas toujours là...

 

On sent que vous y mettez de vous même, que vous êtes très proche de vos rôles...

Je ne sais pas avec le temps comment je vais évoluer, est-ce qu'on aura toujours cette sentation qu'au final c'est un peu moi. Je crois que même en essayant de faire une composition, je n'arrive pas à composer quelque chose qui soit trop loin de moi. On verra les propostions à venir mais j'aime l'idée de composer des personnages qui ne me ressemble pas mais je dois les aborder en trouvant les points communs, sinon ça ne marche pas, ou alors on est dans de l'absurde ou une forme qui me touche moins. Ca me fait plaisir que vous me disiez qu'on me retrouve dans le pesonnage, c'est tout à fait possible quand au départ je sens un lien avec le personnage. Le côté thérapeute, new age et contradictoire me touche beaucoup.

 

 

 

La scène des câlins, il y a très peu d'acteurs en France qui auraient pu la rendre crédible...

Ivan m'a mis dans des bonnes conditions, on a très peu répété. Il y avait des gens et des figurants, et une petite dame approche âgé d'environ 70 ans est venue me faire un câlin, ça m'a touché et puis je sentais ma difficulté à m'exposer pour faire ça. Dans ces moments là il faut faire confiance, on en a parlé avant avec Ivan, faut jouer ce que je suis, ce que j'aurais fait si j'avais été obligé de le faire ou si je mettais obliger à le faire. Attendre, lever mon panneau avec ce petit malaise et cette envie de faire plaisir.

 

Je trouve qu'il y a un peu plus d'affection pour votre rôle que pour celui de Mathilde, qui est un peu « la chieuse de l'histoire », ce qui colle un peu à Mathilde qui est un peu « grande gueule », est-ce que c'était sympa de jouer le bon rôle ?

Au niveau jubilatoire pour un comédien, c'est aussi intéressant de jouer les salauds que les gentils. Mais c'est intéressant de voir que Mathilde se cache pour ne pas pleurer devant les enfants, c'est une attitude masculine. Là les hommes se montrent plus tels qu'ils sont et les femmes sont plus résistantes. Donc c'est aussi une image qui montre des tendances qu'il y a actuellement dans notre société, les femmes se masculinisent et les hommes se féminisent.

 

C'est aussi sympa de sortir avec une femme de 25 ans...

Ca fait partie des petits bonus de ce métier, de pouvoir tenir dans ces bras une charmante jeune fille, en l'occurence Judith Davis. Il y avait même une scène qui a été coupée au montage avec Anne Charrier qui joue la maîtresse d'école, il avait une petite aventure avec elle. Donc j'ai quand même été gâté. On s'embrassait fougeusement mais il ne voulait pas aller plus loin.

 

 

Il est un peu dégeulasse avec elle...

Oui, il assume pas, il est contradictoire une fois de plus. Il dit à sa fille « faut ouvrir son coeur, faut assumer » et puis il prend la fuite, il est trouillard, lâche comme la plupart des hommes.

 

Ce qui est intéressant c'est cette idée que dans de telles situations les plus adultes sont les enfants...

Ca peut-être un travers qu'on peut avoir dans certains films de comédie de mettre trop de maturité aux enfants. Là le petit est branché écologie, ça reste dans le domaine de la comédie mais les enfants sont plus juste avec ce qu'ils ressentent alors que les adultes trichent avec leur ressentis. C'est ça qui leur donne un peu plus de maturité.

 

Ils s'adaptent très bien alors que les adultes sont un peu perdus...

Je crois que c'est souvent comme ça. J'ai deux enfants de 12 et 7 ans, c'est étonnant que quand on se justifie, le gamin vous regarde et il n'a pas envie de cette justification, c'est nous qui compliquons les choses. Je pars du principe que quand on explique à un enfant qui doit pas faire quelque chose et que l'explication prend plus d'une phrase, c'est que déjà on essaye de se dédouanner de quelque chose. Donc faire les réponses les plus courtes, les plus simples et les enfants nous amènent à être au plus juste, au plus vrai mais on y est jamais.

 

 

Un petit mot sur votre fille qui est incroyable dans le film, on dit toujours que le plus compliqué c'est de jouer avec les enfants, les animaux...

C'est les trois B, les bateaux, les bébés et les bêtes. Là les enfants ils sont grands mais ils peuvent avoir une carence affective et sur le plateau on joue un peu un substitut de papa, et c'est parfois lourd à porter. Là c'était pas du tout le cas, je me sentais pas obligé, avec Jean-baptiste j'ai un peu discuté et joué avec lui. Et Bertille, d'emblée au premier repas avec Ivan, j'ai vu cette jeune fille qui se posait des questions très profondes, sur la vie, la mort, métaphysique, sur le sens de la vie. J'ai senti une grande profondeur chez cette petite Bertille. Elle porte en elle, une maturité qui n'est pas chez tous les enfants à cet âge là.

 

Ils progressent très vite...

Il y a une maturité de surface, une fausse maturité. Les enfants vont maîtriser une Game Boy dix fois mieux que nous, alors qu'auparavant c'étai toujours l'ancien qui montrait à l'enfant le savoir faire. Là les enfants ont un savoir faire mais c'est pas vraiment la maturité, mais certains enfants ont une maturité et une profondeur que les adultes n'ont pas, c'est le cas de Bertille. Pour l'agacer je la ramène souvent à son âge, mais elle a vraiment une profondeur que je trouve étonnante.

 

Et la question qui revient le plus souvent, c'est pour quand Les Trois frères 2 ?

C'est compliqué pour moi, je ne sais pas. J'ai du mal a me retrouver dans un jeu de comédie, si je peux le faire c'est dans le cadre des Inconnus. Mais pour des raisons personnels je me sens pas de retravailler, co-écrire, co-réaliser donc je fais une proposition de paresseux, je suis pas contre, écrivez et je verrais. Mais fondamentalement je me sens pas y retourner, en même temps je me vois pas refuser ça aux autres qui attendant ça avec beaucoup d'impatience. Je suis pas très à l'aise avec ça. On l'a vu Les Bronzés 3 Amis pour la vie, je suis persuadé, je les connais pas tous, ils y sont allés confiant en se disant « On a trouvés l'idée. L'idée c'est qu'on est des vieux cons, on va jouer tels qu'on est devenus, des vieux cons. ». Ils se sont confortés dans l'idée qu'ils avaient leur truc mais à l'arrivée tout le monde dit que c'est pas bien. Donc je pense que même en déployant des efforts, en le faisant plus sincèrement et plus professionnellement que le Splendid, on risque de n'arriver qu'à faire un coup effectivement. Nous n'arriverions pas à donner ce qu'on a envie de donner donc ce serait critiquable. Ce serait une opération financière, gagner de l'argent et renouer avec le succès.

 

 

 

Mais plus vous attendez, plus l'effet va s'amplifier...

Je sais pas, on verra, ça se fera peut-être. Didier me dit « on sera différents, on va mettre de l'émotion, y'en a un qui peut mourir... », moi je dis si on fait les Trois frères 2 c'est qu'on va délirer, on va déconner. Même avec Didier on a du mal à se suivre, à se comprendre, donc ça risque d'être très difficile.

 

Interview par Laurent Pécha

Retranscription par Jean-François Erdeven

Un grand merci à Bernard Campan

 

Son portrait chinois podcasté : 

 

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