Vince Vaughn (La Rupture)

Didier Verdurand | 16 juin 2007
Didier Verdurand | 16 juin 2007

Aussi à l'aise dans la comédie (romantique ou non), le fantastique, le thriller ou n'importe quel autre genre, Vince Vaughn est aujourd'hui l'un des producteurs heureux de La Rupture qui marche très bien aux États-Unis malgré des critiques souvent dures. Son histoire avec Jennifer Aniston fait les choux gras de la presse-poubelle mais pas question de perdre du temps avec ces salades, votre dévoué journaliste est un pur fan de Vince depuis la première heure, ce qui le met immédiatement à l'aise - pas d'entourloupe à l'horizon. Malgré ses 1m 96, Vince Vaughn n'est pas du genre à prendre de haut. Il demande même la permission de fumer une cigarette alors que d'autres vous enverraient la fumée dans la gueule sans le moindre souci. C'est anecdotique, mais très révélateur de sa grande gentillesse. Une interview comme on aimerait en avoir plus souvent, yeah baby...

 

Alors voilà, quand on décroche un tête à tête avec l'un de ses acteurs préférés, à l'occasion d'un film qui ne restera pas parmi ses meilleurs, il est préférable de parcourir dix ans de carrière, même si 20 minutes est une durée un peu trop courte pour cet exercice - il faut bien en laisser aux autres ! Visiblement heureux de ne pas avoir à répéter les mêmes couplets débités durant toute la promo de La Rupture, Vince Vaughn a bien voulu revenir sur une sélection de ses films. Sa première apparition sur un écran date de 1993, dans Rudy de David Anspaugh, l'un des meilleurs films sportifs de tous les temps selon notre éminent spécialiste Laurent Pécha. Jon Favreau, l'un des rôles principaux, a dévoilé comment Vince a obtenu le rôle et l'histoire circule sur le web : « Deux comédiens avaient été sélectionnés pour ce personnage et David découvre leurs essais sur cassette vidéo. Et soudain apparaît à l'écran ce très beau jeune homme. L'assistant du réal s'exclame : Oh my God ! He's hot ! Le réalisateur a aussitôt enchaîné : Bon, fais ch… Je ne vais pas employer ce gars. Et ils ont pris Vince à la place. »

 

 

Info ou intox ?!
Vince Vaughn : C'est la vérité, Jon me l'avait raconté à l'époque. (Rires) C'est parfois une chance d'être moins beau qu'un autre… Je ne peux pas me moquer de la manière dont Jon a décroché son rôle parce que c'est assez classique. Il faisait de l'impro à l'époque à Chicago et il se sentait suffisamment à l'aise pendant les essais pour improviser et changer des répliques, ce qui avait plus à David Anspaugh.

 

La rencontre avec Jon Favreau


C'était sur le plateau de Rudy et on s'est vite rendu compte que nous partagions le même sens de l'humour, parmi d'autres points communs. On aime bien se moquer des gens en balançant des vannes dont le but est de faire rire, pas de blesser. Nos caractères se sont avérés parfois éloignés, par exemple Jon s'investissait plus sérieusement que moi dans le film. Je n'avais que 4 jours de tournage et j'étais plus relax, je devais insister pour qu'il sorte en ville. Séduits par nos différences, nous nous sommes rapprochés. Nous avions un but commun - faire du cinéma - et on a rapidement compris que notre complémentarité nous permettrait d'avancer. Nous avons beaucoup appris mutuellement.

 


 

Swingers


Après Rudy, Jon s'est installé à Los Angeles, laissant une rupture à Chicago. Il est donc arrivé déprimé, à une période où je sortais très fréquemment. En particulier dans des clubs de swing dancing où se trouvait une clientèle très sympathique, avec qui on pouvait facilement engager des conversations très intéressantes. Et j'ai naturellement entraîné Jon dans ces nuits, en lui disant qu'il devait oublier son ex-copine et en trouver une nouvelle – ce n'est pas le choix qui manquait. Il a fini par reprendre le dessus et je lui ai dit que je voulais écrire un scénario parce que j'en avais marre de cette vie qui se réduisait à aller à des auditions qui n'aboutissaient pas. Nos sorties étaient un bon point de départ tellement elles étaient vivantes. Jon n'a rien répondu et deux semaines plus tard, il avait écrit Swingers, qui racontait son histoire et notre amitié. J'ai trouvé ce scénario excellent et j'ai arrêté d'écrire de mon côté pour chercher avec lui un producteur.

 


 
   

 

Nous avons voulu présenter Swingers au Festival de Sundance et ils ont refusé. Ce n'était pas un film classique, même dans le circuit indépendant. Heureusement, Miramax nous a remarqué et a décidé de le distribuer. Pour un film sorti de nulle part, ce fut un gros succès (4,5 millions de dollars, Ndlr.) et le phénomène s'est surtout ressenti à Los Angeles et à Londres. Son succès n'a rien changé de mon côté pour ce qui est des filles. Je suis un peu comme Trent et j'ai toujours été à l'aise avec elles. Je dirais même que je m'amusais nettement plus à draguer une fille avant d'être connu parce qu'elle avait autant à découvrir que moi… Mais c'est vrai que ce succès a aidé Favreau à remonter pour de bon la pente avec le sexe féminin.

 

 


 

 

Spielberg

 

 Nous voulions utiliser la musique des Dents de la mer pour la scène ou Trent tombe sur une folle qui raconte sa vie. Spielberg a visionné Swingers avant de donner une réponse positive, parce que le film lui avait plu. Et il m'a proposé un rôle dans Jurassic Park 2. Le scénario n'était pas écrit mais il voulait savoir s'il pouvait compter sur moi. Il faut savoir que nous avions tourné Swingers sans autorisation, nous n'avions pas un rond et il nous arrivait de filmer clandestinement. Par exemple dans la scène où l'on quitte Vegas et je m'arrête au bord de la route pour faire pipi, des flics sont venus vers nous pour dire qu'il était interdit de filmer comme ça, sans prévenir ! Vous pouvez d'ailleurs entendre la sirène de leur voiture pendant la scène, parce que pendant que Doug Liman s'expliquait avec les flics, on continuait de prendre des prises avec le reste de l'équipe. Alors quand on vous parle de Jurassic Park 2, vous pensez avant tout à une blague. Mais j'ai répondu oui, bien sûr. (Rires)

 

   
   

 

Le Monde perdu


Steven est quelqu'un de très respectueux avec son équipe, le tournage a été un réel plaisir même si j'espérais que le scénario donne plus d'importance aux personnages humains, un peu comme dans Les Dents de la mer alors que là, c'était vraiment les dinosaures qui passionnaient Steven. Mais c'était une chance incroyable de faire partie de cette aventure. Ce film a été un énorme succès et m'a donc offert une plus grande visibilité, mais j'ai plus ressenti l'impact de Swingers parce que ma performance dedans raisonnait plus dans les esprits.

 

 
   

 

Psycho


J'étais fan de Gus Van Sant, j'avais beaucoup aimé Drugstore cowboy, My own private Idaho et Prête à tout et j'étais ravi qu'il me propose de travailler avec lui. Je n'ai pas développé ma culture de manière « religieuse » dans le sens qu'on ne m'a pas appris qu'il était interdit de refaire ce qui a déjà été fait, que ce soit un spectacle, une pièce, un film, un disque… Donc je n'ai pas été choqué par les intentions de Gus. Psychose est un des films qui a donné envie à Gus de réaliser des films, et il a voulu lui rendre un hommage. Tous les descendants d'Hitchcock nous ont aidé et encouragé, et quand les réactions agressives sont arrivées à Hollywood, nous sommes tombés à la renverse, on ne s'attendait pas à un tel abattage. En tout cas je reste convaincu que c'était une démarche intéressante.

 


 
   

   

The Cell


C'était sympa de bosser avec J-Lo mais ce qui m'avait surtout attiré dans ce projet était de bosser avec Tarsem, j'étais ébloui par la vision qu'il me donnait de son film. Pour moi, regarder The Cell, c'est comme aller dans un musée, tant le visuel est riche. Mais je ne pourrai pas contribuer à la légende qui veut que Jennifer Lopez se comporte comme une diva. Elle a été très discrète, disponible et elle était restée très simple, aucun caprice de star à déclarer !

 


 

Made


Jon a très bien maîtrisé la situation, ce qui n'était pas forcément évident pour un premier film mais nous l'avions entouré de grands artistes, comme le chef-op Christopher Doyle qui avait déjà travaillé avec Gus Van Sant et Wong Kar-Wai. Il y avait une certaine pression puisqu'il s'agissait indirectement d'une suite de Swingers, du moins c'est ainsi que le percevaient les spectateurs. C'est assez troublant de voir des jeux qui peuvent paraître similaires malgré des personnages très différents. On s'est bien amusé à le faire et tout le monde en garde de bons souvenirs.



 

 

Ben Stiller


J'avais déjà collaboré avec Ben Stiller à l'occasion d'une apparition dans Zoolander. C'est lui qui m'a choisi pour jouer le méchant dans Starsky & Hutch. Le réalisateur Todd Phillips m'avait déjà dirigé dans Retour à la fac donc le lien s'est renoué facilement. Mon personnage était cartoonesque, un bonheur d'acteur. Mon rôle dans Même pas mal ! (Dodgeball) était aussi agréable à interpréter et encore une fois, c'est Ben Stiller qui m'a mis sur le coup. Je vais devoir dire que je lui dois beaucoup, on va arrêter de parler de ces films ! (Rires)

 

Ces succès vous ont permis de ne plus passer par la case casting ?
Honnêtement, c'est déjà depuis Swingers que je n'ai plus à passer par cette case. La seule et grosse différence se situe dans le nombre de propositions que vous recevez. Il faut apprendre à faire des choix car vous vous retrouvez face à des projets excitants et il est impossible de tout accepter.

 


 

Mr. & Mrs. Smith


Les retrouvailles avec Doug Liman furent à la hauteur de mes espérances. Il m'a demandé de participer à ce film surtout pour lui rendre service – à l'origine, je ne devais avoir que 2 jours de tournage. J'ai accepté ce rôle finalement plus important à condition qu'elles soient tournées à la Swingers, c'est-à-dire dans l'impro la plus totale. Je ne voulais pas réciter des dialogues, on va dire trop classiques, je voulais m'amuser, tout simplement, pour que le personnage existe réellement. Brad Pitt est complètement rentré dans le jeu et s'est parfaitement adapté. C'est un excellent comédien qui manie très bien l'humour, ce n'est pas le genre d'acteur qui tire toujours la couverture à lui.

 

   

 

 

La Rupture


On ne va pas y aller par quatre chemins : Pourquoi avoir retourné la fin ?


J'adore le cinéma américain des années 70, influencé par le cinéma européen de l'époque, lui-même influencé par le cinéma français. Les fins sont rarement très claires, il arrive même qu'elles soient très floues, car très ouvertes. C'était facile de prendre cette direction avec Swingers et Made. D'ailleurs, ces deux fins n'étaient pas à l'origine dans leur scénario, il a fallu un certain temps avant qu'elles nous apparaissent comme les meilleures possibles. Nous avons écrit La Rupture en toute liberté et c'est après que nous nous sommes adressés à Universal qui a été courageux de nous suivre sans nous demander de changer quoi que ce soit. Ce n'est pas le genre de comédie dans lequel s'engagent les Majors. Arrivent les projections-test et manifestement, la conclusion n'était pas assez optimiste au goût des spectateurs. Ces pratiques sont très courantes, pour savoir quel est le meilleur cap à choisir et il arrive très souvent qu'une fin soit retournée. C'est presque banal pour un Studio. Nous avons réfléchi et... SPOILER - l'interview est terminée pour ceux qui ne veulent pas en savoir plus sur la fin ! Pour les autres, regardez sous les photos ci-dessous (les fins de Swingers et Made).

 

   
   

    

Mon personnage, Gary, se montre quelques mois après sa séparation sous un nouveau jour. Il a changé, il parait plus en forme, il a retrouvé son humour, il fait plus attention à lui, à son apparence. C'est dans la logique du film de le retrouver transformé en mieux, nos intentions n'ont en aucun cas étaient bouleversées car c'est ainsi qu'on voyait son évolution ! Et il n'est pas question de tomber dans un happy end qui les remet ensemble. Là, vous ne savez pas. Mais quoi qu'il arrive, ils ont bien fait de se séparer car au bout du compte, ils sont plus heureux, ils ont retrouvé une certaine sérénité qui leur permet de voir l'avenir avec optimisme, séparément ou qui sait, ensemble. Par chance, mon poids a suivi la bonne flèche. J'ai arrêté de fumer juste avant le tournage donc j'ai grossi, et au bout de 8 mois je me suis dit qu'une cigarette ne me ferait pas de mal... Je suis retombé dedans. J'ai donc perdu sans effort les kilos accumulés, et j'avais finalement le poids idéal pour la fin définitive, qui encore une fois, je veux rassurer tout le monde, me satisfait totalement. Qu'on n'aille pas croire que les projections-test nous ont dicté une nouvelle fin et que nous avons accepté pour les beaux yeux du Studio, c'est complètement faux.

 

 

Propos recueillis par Didier Verdurand.
Autoportraits de Vince Vaughn.

 

 

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