Andy Fickman et Christine Lakin (Reefer madness)

Laurent Pécha | 1 mars 2006
Laurent Pécha | 1 mars 2006

Après avoir adapté avec succès sur les planches Reefer madness, comédie musicale qui s'inspire d'un film de 1936 de propagande contre les dangers de la marijuana, Andy Fickman tourne en 2004 sa version cinéma. Venu présenter le film à Deauville en septembre 2005, accompagné d'une de ses actrices et accessoirement sa petite amie, la sublime Christine Lakin, le cinéaste nous a parlé avec enthousiasme de ce projet déjanté et euphorisant qu'est Reefer Madness.

 

 

Les origines du film

 

Reefer madness est basé sur un film de 1936 intitulé à la base Tell your childrens, un film financé par l'Église et soutenu par le gouvernement. C'est à l'origine une œuvre antimarijuana produite dans le but de prévenir les parents des dangers qu'encouraient leurs enfants à fumer une telle drogue. On le projetait dans les écoles pour les avertir que s'ils fumaient de la marijuana, ils allaient devenir fous. Puis dans les années 1960, il fut projeté dans les drive-in à la séance de minuit, et les jeunes venaient le voir pour fumer et se défoncer.
Quand les deux auteurs de la pièce, Kevin Murphy et Dan Studney sont venus me voir pour me proposer d'adapter Reefer madness en comédie musicale, j'ai tout de suite éclaté de rire. Je connaissais le film par cœur. Il faut savoir qu'aux États-Unis, Reefer madness est considéré comme l'un des plus mauvais films de tous les temps, à l'instar des films d'Ed Wood. La pièce a connu un énorme succès à Los Angeles, des gens comme Warren Beaty, Mel Brooks, Keanu Reeves sont venus la voir. Ce qui a grandement facilité l'adaptation cinématographique.

 

 

 

 

L'adaptation de la pièce

 

Pour des raisons budgétaires, dans la pièce, des acteurs étaient obligés d'interpréter plusieurs rôles. Le comédien qui jouait Jésus-Christ avait également le rôle du méchant, celui qui vend la drogue aux étudiants. On s'est d'ailleurs inspirés de cette situation pour créer une des idées du film, à savoir qu'Alan Rickman, qui interprète le répresseur de torts, celui qui condamne la marijuana, s'octroie également les plus beaux rôles dans le film qu'il projette aux parents. La chanson « Mary Jane, Mary Lane » a été spécifiquement écrite pour le film pour simplifier certaines situations.

 

 

L'influence du Rocky horror picture show

 

C'est le film qui m'a le plus influencé. J'ai du le voir plus de 300 fois. Il a fait partie intégrante de mon adolescence, j'allais systématiquement aux différents shows dans les séances de minuit. Et je suis ravi maintenant que Reefer madness prenne un peu le relais avec ces gens qui viennent voir la pièce déguisés en zombies ou en amenant des faux joints pour les lancer sur scène. J'aime l'idée que peut-être dans vingt ou trente ans, des spectateurs le découvriront et continueront à s'amuser.

 

 

 

Un plateau enfumé ?

 

Les joints utilisés dans le film n'étaient pas des vrais. Je le jure (rire général). Comme nous tournions à Vancouver, la capitale mondiale du pétard, je ne sais pas. Peut être que les acteurs… Je ne sais pas, je suis seulement le metteur en scène ! Pour des soucis d'authenticité, nous avons demandé au gouvernement si on avait le droit d'utiliser des vraies plantes de marijuana. Et ce qui est très amusant, c'est qu'ils ont mis plus de deux semaines pour nous répondre, alors que nous pensions qu'ils allaient nous dire non tout de suite. Finalement, ils ont quand même repris leurs esprits et ont répondu négativement à notre demande. Heureusement, on a trouvé une plante qui ressemblait beaucoup à la marijuana. Pour les joints, on a réussi à dénicher une cigarette qui se consume comme un joint. Tous les jours, on avait une petite équipe de personnes qui était uniquement chargée de rouler les milliers de joints.

 

 

 

 

Un film censuré ?

 

Quand on a cherché le financement pour le film, on est allé voir de nombreux studios et tous ont émis des réserves. Un studio voulait qu'on supprime tout le sang présent dans les séquences finales. Un autre voulait changer le titre, un autre voulait que l'on change la fin… Avec Showtimes, tout a été simple : j'avais carte blanche. Ils savaient ce que j'allais faire car ils connaissaient bien la pièce.

 

 

 

 

Un film anti-Bush prémonitoire ?

 

Je l'ai vu venir. Je suis un peu Nostradamus sur ce coup-là (Rire). Le film est là pour rappeler que notre gouvernement a tendance à nous faire passer des vessies pour des lanternes. En gros, ils nous disent que si cela vient d'eux, c'est forcement vrai. Il y a un dialogue dans le film qui souligne cela (« J'ai reçu un courrier du gouvernement ». « Du gouvernement ! C'est que ça doit être vrai alors ! »).
À la première du film au festival de Sundance, quand Alan Cumming parle d'un « fou à la Maison Blanche », le public rit et applaudit. D'ailleurs, le jour des élections, mon producteur qui est un anti-Bush, est venu me voir alors que je montais le film, et en évoquant le sinistre résultat, il m'a dit : « C'est une bonne nouvelle pour notre film, car maintenant le dialogue est encore plus drôle ».

 

 

 

 

Christine Lakin en Jeanne d'arc

 

Andy m'a donné tout un tas de documents pour que je sois briefée sur le personnage. Mais même si cela partait d'une bonne intention et que cela semblait bien sérieux au départ, les influences qu'il m'a citées sont plus à chercher du côté de Monty Python : Sacré Graal que du côté du Jeanne d'Arc de Luc Besson (Rire).

 

 

 

 

 

En bonus, voici un diaporama du séjour d'Andy Fickman et Christine Lakin à Deauville. La règle : on leur a laissé un appareil jetable, ils étaient libres de prendre ce qu'ils voulaient…

 

 



   
   
   
   

 

    

 

Propos recueillis par Vincent Julé et Laurent Pécha.
Autoportraits d'Andy Fickman et Christine Lakin.

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