Ryan Gosling (The United States of Leland)

Didier Verdurand | 1 mars 2005
Didier Verdurand | 1 mars 2005

Au milieu de tous ces comédiens venus à Deauville avec leur sourire Ultra Brite et les paillettes dans les cheveux, Ryan Gosling est totalement décalé, avec son look grunge du haut de ses 1m85 et de ses 22 ans. Clope au bec, canette de bière à la main, il est bien loin du personnage introverti de Leland qui l'a fait venir sur les planches. Mais derrière cette apparence nonchalante se cache un talent indéniable. Révélé au Festival de Sundance 2001 en interprétant un skinhead juif dans Danny Balint, il a depuis marqué les esprits dans Calculs meurtriers où il tenait tête à Sandra Bullock. Un acteur à suivre…

Vous êtes canadien, comment avez-vous atterri à Hollywood ?
Déjà à Montréal, j'essayais de m'incruster dans la production de certains films. À 18 ans, j'ai emménagé à Los Angeles, et j'ai retrouvé mon ancien agent de Montréal qui s'était installé à L.A. et qui était monté en hiérarchie. Je l'ai appelée, elle m'a écouté et aidé.


Vous ne faites pas partie de la bande des jeunes teenagers qui font des films pour les ados de leur âge ?
J'ai le sentiment que je poursuis une route continue, qui respecte les films que j'ai faits précédemment. Je préfère intéresser un public qui est à la recherche d'un soutien, d'une aide, plutôt que de paraître comme un beau minet. Je veux être productif.

Jouer dans Calculs meurtriers a-t-il été une étape dans votre carrière ?
Pas vraiment. En fait, peu importe le budget, qu'il soit important ou non. Je sentais que je pouvais incarner ce personnage. Nous avons donné le meilleur de nous-mêmes, et c'est dommage que le succès n'ait pas été au rendez-vous. Barbet Schroder est un réalisateur passionné, et c'est très excitant d'être à ses côtés. Il a tellement de centres d'intérêt, il a tellement voyagé, vous ne pouvez pas rester insensible à tant de qualités !


Racontez-nous votre rencontre avec Matthew Ryan Hoge…
J'étais à Montréal et je reçois un appel de mon agent qui me dit avoir lu un scénario magnifique. Elle voulait organiser un rendez-vous avec son auteur. Il a reçu une cassette de Danny Balint, et ne m'imaginait pas en Leland. J'ai quand même insisté pour le voir, au moins pour lui faire part de l'admiration que j'avais pour ce scénario, et avoir le privilège de lui serrer la main ! Au bout du compte, il m'a fait passer une audition, et il a cru en moi.

Le reste du casting est aussi impressionnant.
Tout à fait. C'est comme un arbre qui s'impose par la beauté de ses branches ! Jena Malone est fucking good, sans oublier Martin Donovan, Chris Klein, tous les autres. Le casting avait une importance particulière dans la réussite du film, chacun était à sa place et s'est donné à fond. Travailler avec Don Cheadle a été une expérience inoubliable. C'est un acteur honnête, et quand vous jouez une scène avec lui, vous voyez dans ses yeux le personnage, ce n'est pas comme certains qui pensent déjà à la réplique suivante, ou qui se demandent de quoi ils ont l'air devant la caméra !

La concurrence est rude à Hollywood ?
Tellement de films sont faits, je ne ressens pas de compétition. Il doit y en avoir une pour obtenir des rôles dans des blockbusters, mais ce n'est pas mon trip. J'ai de la chance, car jusqu'à présent, j'ai fait ce que je voulais faire, et n'ai aucun regret par rapport à des personnages à côté desquels je suis passé. Et je vis loin du délire stressant d'Hollywood.


Votre prochain film ?
Stay, le nouveau film de Mark Forster, le réalisateur de À l'ombre de la haine, avec Ewan McGregor et Naomi Watts. C'est un gros budget pour un indépendant, mais il n'y a pas de pression particulière sur Mark, qui a le final cut. Je commence le tournage dans quelques semaines. Je viens de terminer le film de Nick Cassavetes, avec Geena Rowlands et James Garner, dans un style différent de ce que j'ai fait auparavant. Mon but est de multiplier les expériences, pour j'espère passer à mon tour derrière la caméra, dans quelques années.

Propos recueillis par Didier Verdurand en septembre 2003.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Flo 1
14/02/2024 à 20:46

– « The United States of Leland »…
Dans la lignée des divers dramas adolescents datant de la fin/début du millénaire (et contemporains à la fois de la tuerie de Colombine et du 11/09). Réalisée par un certain Matthew Ryan Hoge, d’après sa propre expérience d’enseignant pour mineurs incarcérés.
Si Chris Klein y est à contre-emploi de ses « American Pie », Ryan Gosling est dans la continuité de ses rôles d’ados perturbés – avec « Danny Balint » et « Calculs meurtriers », il nous fait un sacré triplé, celui (ultime) de Leland utilisant encore plus son visage long et nonchalant.
Jena Malone, elle, était encore dans toutes les mémoires grâce à « Donnie Darko », qui allait dans la même direction que ce film : une histoire qui mêle petite ville, secrets de jeunes gens, présence de professeurs, d’écrivains et d’orgueilleux (souvent au sein d’un même personnage), morts terribles, incompréhensibles et inéluctables… solitude et tristesse écrasante, alors que personne n’arrive à comprendre ce qui a pu motiver des actes dramatiques ou juste inélégants, sans pouvoir se reposer sur les classiques notions du Bien et du Mal.
Et surtout, comme chez Richard Kelly (mais sans le Fantastique/SF), il y a des itérations dans ce film, des éléments répétitifs dont les personnages n’ont pas conscience, et qui peuvent même représenter un transfert d’un individu à l’autre.
Film indépendant américain typique, bardé d’une BO à la mode, mais sachant gérer à la merveille ses effets de mise en scène (le jeu des yeux alternativement ouverts) et son scénario très mélancolique. Tout en se terminant sur une scène très belle et douce, nous donnant peut-être la clé de l’énigme (miséricorde ?).
Après ce film, le réalisateur Matthew Ryan Hoge lui va s’évaporer complètement et ne fera plus rien. Une autre énigme continue…