Pierre Salvadori (Après vous)

Didier Verdurand | 4 octobre 2006
Didier Verdurand | 4 octobre 2006

En pleine écriture de son prochain film (cf. photo ci-dessus, prise à Los Angeles en mai dernier), Pierre Salvadori a néanmoins trouvé du temps pour répondre à nos questions à l'occasion de la sortie en DVD d'Après vous..., le meilleur anti-dépresseur qui nous a été offert depuis bien longtemps...

 

Que retirez-vous de l'expérience du commentaire audio ?
C'est assez étrange. Je ne sais pas comment font les autres. Là, on a envoyé le film et j'ai parlé pendant une heure et demie, quasiment sans m'arrêter. Je savais que je pourrais parler de chaque scène assez facilement puisque, du début de l'écriture jusqu'au montage final, on passe son temps à les analyser, les remettre en question, les déplacer ou parfois carrément les supprimer. D'une certaine manière, on s'explique, même si parfois c'est un peu gênant de commenter son propre travail tout le temps comme ça. Le temps joue aussi, on parle des choses plus sereinement avec du recul. On sait aussi où sont les erreurs, et parfois c'est apaisant de pouvoir les évoquer, de dire ce qu'on aurait pu ou dû faire. C'est comme les scènes coupées, ça enlève un peu de frustration de les caser parfois. En règle général, pour ce qui est des bonus (making of, commentaires, etc.), j'ai tenu le plus possible à ce que l'on montre comment se faisait un film, à expliquer mes choix et à éviter ce qui était anecdotique.

 

Comment jugez-vous la carrière d'Après vous... en France ?
Je crois que tout le monde était content. Producteurs, coproducteurs et distributeur. Le film a fait près d'un million d'entrées, mais moi j'espérais plus. Je pense qu'on aurait pu faire mieux, beaucoup mieux, mais on apprend à chaque fois et il faut en tirer les leçons.


Pourrait-il y avoir un remake ?
Oui. Le film a très bien marché à l'étranger et il est question d'un remake aux États-Unis. Je crois que les choses avancent assez vite là-bas, mais ce n'est pas moi qui m'en occupe.

 

 

 

 

Quelle est la dernière comédie qui vous a fait rire ?
Je ne sais pas, je vois peu de comédies. Récemment, Le Terminal peut-être. Il est formidablement bien mis en scène.


Vous êtes fan de Lubitsch. Quel est son film que vous préférez et pourquoi ?
J'hésite. Mais je crois que c'est Haute pègre... Je le trouve constamment inspiré. Tout ce qu'il évoque me touche et sa mise en scène est incroyablement maîtrisée. Je me souviens avoir eu le sentiment de voir un film parfait lorsque je l'ai découvert. C'est l'histoire d'un homme amoureux de deux femmes. Le film est toujours léger même si les personnages y souffrent beaucoup par moments. À un moment, chacun a peur de perdre l'autre. Je ne l'ai pas revu depuis longtemps mais j'aime la dignité de ses trois personnages dans la peur et l'attente.

 

Que pensez-vous de la réaction de Lelouch face aux mauvaises critiques récoltées par Les Parisiens ?
Si vous faites allusion aux séances gratuites, je pense que c'est limite. On peut parler de dumping, de la vente à perte. C'est une pratique commerciale douteuse et peu équitable par rapport aux films qui étaient à l'affiche en même temps.


Dans quelle mesure êtes-vous touché par les critiques ?
Les critiques m'intéressent. Je les lis. Certaines peuvent même être inspirantes ou vous faire redécouvrir des films. Il m'arrive d'en garder et de les relire avant d'écrire. Je me souviens avoir souvent relu une critique de Nicolas Saada, que je ne connaissais pas à l'époque, sur un film de Ken Loach, pendant que j'écrivais Les Apprentis. D'une certaine façon, cette critique évoquait quelque chose que j'essayais de poser dans mon film et elle m'aidait, m'inspirait ou plutôt m'ajustait. Je lisais récemment un texte de Rivette sur Hawks et c'était très exaltant, ça donnait envie d'écrire ou de filmer. Quant aux critiques sur vos propres films quand ils sortent, certaines sont agréables, d'autres le sont moins, et il n'y a rien d'autres à dire et surtout rien à faire. Je ne me vois pas répondre, protester ou écrire aux journalistes. Si certaines me mettent en colère, je garde ça pour moi ou mon amie, ou pour le bar !

 

 

 

 

Quelle est l'affiche la plus banale d'Après vous ? Celle pour le cinéma ou pour le DVD ? Mettrez-vous dans votre prochain contrat une clause stipulant que c'est vous qui choisirez l'affiche ?!
Pour le DVD, nous devions garder le même visuel pour des raisons commerciales évidentes. Au moins, il y a eu une réelle collaboration avec les gens de TF1. On a fait de notre mieux pour essayer de redonner un peu d'élégance à tout ça et je suis content du résultat. L'affiche d'Après vous... était moche, je n'ai pas réussi à éviter ça. Les gens qui ont travaillé dessus faisaient trop de choses en même temps, et toute cette époque est un très mauvais souvenir. Un véritable cauchemar. Je me souviens d'un terrible sentiment d'impuissance et d'une colère permanente, toujours pas apaisée, d'ailleurs, quand j'y repense.

 

Où se trouve la brasserie du film ? Un plat à nous conseiller, avec un vin ?
La brasserie n'existe pas, elle a était conçue par Yves Fournier, le chef déco, et construite en studio. Mais n'hésitez pas à manger du fromage corse avec des figues et un bon rouge de Sartène !

 

Que pouvez-vous nous dire sur votre projet actuel ?
C'est une histoire d'amour, ça se passe sur la Côte d'Azur. Le traitement est fini. Le scénario devrait être terminé fin décembre. Je l'écris avec Benoit Graffin, avec qui j'avais travaillé sur Après vous....

 

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