Le film sur la mythologie arthurienne de John Boorman, Excalibur, rend un sublime hommage aux légendes épiques dans sa dernière séquence.
Autre siècle, autre art... mais même histoire. Même si la croyance que les mythes sont cycliques (ils se répètent d'une époque à l'autre) n'est pas fausse, elle n'indique en rien la mort de l'originalité ou de l'innovation esthétique. Par l'évolution de la technique et les changements de mœurs, les artistes de chaque époque se sont emparés de grands récits pour se les approprier. Ils forgent à nouveau l'acier des vieilles histoires dans les braises de la modernité.
Voilà peut-être de quelle manière les dieux ont conçu Excalibur, l'épée des rois. Plus encore, c'est ainsi que sa légende a survécu au temps, s'est métamorphosée d'un auteur à un autre durant le Moyen Âge pour ensuite atterrir, bien plus tard, dans les mains d'un cinéaste inspiré. En 1981, John Boorman (Délivrance, La Forêt d'émeraude) accompli ainsi sa grande ambition d'adapter au cinéma le mythe du roi Arthur et de la table ronde avec le film Excalibur. Malgré quelques contrariétés (le long-métrage est plus court que prévu et doit faire de nombreux compromis avec lui-même), Boorman parvient à créer une œuvre unique qui, dans sa séquence finale, synthétise plusieurs siècles de légendes épiques.

La Mort d'Arthur
Excalibur est, en premier lieu, adapté du Morte d’Arthur (1485) de Thomas Malory ; un roman tardif sur la fin du roi Arthur. Boorman est habité depuis longtemps par le récit héroïque et tragique du livre. Lorsqu'il s'attelle enfin à son adaptation, il y insuffle toutefois quelques références récentes. L'opéra de Wagner (qui a indubitablement réinterprété et modernisé la mythologie nordique au XIXème siècle) et l'œuvre de Tolkien sur laquelle il avait commencé à travailler pour faire son adaptation filmique du Seigneur des anneaux (oui oui) qui n'a finalement jamais abouti.
Le roman de Malory, lui, est bourré d'inspirations antérieures, notamment la littérature du XIIème siècle qui elle-même réinventait des légendes celtes du VIème siècle. Malgré cette incessante actualisation du récit d'Arthur, c'est le même cœur qui bat à travers toutes ces versions. 1500 ans plus tard, Boorman a lui aussi su (avec génie) restituer cette épopée épique au cinéma. C'est particulièrement saisissant dans la scène finale d'Excalibur, où la mort du roi et son départ vers Avalon cristallisent un imaginaire celtique, médiéval et de fantasy, dans une réalisation contemporaine.
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Tolkien s’est inspiré de la légende arthuréenne pour le départ de Frodon et Bilbon vers Valinor à l’instar de la dépouille d’Arthur qui vogue vers l’ile d’Avalon. Pas étonnant que Boorman qui n’a pas pu faire son seigneur des anneaux se soit tourné vers l’une des inspirations de Tolkien.
Un de mes films préférés. Superbe adaptation du roman de Malory écrit dans la contexte de la Guerre des 2 Roses. Très bonne utilisation des préludes de Wagner et de la marche funèbre de Siegfried, du O Frotuna d’Orff et de l’excellente composition de Tevor Jones. Celui-ci avait déjà écrit la musique de l’excellent court metrage Black Angel sorti un an avant Excalibur, lui même inspiration pour Boorman.
Un superbe film avec un excellent casting d’acteurs britanniques et beaucoup de seconds rôles deviendront des stars (Patrick Steward, Liam Neeson, Ciaran Hinds), une mise en scène éblouissante, une violence graphique et un respect des légendes celtiques. Loin d’un simple film de divertissement c’estg une oeuvre pleine de poésie et de mystère.
Dans mon top 3 pour toujours.
Si je ne devais en choisir qu’un ce serait celui-là