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Hollywood, drogues et cartoons : le pari fou et fascinant du film Le Congrès, avec Robin Wright

Par Déborah Lechner
12 juin 2024
MAJ : 12 juin 2024

Valse avec Bachir est un grand film, et personne ici n'aura l'outrecuidance de le nier. Mais ce documentaire animé a tendance à éclipser l'autre tour de force d'Ari Folman : Le Congrès, porté par l'actrice Robin Wright, son jeune double numérique et sa vieille version animée.

Après le film coup de poing Valse avec Bachir (nommé pour l'Oscar du meilleur film étranger en 2009), Ari Folman est revenu plus discrètement en 2013 avec Le Congrès, son premier film anglophone et l'adaptation libre du célèbre roman Le Congrès Futurologique du polonais Stanislaw Lem.

Malgré une inventivité certaine et des moments de grâce émouvants, Le Congrès – présenté au Festival de Cannes en séance spéciale – ne jouit pas de la même aura ni de la même postérité que son aîné, plus puissant et intimiste. On peut ainsi concéder aux détracteurs l'imperfection du film, dans lequel l'effervescence peut virer à la confusion et la satire politique au réquisitoire un peu trop scolaire. Ce sont pourtant ces errances et ces légères malfaçons qui font magnifiquement écho aux principales thématiques, voire mises en garde de l'œuvre : la dépossession créative et l'abandon artistique.

https://www.youtube.com/watch?v=clVUC-4BsjU

TU NE CREERAS POINT

Dans Le Congrès, les acteurs et actrices deviennent obsolètes. Les producteurs préfèrent faire appel à des doubles numériques, qui sont assurés de ne pas vieillir, de n'avoir aucun avis et donc de ne discuter aucune de leur directive, en particulier les plus mauvaises et injustes. C'est l'offre, ou plutôt le pacte faustien, que propose le producteur perfide joué par Danny Houston à une fausse Robin Wright (jouée par la vraie Robin Wright) : "Nous, à Maramount, voulons vous scanner. Tout votre corps, votre visage, vos émotions, vos rires, vos larmes, votre apogée, votre bonheur, votre dépression, vos peurs, vos désirs. Nous voulons vous échantillonner, vous préserver. Nous voulons posséder cette chose appelée Robin Wright".

Si Le Congrès Futurologique pointait implicitement du doigt la dictature communiste, Ari Folman a préféré mettre au centre de son adaptation une allégorie plus personnelle et contemporaine. C'est pourquoi le futurologue Ijon Tichy du roman a été remplacé par une Robin Wright semi-fictive dont la carrière titube depuis Princess Bride et Forrest Gump. Quant au point de départ de l'intrigue, il s'agit des mutations déjà à l'œuvre dans l'industrie cinématographique, et non plus la répression et les dérives sécuritaires gouvernementales.

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