L'Emprise des ténèbres : un Blu-ray sanglant chez Wild Side pour un Wes Craven méconnu

Simon Riaux | 6 septembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 6 septembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

L'Emprise des ténèbres ressort ce jour dans une superbe édition signée Wild Side, et c’est une chance inespérée de (re)découvrir un des films les plus intrigants de son réalisateur, Wes Craven

 

 

TOUT PART A VAUDOU

Ce dernier nous a quittés il y a quelques mois, et si plusieurs de ses créations figurent aujourd’hui au panthéon de l’horreur et de la culture populaire, il en est une poignée à ne pas avoir bénéficié du même accueil, quitte à sombrer dans un relatif oubli. Une différence qui, à la revoyure, s’explique probablement par la dimension hybride du projet.

L'Emprise des ténèbres témoigne ainsi de manière éclatante de la volonté de Craven d’échapper aux fourches caudines de l’horreur pure, d’un désir profond d’explorer d’autres territoires, d’autres genres, sans renier ses origines de documentariste et de monteur. Ainsi, point de boogeyman ici, de monstres luisant ou de tueur frénétique, mais un récit qui entremêle constamment aventure, politique et frissons hallucinatoires.

 

Photo , Bill Pullman

Bill Pullman, passant d'excellentes vacances à Haïti

 

Cet attelage inattendu nous amène à Haïti, en 1978, à travers un territoire sous l’emprise de Jean-Claude Duvalier et de ses tontons Macoute, tandis que l’anthropologue Dennis Alan enquête sur les pratiques vaudou et la création des zombies, mandaté par un laboratoire pharmaceutique convaincu de pouvoir en tirer des revenus substantiels. Sceptique quant à la réalité des pratiques invoquées, il va progressivement perdre pied avec la réalité d’un pays déchiré entre mythes, croyances, complots et révolte grandissante.

 

BARON CRAVEN

Ponctuellement abordé par le 7ème Art (White Zombie, A La Recherche du Plaisir…) cet univers n’en n’est pas moins rarement représenté à l’écran et tranche radicalement avec les banlieues pavillonnaires peuplées de monstres précédemment dépeintes par le réalisateur. On sent d’ailleurs combien ce nouveau terrain de jeu offre à Craven d’immenses possibilités, qu’il exploite avec une réussite indéniable.

 

Photo , Bill Pullman

Le livre de la Jungle, version Wes Craven, ça pique un peu aux entournures

 

De séquences de rêves proprement terrifiantes en vision surréalistes, il emballe ainsi quelques unes de ses scènes les plus terrifiantes (la mariée au serpent, l’inhumation, le climax et ses corps suppliciés. Chose rare dans la filmo du maître, il varie énormément les dispositifs de mise en scène, passant des frissons « froids » - plus dépendants de leur écriture que du découpage – de saisissantes envolées caméra à l’épaule, ainsi que de beaux moments d’angoisses physiques, à l’image d’une scène d’interrogatoire passablement impitoyable.

À la manière du Sous-Sol de la Peur, L'Emprise des ténèbres est si inclassable, changeant et troublant dans sa volonté farouche de toujours marier réalisme et sous-texte mystico-magico-esthétique que le film a du mal à trouver un centre de gravité. Pour autant, c’est rétrospectivement ce qui fait la richesse de cette œuvre, ce qui la rend souvent si imprévisible et menaçante, comme en témoigne une scène de dîner qui bascule progressivement dans le cauchemar putrescent. Le chef d’œuvre de Craven ? peut-être pas, mais une de ses créations les plus atypiques, riches et audacieuses, par conséquent indispensable à tous les amateurs de cinéma de genre exigeants et curieux.

 

Photo

Le Blu-Ray Wild Side (avec une version DVD à l'intérieur) disponible dans toutes les bonnes crémeries

 

ET LE BLU-RAY DANS TOUT CA ?

Comme d’habitude, Wild Side nous propose une fort belle édition, du genre qui impressionnera vos invités si vous la laissez ostensiblement sur la table basse du salon entre deux dégustations de Knacki Ball à la bière. On y retrouve donc, comme souvent chez l’éditeur un très sympathique livret d’une soixantaine de pages, rédigé par Frédéric Albert Levy (Starfix). On en appréciera les très riches et rares illustrations.

Le texte est également très riche et constituera un complément savoureux pour qui connaît ou veut approfondir l’expérience après le visionnage, exception faite d’un petit extrait bien croquignolet de l’autobiographie de Bill Clinton en guise d’introduction.

 

Photo , Bill Pullman

Une scène que vous n'êtes pas prêts d'oublier

 

Sur le papier la présence sur le disque d’un unique bonus consacré Wes Craven, soit une interview de 19 minutes du réalisateur français Alexandre Aja , pouvait paraître quiche, il n’en n’est rien. Le metteur en scène du remake de La Colline a des yeux (remake du film de Wes Craven) revient ainsi sur la carrière de Wes Craven, ainsi que sa collaboration avec l’artiste.

Non seulement ce témoignage s’avère particulièrement touchant, mais il est d’autant plus appréciable qu’il maintient tout du long une passionnante ligne de crête entre hommage sincère, remise en perspective historique et recul critique. Aja parvient ainsi à pointer les frustrations, talents, coups de génies, limites ou failles de Wes Craven, sans jamais se départir d’une sincère admiration. Un portrait nuancé, factuellement très précis, riche d’une poignée d’anecdotes croustillantes (ah le corbeau…), cette révérence adressée à un homme complexe, doublé d’un artiste brillant mais contrarié, est un sacré bonus.

Ajoutons enfin que la copie proposée offre une seconde jeunesse au métrage, et permet à L'Emprise des ténèbres de se montrer aujourd'hui dans une forme impeccable, qui rend sa possession à peu près indispensable.

 

PhotoUne édition à perdre la tête

 

Tout savoir sur L'Emprise des ténèbres

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commentaires
Bahquoi?
09/09/2017 à 18:54

" ... exception faite d’un petit extrait bien croquignolet de l’autobiographie de Bill Clinton en guise d’introduction." J'ai cru mourir de rire en lisant ça !
En tout cas je vais me le procurer ce blu-ray j'ai des knaki, de la bières et des amis qui n'attendaient que ça !

Matt
07/09/2017 à 21:30

La performance de Bill Pullman est assez bluffante. Paul Winfield se débrouille bien aussi. Et même si la fin est un peu grand guignolesque voir degueu, je trouve que cela reste un film original dans la carriere de ce réalisateur. L'affiche original m'avait fait flipper étant môme !

shion
07/09/2017 à 09:19

une bonne bouse ouai :

freddy - Shocker -Un vampire à Brooklyn -Scream 1- et ça s'arrete la les autres tous des navets

TheJoker
07/09/2017 à 08:05

Un petit bijou ce film, j'ai vraiment adoré le regarder.