A part Ça, les trésors perdus de Stephen King : Peur Bleue

Geoffrey Crété | 2 septembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Geoffrey Crété | 2 septembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Tous les week-end jusqu'à la sortie de Ça, la rédaction se penche sur une adaptation oubliée du maître de l'horreur ! 

Carrie au bal du diableShiningThe Mist… L’œuvre foisonnante de Stephen King a logiquement servi de matrice à certains des grands films fantastiques de ces dernières décennies. Alors qu’approche la sortie du remake de Ça, que La Tour Sombre débarque sur les écrans et que la série Mr. Mercedes démarre, la rédaction vous propose de revenir sur les adaptations de King.

Mais pas n’importe lesquelles : pas les chefs d’œuvres ultra-commentés, pas les réussites éclatantes ou les perles du genre. Non, derrière ces emblèmes bien connus se niche une tripotée d’adaptations beaucoup moins connues, qui composent un coffre à trésors horrifiques particulièrement réjouissant.

Films fous, inclassables, ratés, malades ou incompris... chaque week-end, Ecran Large plonge dans l’héritage bizarroïde du Maître de la Terreur, en vous proposant de revenir sur des adaptations peu ou mal connues.

 

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Cauchemar vermeil pour peur bleue

 

POILS DES ANNÉES 80

Rares sont ceux qui ont découvert Peur Bleue (Silver Bullet) de Stephen King, aussi bien sur papier qu’à l’écran. Adaptation d’un texte extrêmement modeste aux airs de novela, le métrage connaît une réception désastreuse à sa sortie en 1985 (le célèbre critique Roger Ebert écrira que c'est « le pire film jamais tiré d'une histoire de Stephen King, ou le plus drôle »), qui n’aideront ni à sa reconnaissance par le public, ni à son exploitation ultérieure. Il faut dire que tout dans cette production signée Dino De Laurentiis vient contredire les modes de l’époque, le condamnant presque logiquement à l’incompréhension.

Nous sommes en 1985. De Gremlins en passant par Rambo, sans oublier les productions Amblin, le frisson grand public est en pleine mutation. Pas de communauté libertaire comme dans Hurlements, de surhomme à la Commando, de bande d’ados débrouillards ou de geekerie embryonnaire.

 

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Au contraire, nous voici plongés dans une petite bourgade aux habitants largement antipathiques, aux côtés d’un jeune garçon paraplégique et de sa grande sœur qui vit sa présence comme un boulet dont elle ne peut se défaire, embarqués dans un récit de loup-garou on ne peut plus classique. Ne cherchez nulle trace ici des changements stylistiques qui ont alors cours à Hollywood : on se croirait plutôt dans une des fictions radiophoniques que Stephen King écoutait religieusement dans sa jeunesse.

Peur Bleue s’échine à respecter tous les codes du genre et de la représentation du monstre, avec un enthousiasme communicatif. Le sentiment de s’entendre murmurer à l’oreille une histoire d’horreur au coin d’un feu de camp ne manque pas de charme, d’autant plus que si la mise en scène n’est pas inoubliable, on ne note pas de fausse notes impardonnables. La plupart des apparitions du loup-garou sont même techniquement solides, violentes comme il faut. Rien qui fasse oublier l’indétrônable Loup-garou de Londres, mais rien de déshonorant non plus, surtout lors d’une plaisante hallucination au cours de laquelle toute une assemblée se métamorphose.

  

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MAUVAISE LUNE

Il faut dire que du côté de l’équipe technique, on sent un travail sur le classicisme justement, qui offre à Peur Bleue une excellente tenue, mais encore une fois, très éloignée de ce qui fonctionne alors. Carlo Rambaldi a beau être plus que compétent en matière d’effets spéciaux, il recycle gentiment des techniques éprouvées mais ne réinvente rien, quand l’excellent chef op Armando Nannuzi soigne son scope, inscrivant le film dans une école esthétique charmante mais désuète.

En coulisses, l'affaire n'a pas été simple. Mécontent du design de la créature qu'a créé Carlo Rambaldi en étroite collaboration avec Stephen King, qui souhaitait un loup-garou brut et loin des clichés, Dino de Laurentiis retarde la production. Le réalisateur Don Coscarelli, qu'il a été chercher, décide d'abandonner le poste : le producteur ne veut pas utiliser les notes de King pour le scénario qu'il trouve excellentes. Dan Attias est embauché pour le remplacer, et le tournage commence par le scènes sans effets, la créature n'étant alors pas finalisée. De Laurentiis restera peu satisfait du résultat, et notamment de la performance du danseur engagé pour incarner le loup-garou.

Il n’empêche, on a bien du mal à comprendre aujourd’hui le mépris dans lequel est tenue cette série B, éminemment humble, simple et qui sent bon le fantastique à l’ancienne.

 

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commentaires
Sutter Cane
02/11/2018 à 17:11

Cette "adaptation" est très honorable je trouve (même si bien sur il y a de très grosses libertés par rapport au bouquin). Ce qui plombe le film est finalement ce que le spectateur attend le + : le loup-garou. Carlo Rambaldi, malgré son talent, n'est pas Rick Baker (ou Rob bottin) et le design de la bête ne fonctionne pas. Dommage. Ce qu'il faut surtout retenir du film c'est l'excellente interprétation de Everett McGill

Murata
05/09/2017 à 22:27

J'aimais bien ce film, je me souviens pas du personnage de la soeur mais en revanche je trouvais le duo du gamin et son oncle (ce bon vieux Gary Busey) très émouvant.