Nos films de Roman Polanski favoris

Jean-Noël Nicolau | 3 mars 2010
Jean-Noël Nicolau | 3 mars 2010

De l'avis général, The Ghostwriter, sorti ce mercredi en salles, est l'un des meilleurs films de Roman Polanski, au moins depuis de nombreuses années. Une bonne manière de faire oublier la polémique personnelle et se recentrer sur l'oeuvre du cinéaste. La rédaction d'Ecran Large en a profité pour sélectionner ses films favoris de Polanski. Et vous, quels sont les vôtres ?

 

Patrick Antona

Macbeth

Avec Polanski adaptant la pièce la plus noire de Shakespeare, pour son premier film mis en scène après la disparition tragique de Sharon Tate, le tout étant produit par le magazine Playboy, on était en droit de s'attendre à un grand film malade ! Et au final, l'entreprise accouche d'une des meilleures transpositions de l'auteur anglais au cinéma, tenant la dragée haute à celle d'Orson Welles, âpre, colorée et gore, avec une scène de décapitation choc parmi les plus convaincantes du cinéma, le tout nimbé dans une bande son psychédélique de "The Third Ear Band", un chef d'oeuvre méconnu à découvrir d'urgence !

"La nature a horreur du vide et pourtant il existe."

 

Ilan Ferry

Frantic

Si la filmographie de Polanski témoigne d'une prédilection certaine pour les enquêtes plus (Chinatown) ou moins (La neuvième porte) réussies, jamais investigation n'aura été aussi tortueuse que dans Frantic. Ici, le réalisateur semble prendre un malin plaisir à perdre Harrison Ford dans les dédales d'un Paris étonnamment anxiogène. Entre gouvernements autistes et enquête qui tourne en rond, Frantic relève autant du labyrinthe mental que géographique teinté de perversité. Une inclination certaine pour la malice qui retrouve avec l'ironique Ghostwriter toute sa splendeur. 

 

Julien Foussereau

Chinatown

On reconnait un grand quand il parvient à transfigurer un projet fleurant bon la commande. Bien plus qu'un simple film de private eye, Chinatown s'impose à mesure que le temps passe une référence du film noir et un plongée iconoclaste dans le soit-disant âge d'or de Los Angeles. Calant leur pas sur celui d'un Jack Nicholson impérial dans le registre cynique, Polanski l'apatride revenu de tout et le script en béton armé de Robert Towne détruisent la surface du rêve californien solaire et prospère pour exposer sa corruption économique, politique et morale. Toujours aussi fascinant et vénéneux, Chinatown est le summum de la période américaine de Polanski.

 

Sandy Gillet

Répulsion

Une plongée infernale et sans rémissions dans les méandres de l'esprit humain portée par une Catherine Deneuve alors incroyable de beauté, incarnation parfaite de la folie ordinaire. Du grand Art et une obsession que le cinéaste explorera à maintes reprises par la suite comme avec Le Locataire où Polanski reprenait tout simplement à son propre compte le rôle de Catherine Deneuve. Un peu comme si le « docteur » voulait expérimenter sur lui-même ses « drogues »...

 

Vincent Julé

The Ghostwriter

Roman Polanski est l'homme des mondes intérieurs, si forts, si fous, qu'ils se manifestent, débordent, à l'écran à travers un décor, une ambiance, une mise en scène. De ce point de vue, The Ghostwriter est à la fois l'apogée et la synthèse de son style. En effet, derrière le thriller politique, il trouve un personnage, à la fois son double, un fantôme et le spectateur. Inattendu, ironique, vulnérable, il permet à Polanski de signer son film de huit clos en plein air, d'intérieur/extérieur et de mise en abyme le plus personnel et le plus vertigineux. Peut-être aussi le dernier.

 

Thomas Messias

Le Couteau dans l'eau

Dans l'un de ses films polonais, Polanski réinvente la crise conjugale en poussant à son paroxysme l'oppression de ces gens aisés mais mal à l'aise. Au huis clos maritime rendant impossible toute porte de sortie s'ajoute la présence d'un troisième larron, auto-stoppeur déplaisant et intrusif qui semble dangereux à plus d'un titre et joue avec les limites de la bienséance. En résulte un jeu en triangle tétanisant où chacun peut se servir de l'un pour blesser l'autre, jusqu'à l'inévitable éclatement. Chef d'oeuvre.

 

Jean-Noël Nicolau 

Rosemary's baby 

C'est avant tout une ritournelle, comme une comptine de la peur. Au sein de l'univers le plus rassurant le bizarre surgit, puis l'angoisse et enfin l'horreur. Mais avec le recul et les étrangetés propres à Polanski. D'où ce final incroyable, entre terreur et comique. Un film fantastique à part, à mi-chemin entre l'héritage hitchcockien et les excès à venir (de L'Exorciste à La Malédiction). Une manière de déjà mettre un terme aux 60's innocentes et d'annoncer les désillusions. En brutalisant Mia Farrow, Polanski ne savait pas qu'il allait ouvrir la porte à la folie de Charles Manson et au meurtre monstrueux de Sharon Tate. D'où, sans doute, ce malaise toujours plus insoutenable qui nous saisit à chaque vision.

 

Laurent Pécha

Le Locataire

Avant David Lynch et ses univers tordus, il y avait Roman Polanski. Et Le Locataire d'être la somme de ses expérimentations filmiques. Transcendant ce qu'il avait déjà accompli dans Répulsion et Cul de sac, le cinéaste livre un film qui réussit le tour de force de déranger et faire peur avec une économie de moyens prodigieuse. A la fois étouffante et fascinante, la descente aux enfers de Trelkovsky (joué par Polanski lui même, choix tout sauf innocent) devient aussi la nôtre. On sort du film changé, autre. La marque des chefs d'œuvre.

 

Didier Verdurand

Le Bal des vampires

Sharon Tate. Grâce au Bal des vampires, on peut fantasmer sur la carrière qu'elle n'a jamais eue. Un chef d'oeuvre drôle et angoissant à l'image d'une muse exceptionnellement belle et douée. (les mauvaises langues diront que Frantic et La Neuvième porte sont aussi à l'image de sa dernière muse...)

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commentaires
KEVIN DIOLES
03/08/2019 à 01:50

LA NEUVIÈME PORTE est un film qui nous fait découvrir un détective de livres d'art pour collectionneur fortunés. Se dénicheur de bouquins anciens est interpréter par l'acteur Johnny Deep ( qui pour moi,est le meilleur film de sa carrière ou on ne le retrouve pas grimé mais dans un rôle bien attachant) Son aventure nous fait plonger dans un univers occulte, à la recherche d'une comparaison entre trois livres meurtriers qui auraient été écrit par le diable et son apprenti. On se laisse entraîner dans cette histoire dont on retrouve une secte qui nous fait penser au film de Stanley Kubrick, pouvant faire associer ces deux films , puisque dans Eyes Wide Shut on ne connait pas les motivations, à part le sexe,de la secte qui tue. L' ambiance de ces deux réalisations se ressemble, quoi que plus nerveux avec Roman Polanski . Ce metteur en scène créé très bien l'intrigue de cette enquête, et nous mène à un dénouement incroyablement stupéfiant. MA NOTE 8/10