Quand Le Silence des agneaux rencontre Seven version franchouillard, ça donne Les Rivières Pourpres

Ange Beuque | 21 octobre 2023 - MAJ : 22/10/2023 17:03
Ange Beuque | 21 octobre 2023 - MAJ : 22/10/2023 17:03

Pourquoi convoiter le Seven américain de David Fincher quand on peut siroter l'équivalent fait maison : Les Rivières pourpres de Mathieu Kassovitz ? Alors pour savoir qui du duo Morgan Freeman/Brad Pitt ou de l'attelage Jean Reno/Vincent Cassel sortirait vainqueur d'un octogone au débotté, il est temps de voir en quoi cette adaptation de Jean-Christophe Grangé sortie en 2000 constitue le meilleur polar américain made in France.

Non, le policier francophone n'a pas à être cantonné au téléfilm pantouflard du samedi soir : c'est du moins ce qu'a dû se dire Mathieu Kassovitz en s'emparant de l’œuvre de Jean-Christophe Grangé avec l'intention de lui insuffler son exigence cinématographique. Auréolé du statut acquis depuis l'uppercut La Haine en 1995, le réalisateur entendait bien piétiner les plates-bandes américaines.

Le pari fut tenu, le box-office étranger ayant tout particulièrement fait honneur à ces Rivières pourpres. Certes, sa suite directe Les Anges de l'apocalypse, réalisée par Olivier Dahan (d'après un scénario original de Luc Besson), a laissé de glace. Mais la série du même nom, lancée en 2018 par Grangé lui-même, a connu quatre saisons avant de s'éteindre, assurant à cette franchise bien de chez nous une jolie longévité qui donne envie de replonger à la source.

 

Les Rivières pourpres : Vincent Cassel, Jean RenoTraqueurs de tueurs nés

 

La bannière étoilée pourpre

Si les fictions policières étaient plutôt populaires en France dans les années 90, le gros de la production était aimanté par les téléfilms et séries à l'ancienne (Navarro et compagnie) sans prétention artistique particulière. Il y eut bien sûr quelques percées sur grand écran, dont le peu convaincant Le Cousin ou Regarde les hommes tomber de Jacques Audiard, qui a permis en 1994 à un certain Mathieu Kassovitz d'obtenir le César du meilleur espoir masculin.

La représentation des tueurs en série francophones, pour intéressante qu'elle soit, repose principalement sur des biais décalés ou grinçants : Bernie, C'est arrivé près de chez vous... En adaptant le succès de librairie de Grangé, Kassovitz assume de s'attaquer frontalement à un genre phagocyté par l'Amérique dans l'imaginaire cinématographique.

 

Les Rivières pourpres : Vincent CasselQuand tu confonds rapt et RATP

 

Car de l'autre côté de l'Atlantique, la moisson des années 90 est fertile. Du Copycat de John Amiel au Bone Collector de Philip Noyce, l'Amérique semble réguler sa population à coups de serial killer. Mais le monument des nineties, c'est bien sûr Seven qui a su se démarquer par son ambiance poisseuse. Le chef-d’œuvre de Fincher constitue une inspiration si évidente que Les Rivières pourpres en copie quasiment une scène, lorsqu'à la suite d'une course-poursuite échevelée sous une pluie diluvienne, l'un des deux policiers isolé de son comparse se retrouve à la merci du revolver d'un assassin étonnamment magnanime.

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commentaires
Willpinner
23/10/2023 à 14:53

Les "accessoiristes Français" étaient en l'occurrence les artistes SFX Jean-Christophe Spadaccini et Denis Gastou. Également habitués des films de Jeunet et Caro, puis de Jeunet tout court. De très bons maquilleurs SFX. Oui, on en a !!

Mx
22/10/2023 à 17:05

Sanchez, toi t’es mon pote.

J’en profite, de La Tribune d’écran large, pour passer une annonce, grand amateur de cinoche de genre transgression, lecteur fan de mad movies et impact, à mes heures perdues, j’écris des nouvelles, de tous genres confondues western, polar, héroïc fantasy, cyber punk, loup-garou, survival, home-invasion, et cherche à faire partager mes idées avec des passionnés, de tous bords, pour peu qu’ils soient désireux de créer, et de mettre sur la table sa sensibilité, je suis ouvert au dialogue.

Mon mail, n’ayant pas facebook:
emmanuel.03@laposte.net

Rorov94m
22/10/2023 à 17:05

D'ailleurs le film de "je m'excuse d'être un bourge-blanc-gaucho-chetif"est nul.
Même période :SIX PACKS de Alain Berberian avec Anconina( un navet subatomique), SCÈNE DE CRIME de Schendoerfer avec Dussolier( un petit bijoux).
Leivre de Grangé est Sublime avec une fin nihiliste....rien à voir avec le climax m....dique du truc produit par Gaumont...

Sanchez
22/10/2023 à 15:45

Un film sympatoche qui n’arrive pas à la cheville de ses modèles. A l’époque ça avait fait bonne impression parce qu’il y avait peu de film français comme ça , aujourd’hui il est tombé dans l’oubli.

«@Mx
Nid de guêpe et total western , 2 films mal aimé qui pour moi sont cultes

Rorov94m
22/10/2023 à 14:32

Kassovitz donneur de leçon:
Le personnage principal est censé être un flic français intègre, arabe et musulman comme dans le super roman de Grangé.... à la place on a Cassel!
Ou comment un réal gaucho donneur de leçon n'a pas eu d'état d'âme pour ne pas prendre Rochdy Zem, Sami Naceri ou Saïd Taghmaoui( qui lui a reproché amèrement le choix de Cassel à l'époque,petit scandale d'ailleurs, mais personne n'avait moufté pour défendre Taghmaoui qui finalement a pris ses "clics et ses clacs" directs les states où il a tourné LES ROIS DU DÉSERT, GI JOE et MARRAKESH EXPRESS...entre autres car il est aussi devenu homme d'affaire ..)
Une honte pour cet imposture de Kasso.

Mx
22/10/2023 à 13:06

un film à moitié réussi, très joli bo, jolis décors, mais des fautes de gôuts (la baston dans l'école, la fin).

Un article sur les films français suivants serait cools, nid de guêtes, de siri, total western, de rochant, ou encore les insoumis, avec richard berry, des dossiers pas si nul, pour nous faire revisiter des films bien cools;

Et pour les films us:

piège fatal, surveillance, outlander le dernier viking, l'île du docteur moreau, ultime décision.

Ringo
22/10/2023 à 12:32

J'adore ce film, plutôt unique dans le panorama français. Seule la fin est ratée et aurait mérité de coller à celle du livre, bien plus réussie mais radicale, fermant la porte à une suite. Cela dit, le film d'origine pensait-il à une suite (ratée, hormis l'utilisation de la Ligne Maginot) ? Visiblement oui, car elle ne fait sinon pas sens en mode adaptation (je ne pense pas que Kasso soit sensible au happy end). J'ai beaucoup aimé la série, globalement fidèle à l'esprit du film, si ce n'est quelques dérapages grotesques de la dernière saison.

captp
22/10/2023 à 12:07

Me souviens d'un kassovitz s entraver crechendo dans un scénario beaucoup trop complexe pour ses épaules. je ne l'ai vu qu'une fois au cinéma mais je me souviens par exemple d'une scène où ils cherchent un corps dans un caveau en mode grosse révélation qui n'avait absolument aucun sens qu il y ait un corp en charpie donc innidentifiable ou rien dedans.
S'était super propre techniquement mais pour être comparer à des chef d'œuvre comme seven ou memories of murders il y a un gros palier que kassovitz n'a jamais été capable de franchir.
Préférez the strangers de na hong jiin ou j'ai rencontré le diable de kim we wong qui peuvent goûter la comparaison en s essuyant les pompes sur kassovitz.

Ozymandias
22/10/2023 à 11:55

Un bon souvenir de ce film ! Merci pour cet article intéressant, je vais peut-être me le remater tiens...

Prisonnier
22/10/2023 à 11:53

A revoir. Je ne l'ai vu qu'une seule fois. J'ai aimé mais j'ai souvenir que la fin était pour moi tiré par les cheveux

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