On reparle de Bloodsport, le film de baston culte de 1988 réalisé par Newt Arnold et porté par un Jean-Claude Van Damme en début de carrière. Plus précisément, on va parler des différences notables entre la version originale (en anglais) et la version doublée en français qui a parfois pris un peu trop de liberté.
Bloodsport, c’est un nanar-doudou avec Jean-Claude Van Damme qui met son plus beau kimono pour se faire écarteler, sans oublier Jean-Claude Van Damme qui explose des briques à main nue, Jean-Claude Van Damme qui fait la grimace et le grand écart (plein de fois), Jean-Claude Van Damme en slip kangourou rouge ou plus globalement, Jean-Claude Van Damme qui rouste tout le monde et devient une star mondiale.
Au-delà de JCVD, Bloodsport, c’est aussi l’histoire « vraie » largement déformée de Frank Dux avec mille ralentis hasardeux, une bande-son kitschissime et un doublage français en roue libre, à tel point qu’il a involontairement changé la caractérisation d’un des personnages principaux du film.

« À la tienne, Etienne »
On parle bien de Ray Jackson, le personnage incarné par Donald Gibb, qui a l’air de hurler « AMERICA FUCK YEAH » à chaque fois qu’il apparaît à l’écran. En même temps, avec sa permanente, ses canettes de bières pas fraîches, son débardeur avec l’aigle américain imprimé dessus et son bandeau Harley Davidson collé sur le front, il est une parfaite caricature de l’Américain bourru et viril tel que fantasmé dans les années 80. La preuve, il drague importune une femme dans les transports en commun avec une proposition des plus alléchantes : « Eh ma biche, ça te dirait de sortir avec un homme, un vrai ?« .
Le grizzly made in USA devient cependant le bon bougre de service et le sidekick comique de Frank Dux, envers qui il se montre finalement loyal et serviable. Celui-ci, caractérisé comme un bon samaritain à la gueule d’ange et aux pecs d’acier, va jusqu’à le venger de l’impitoyable Chong Li (Bolo Yeung) qui l’a envoyé à l’hôpital à l’issue de leur duel. À la fin du film, c’est la bromance totale entre les deux hommes qui se font une franche poignée de main, la promesse d’être toujours là l’un pour l’autre et une grosse bise sur la joue.

Jackson est cependant plus sympathique, ou moins antipathique, en version originale qu’en version française, le comédien Yves Rénier (alias le Commissaire Moulin) ayant pris quelques libertés qui ne jouent pas en faveur de l’Américain. Celui-ci passe en effet du brave type un peu maladroit mais pas bien méchant, à une brute raciste, misogyne et homophobe, parce que jamais deux sans trois. Tout ça à cause de quelques lignes de dialogues qui ont très, très mal vieillis et n’avaient déjà à l’époque pas lieu d’être.
Ainsi, lors de son premier combat, il gueule : « Allez, relève-toi PD ! » à son adversaire qu’il vient de coucher au sol. Dans la version d’origine, Donald Gibb se contente de lui dire de se relever, avec véhémence, mais sans pique homophobe gratuite – un des fléaux des années 80 avec le fard à paupières jaune fluo et la coupe mulet. Et tant qu’à faire, pourquoi ne pas saupoudrer tout ça d’un peu de sexisme ? Lors de son combat contre Chong Li, Jackson met momentanément son adversaire au tapis et crie à la foule : « Je l’ai eu, cette salope !« , alors que là-encore, la version originale ne contient aucune insulte, encore moins de cet acabit.

COURS FOREST, COURS
La VF de Bloodsport a aussi apporté une dose de racisme. Certes, le film nous « présente » Ricardo Morra (joué par Eric Neff), un combattant noir dont on connaît le nom uniquement parce qu’il est écrit sur le tableau des scores derrière lui. Sa particularité est de sauter dans les arbres pour éclater des noix de coco à la main (ça encore, pourquoi pas) et de se battre en se déplaçant… à quatre pattes, comme un singe. Mais bon, on pourrait jouer l’avocat du diable en prétextant qu’il s’agit d’une réelle technique de combat en arts-martiaux, notamment utilisée en Chine, qui mise sur l’agilité et la destabilisation de l’adversaire.
Par contre, aucune excuse, même vaseuse, pour le gros dérapage raciste de Jackson. La scène se déroule à l’hôtel après la première manche du Kumite, lorsque les officiers Helmer et Rawlins retrouvent la trace de Frank Dux (qui a déserté l’armée pour participer au tournois). L’Américain balance alors un : « Et toi le chimpanzé, remonte dans ton cocotier » au policié joué par… Forest Whitaker, qui plus est dans un de ses premiers rôles au cinéma après Platoon et Good Morning, Vietnam.
Et ça sort une nouvelle fois de nulle part, puisqu’en anglais, il n’y a pas de connotation raciste dans cette ligne, un simple « I ain’t your pal, dickface » qu’on traduirait plutôt par : « Je suis pas ton pote, trouduc » ou « Je suis pas ton pote, connard« . Plus que des traductions « dans leur jus », ces répliques jouent énormément, qui plus est aujourd’hui, sur l’attachement qu’est supposé développer le public envers Jackson. Il est ainsi difficile de ressentir de la compassion pour lui quand il se fait humilier par Chong Li, de partager la colère de Frank et son envie de vengeance ou même de prendre leur amitié au sérieux, alors qu’il s’agit de gros morceaux dans le scénario (par ailleurs assez vide).
Avec sa caractérisation, au mieux de beauf, au pire de sale type, on imaginerait plutôt Jackson du côté des antagonistes que Frank Dux remet à leur place, mais pas tellement du coté des good guys… Le but ici n’est pas de rouvrir l’inépuisable débat « pro-VO ou VF », mais pour ce film en particulier, on ne peut donc que vous conseiller la version anglophone – et pas mal d’indulgence – pour l’apprécier du mieux possible.
En même temps , Yves renier quoi.
.
Pas surpris
Parmi les doublages sans aucun sens, il y a la craquage complet sur la version française de l’animé Ken le Survivant à base d’école du Hokuto de cuisine ou l’école du Nanto de fourrure.
Non mais Frank Dux c’est un mytho complet. Ce n’est pas « inspiré » d’une histoire vraie. C’est l’adaptation éloignée d’une histoire totalement inventée !
Si Dux a fait une ou deux pauvres compétions en light contact, c’est son grand maximum. Et encore.
Merci Capture Mag !
ATTENTION on ne parle pas comme ca de la BO de paul hertzog !!! « une bande-son kitschissime » la blague
excellente VF ! ils ont bien fait d’en rajouter des caisses au doublage.
comme si on allait mater Bloodsport en VO pour la qualité d’acting !
La VF, c’est comme le gras ! c’est la vie !
Ca me rappelle les anecdotes de doublage de Dirty Dancing, où l’un des doubleurs français expliquait que sur certaines productions qu’ils estimaient de qualité moindre, ils prenaient la liberté de faire un peu ce qu’ils voulaient, donc potentiellement d’être plus raciste, mysogine et vulgaire que la VO. Je ne suis par conséquent pas tellement surpris de ce problème là sur Bloodsport.
Déjà que ecran large ce n’étais pas glorieu mais la je pense que vous pouvez vous aller être main dans la main avec numerama
film raciste même en vo. L’arabe encore et toujours diabolisé.
Il veut violer et battre la journaliste qui refuse de monter dans sa chambre (et cela dans un bar resto devant tout le monde) puis est battu en quelques secondes dans le premier combat de dux puis il n’acepte pas d’avoir perdu et essaie de frapper dux fourbement par derrière. Toujours les mêmes clichés.
Et pour vous marrer un bon coup, je vous recommande de voir la vidéo du youtubeur Notseriou’s.