Barbie : 3 autres (meilleurs) films à voir

Barbie de Greta Gerwig a réveillé votre addiction au fuchsia ? Vous ne jurez plus que par des histoires de jeunes femmes blondes qui vont se battre pour leurs droits ? Ça tombe bien, car voici quelques conseils de film pour prolonger l'expérience Barbie, mais avec d'autres (meilleurs) films.

Durant la promotion de Barbie, Greta Gerwig a beaucoup parlé des références et inspirations cinématographiques qui ont été les siennes pour concevoir le personnage incarné par Margot Robbie et le monde dans lequel elle vit. Il faut dire que, si ce film est le premier à adapter officiellement la licence Mattel sur grand écran, beaucoup d'autres films avant lui ont coché les cases d'une histoire Barbie-esque !

De jolis décors colorés, des robes roses, des cheveux blonds qui deviennent plus une arme qu'un accessoire mode... Le cinéma aime les histoires de jeunes femmes au look stéréotypé qui vont envoyer valdinguer les apparences pour raconter des histoires plus profondes et engagées. Petite liste de films qui font passer des messages semblables à ceux du pétillant Barbie, avec peut-être un peu plus de force.

LES PARAPLUIES DE CHERBOURG

Sortie : 1964 - Durée : 1h31

Barbie Deneuve

Pourquoi c’est une Barbie ? Ce n’est pas pour rien si la Geneviève de Les parapluies de Cherbourg a été une inspiration majeure pour Greta Gerwig : chevelure blonde aussi bien coiffée qu’au sortir de la boîte, vêtements assortis aux papiers peints de sa maison, univers mignon et coloré dans lequel on ne parle qu’en chantant… Dans ce film de Jacques Demy, Catherine Deneuve incarne un modèle fondamental de Barbie.

Pourquoi c’est mieux que Barbie ? Au-delà de ses décors de maison de poupées et de ses dialogues chantés, Les Parapluies de Cherbourg est un drame bouleversant sur une jeunesse tuée dans l'œuf par la guerre et les traditions. Geneviève a seulement 17 ans et se retrouve désemparée lorsque l’amour de sa vie, Guy, est envoyé sur le front de la guerre d’Algérie. Celui-ci ne peut se soumettre à sa convocation, mais est-ce que Geneviève pourra l’attendre, alors qu’elle est secrètement enceinte ?

Barbie factrice

Aussi triste que joli, Les Parapluies de Cherbourg raconte aussi la douche froide de personnages qui sont projetés hors de leur monde adolescent et idéal façon Barbieland pour atterrir dans la réalité des adultes, où les questions de pouvoir, d’argent et de bienséance vont primer sur leurs idéaux et leur amour. S’emparant du sujet encore tabou, à l’époque, des filles-mères et de leur place dans la société, Jacques Demy signe lui aussi un film au sous-texte féministe rehaussé de rose bonbon. De la Barbie qui fait pleurer.

LA REVANCHE d'une blonde

Sortie : 2001 - Durée : 1h36

Garanti 98% Photoshop

Pourquoi c'est une Barbie ? Parce qu'elle est blonde et s'habille en rose, vit dans un Polly Pocket géant, a la voix de Reese Witherspoon et a l'air stupide alors que pas du tout puisqu'elle finit avocate. Et quelqu'un la décrit même comme Barbie Malibu.

Pourquoi c'est mieux que Barbie ? Comme Margot "Barbie" Robbie, Elle Woods quitte le monde de Barbieland (une sororité en Californie) après un éclair d'émotion qui la décoiffe (une rupture) et rejoint le monde réel (les études de droit à Harvard) où elle est traitée comme une bouffone en plastique. Elle va devoir apprendre les règles du monde des hommes et affronter le sexisme ordinaire (le boss du cabinet d'avocat qui attend café et sexe des femmes), tout en évoluant dans une utopie de sororité (la prof de droit est une femme, la juge est une femme, et au fond le salon de beauté est un morceau de Barbieland, où on fait des choré qui n'ont aucun sens).

Barbie avocate

Au-delà de la sucrerie qui donne envie de gerber des chamallows, La Revanche d'une blonde est devenu un petit symbole pop d'empouvoirement (désolé la ligue Bescherelle, on aime bien ce mot). Au départ, Elle est une poupée qui n'existe que pour son Ken, un bel abruti qu'elle suit jusqu'à Harvard pour le récupérer en affrontant sa fiancée. À la fin, elle l'envoie balader, devient copine avec son ennemie, démasque un vieux dégueulasse, fait régner la justice, et fédère hommes et femmes autour d'elle.

Candide mais jamais bête, Elle Woods n'a pas une seule seconde renié qui elle était, ne s'est jamais excusée d'être elle-même, et a découvert qu'elle avait de grands rêves derrière son chihuahua. Et en plus, tout ça est tiré d'une histoire vraie puisque c'est adapté du livre d'Amanda Brown, qui a transformé son expérience de blonde à Harvard en best-seller. Si ce n’est pas Barbie ça.

PROMISING YOUNG WOMAN

Sortie : 2021 - Durée : 1h48

Cette Barbie détruit Ken 

Pourquoi c'est une Barbie ? Tout simplement parce que Cassie Thomas, le personnage de Carey Mulligan, en a l'apparence avec sa taille fine, ses longs cheveux blonds qu'elle agrémente parfois de mèches colorées, ou ses tenues majoritairement roses et parsemées de motifs à fleurs. De plus, cette protagoniste a elle aussi un équivalent de Barbieland : le café-dinner dans lequel elle travaille, où les murs et les tables sont rose bonbon et où elle vend des cupcakes et autres pâtisseries hautes en couleur et en sucre. 

Pourquoi c'est mieux que Barbie ? Ce long-métrage réalisé par Emerald Fennell (qui a aussi joué Midge, la Barbie enceinte dans Barbie) a également été produit par Margot Robbie, via sa société LuckyChap Entertainement. Mais si Barbie est plus railleur que belliqueux, Promising Young Woman joue avec de l'acide fluorhydrique pour y dissoudre le patriarcat plutôt que simplement lui chatouiller les narines.

"A guy like you should wear a warning"

Sans concession et avec malice, le scénario s'attaque plus précisément à la culture du viol en explorant et explosant chaque strate qui la compose. Les chansons pop (notamment la reprise du morceau Toxic de Britney Spears), les néons et les couleurs pastel omniprésentes ne sont qu'un autre vernis qui s'écaille, le film pervertissant chaque expression ou impression d'innocence et de bonheur. C'est le cas pour "les gentils garçons" que croisent Cassie, en particulier un avec qui elle noue une relation en apparence saine et épanouissante. Sauf que le film reprend les codes et clichés de la comédie romantique pour créer un contraste plus saisissant par rapport à ses véritables intentions.

Lentement, le scénario glisse vers l'horreur, avec une bascule scénaristique difficile à regarder. Plus globalement, Promising Young Woman est le versant sombre de Barbie. Là où la Barbie de Margot Robbie opère une sorte de passage à l'âge adulte en se confrontant au monde et à la réalité, Cassie emprunte le chemin inverse. Elle est restée bloquée entre deux âges et ne parvient plus à avancer dans sa vie depuis le suicide de sa meilleure amie à l'université. Depuis, elle conserve un look régressif, habite toujours chez ses parents et a abandonné toute perspective de carrière. Une sorte de Barbie-turique, en somme.