Avant Dunkerque, l'immense film sur la débâcle avec Belmondo

Léo Martin | 7 mai 2023
Léo Martin | 7 mai 2023

Bien avant Dunkerque, le film d’Henri VerneuilWeek-end à Zuydcoote, filmait déjà la débâcle de la Seconde Guerre mondiale... avec un autre point de vue.

En 1940, l’armée allemande encercle les troupes britanniques et françaises dans le nord de l’hexagone. Alors que la reddition n’a pas encore été déclarée, les derniers efforts de guerre désespérés consistent à prendre la fuite grâce à la Manche. Ainsi, entre le 27 mai et le 7 juin, l’opération Dynamo consiste à faire évacuer vers l’Angleterre les troupes britanniques, puis éventuellement les soldats français dans la mesure du possible. 

Cet épisode de la Seconde Guerre mondiale, particulièrement marquant dans l’histoire des combats du XXe siècle, a évidemment inspiré le cinéma. En particulier, deux films de guerre britanniques, chacun intitulé Dunkerque, ont proposé une lecture de ces évènements sous le prisme de l’héroïsme et du patriotisme. Après la première version de Leslie Norman, en 1958, la deuxième est bien évidemment la plus célèbre puisqu’il s’agit de celle de Christopher Nolan, sortie en 2017.

Pourtant, un autre film sur le sujet, situé cette fois du point de vue français, gagnerait a être davantage connu. En effet, Week-end à Zuydcoote d’Henri Verneuil, sorti en 1964, ne manque pas non plus de virtuosité dans sa mise en scène... même s’il se refuse au ton épique du film de guerre classique.

 

Week-end à Zuydcoote : Photo Jean-Paul BelmondoBienvenue à Zuydcoote

 

gloire à l’anti-héroïsme

Week-end à Zuydcoote est l’adaptation du livre du même nom de Robert Merle, lauréat d’un Prix Goncourt en 1949. L’écrivain (qui a également participé au scénario du film) fut fait prisonnier durant la guerre, à Dunkerque même. À l’instar d’un romancier comme Erich Maria Remarque – qui a bâti son livre, À l’Ouest rien de nouveau, d’après son expérience durant la Première Guerre mondiale – Robert Merle a su être extrêmement précis dans sa reconstitution des évènements de l’époque grâce à ses propres souvenirs. 

Comme souvent avec les revenants du front, c’est le pacifisme, le dégoût des combats et le respect de la vie humaine qui résident au cœur de son récit. Pas de place pour l’esbroufe ou l’enthousiasme patriotique, Week-end à Zuydcoote est, dès son support original, une ode aux sacrifiés. Pour leur rendre hommage, il fallait ainsi restituer de façon naturelle le quotidien de ces soldats mis dos au mur. Une démarche dans laquelle s’inscrit Henri Verneuil dans son film et à travers les personnages qu’il nous montre. 

 

Week-end à Zuydcoote : photoLa débâcle

 

Au départ, l’objectif du film est similaire à celui du Dunkerque de 2017 : nous plonger en immersion totale dans la fuite des troupes alliées durant l’opération Dynamo. Toutefois, une différence nette au niveau du parti pris narratif met très rapidement Week-end à Zuydcoote aux antipodes du film de Nolan. Si le point de vue anglais (c’est le cas pour le Dunkerque de 1958 et pour celui de 2017) sur cet épisode est celui d’une armée vaincue seulement temporairement et de leur retraite héroïque ; le point de vue français est radicalement divergent.

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commentaires
Flo1
12/04/2024 à 20:25

Un très grand film de Verneuil, comme un pendant inverse au précédent ("Cent mille dollars au soleil") : la fameuse évacuation de Dunkerque du point de vue de soldats français, avec une unité de temps et de lieux bien balisée. Cette fois c’est le Belmondo désenchanté qu’on y retrouve, en mal d’aventures (déçue), de camaraderie réconfortante (déçue), de romantisme (déçu, ou presque)… même s’il est déjà bondissant, toutes jambes en l’air.
Les bombes tombent à intervalles réguliers, on ne sait jamais à l’avance qui va s’en prendre une, quel bateau et quelle maison vont sombrer. Et la guerre et la mort sont moches et sales comme jamais.
Pourtant, des fois, y a de beaux moments… C’est le calme avant la tempête, ou l’œil du cyclone si on veut.

Ethan
08/05/2023 à 13:17

L'actrice qui a le rôle de jeanne est morte l'année dernière. Film très poétique qui sans les acteurs dans les rôles du prêtre, de julien, jeanne, alexandre, pinot n'auraient pas eu la même saveur

Il mériterait de repasser au cinéma

alulu
07/05/2023 à 16:22

Supérieur au film de Nolan.