Very Bad Cops : le buddy-movie potache qui cachait très bien ses intentions

Marvin Montes | 15 avril 2023
Marvin Montes | 15 avril 2023

11 ans avant Don't Look Up : Déni cosmiqueAdam McKay livrait avec Very Bad Cops une démonstration d'équilibre convaincante, entre pastiche absurde et satire politico-dramatique. Un buddy movie (presque) parfait qui offre à Mark Wahlberg un rôle à la hauteur de son potentiel comique, aux côtés d'un Will Ferrell déchaîné.

Curieuse trajectoire de carrière que celle empruntée par Adam McKay. D'abord acolyte récurrent de Michael Moore dans l'émission L'Amérique de Michael Moore : l'incroyable vérité, le futur réalisateur accède à une certaine popularité en devenant le scénariste en chef du fameux Saturday Night Live de NBC à partir de 1995. Déjà, McKay navigue entre absurde absolu et dénonciation satirique, notamment au travers de sa collaboration avec Will Ferrell, qu'il érige en tant que parodie récurrente de la présidence des États-Unis.

À partir de 2001, et dans la foulée du succès de son premier long-métrage Présentateur vedette : la légende de Ron Burgundy, McKay s'impose sans mal – aux côtés de notamment Judd Apatow – comme l'un des auteurs les plus prometteurs de la nouvelle comédie américaine. Mais derrière ses films au premier abord furieusement potaches se dissimule une véritable sensibilité sociale : Présentateur vedette traitait en creux de la parité homme/femme dans le milieu télévisuel, sa suite des dérives de l'info en continu, tandis que Ricky Bobby : roi du circuit s'attaquait directement au terreau du conversatisme présent dans les coulisses du Nascar.

Le changement de braquet du réalisateur sera d'autant plus évident à partir de la doublette constituée par The big short et Vice, qui mènera à l'exclusivité Netflix de 2021 Don't look up, tirant à boulets rouges (et de manière parfois un peu désuète) sur les inactions gouvernementales face au réchauffement climatique. Mais même s'il serait simple de réduire le renversement politique plus assumé de McKay à la sortie de The big short, la mue a peut-être opéré un peu plus tôt, avec Légendes vivantes, mais surtout Very bad cops, pastiche de buddy-movie au discours franchement incisif, quelque part entre l'innocente drôlerie de Frangins malgré eux et l'absurde acidité de Vice.

 Photo Eva Mendes, Will FerrellOh vous savez, moi, la politique...

 

Bad Boys, Bad Boys

Very bad cops situe son intrigue dans la jungle urbaine de New York, une grosse pomme qui peut dormir sur ses deux oreilles, bien protégée par le duo de superflics composé par les agents Danson et Highsmith (formidable association Samuel L. Jackson-Dwayne Johnson), inarrêtable au prix de quelques menus dommages collatéraux. Mais lorsque le duo de policiers disparait des radars, la place de binôme vedette devient vacante, et de nombreux flics new-yorkais tentent de se l'approprier.

À l'écart des hommes d'action s'écharpant autour de la lumière, le duo formé par Gamble et Hoitz peut difficilement prétendre à la gloire. Ils sont simplement "les autres" (d'où le titre original du métrage, The other guys, bien plus efficace que sa VF approximative). Allen Gamble est un juriste dans l'âme, passionné par le travail administratif et angoissé par les fusillades. Terry Hoitz est, de son côté, une tête brulée blacklistée depuis un incident impliquant une star du Base-Ball. Contre toute attente, la curiosité maladive de Gamble et une enquête en apparence anodine tournant autour de permis d'échafaudages abusifs placent le binôme sur la voie d'une arnaque de grande ampleur.

 

Photo Will FerrellLe gout du travail bien fait

 

Adam McKay le sait : un pastiche correctement exécuté doit avant tout afficher son respect à l'égard du matériau dont il s'inspire. Pas question ici, comme précédemment, de se livrer à une parodie policière au rabais : Ricky Bobby présentait des séquences de courses convaincantes, les scènes d'action de Very bad cops sont bâties sur la même dynamique. Les ficelles de la comédie ne doivent pas pâtir d'une fabrication sacrifiée, et l'introduction jouissive flirte sans aucun complexe avec l'imagerie Bayienne de Bad Boys 2 sans jamais s'en moquer, avec l'énergie d'un Hot Fuzz sous stéroïdes.

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commentaires
Tuco
17/04/2023 à 16:09

J'adore ce film, sa version longue rallonge quelques scènes énormes comme la voiture retrouvée par l'équipe scientifique ou la mamie qui doit faire passer les mots d'amour entre sa fille et son gendre. Mon préféré de Will Ferrell.

Pulsion
16/04/2023 à 12:28

Excellente comédie. "Ta gueule!" . ^^

JPB
15/04/2023 à 14:31

Excellent paradoxe "bon mauvais film" ou "mauvais bon film". En revisionne toujours des bouts avec plaisir quand il passe à la télé.