Perceval le Gallois : avant Kaamelott, le film français sur la quête du Graal

Léo Martin | 11 mars 2023
Léo Martin | 11 mars 2023

Bien avant Kaamelott, la quête de Perceval pour le Graal faisait l’objet d’un épatant film de chevalerie français : Perceval le Gallois d’Eric Rohmer.

En 1979, l’un des plus éminents romans du XIIe siècle trouve l’une de ses plus singulières adaptations avec le cinéma français. Perceval ou le Conte du Graal de Chrétien de Troyes a francisé le mythe de Peredur (devenu Perceval) et demeure l’un des plus importants piliers de la mythologie arthurienne telle qu’elle figure dans notre littérature. Comme beaucoup des récits des chevaliers de la Table ronde, celui qui concerne le jeune Perceval a survécu à l'épreuve du temps pour être aujourd'hui digne des salles de cinéma.

Il n’est jamais évident de s’attaquer à des textes classiques et anciens pour les transmettre aux nouvelles générations via un médium plus moderne. Mais grâce à une nouvelle mise en forme de celui-ci et un travail de réinterprétation, il est possible de rendre à nouveau accessible de tels contes médiévaux. Et c’est exactement ce qu’a décidé de ne pas faire Eric Rohmer, lorsqu’il a réalisé Perceval le Gallois.

Véritable OVNI dans tout le panorama du septième art, ce long-métrage de chevalerie, halluciné et hors du temps, est une adaptation radicale des textes de Chrétiens de Troyes jusque dans sa plus extrême (mais véritablement réjouissante) reconstitution.

  

Perceval le Gallois : photo"Je vais vous parler d'un film d'Eric Rohmer..."

 

Superflu, honni-sois-tu

Nous sommes donc en 1979 et Eric Rohmer, cinéaste de la Nouvelle Vague, mène quelques expériences. Jusqu’à présent, il s’était illustré avec des films de marivaudages (et il en fera bien d’autres), notamment avec ses Six contes moraux. Il est très attentif aux dialogues, aux badineries, mais aussi aux réflexions métaphysiques de personnages extrêmement ancrés dans le réel. On ne peut pas dire qu’on aurait pensé ensuite trouver Rohmer à l'assaut des films historiques ou chevaleresques. 

Et pourtant, nous y voilà. D'autant qu'avec Perceval le Gallois, il n’en est pas exactement à son coup d’essai. En 1976, Rohmer réalise La Marquise d’O.. , adaptation d’un texte du très mésestimé Heinrich von Kleist. Il se place alors dans une entreprise similaire (mais moins jusqu’au-boutiste) de ce qu’il va ensuite faire avec le roman de Chrétien de Troyes. Il confie alors au Monde qu’il souhaite, avec ce film, "mettre en scène (et non pas adapter, interpréter) un texte privilégié." Les termes employés sont importants, car c’est avec cette démarche de "mettre en scène et non adapter", qu’il va compte ensuite s'occuper du cas de Perceval. 

 

Kaamelott : photoAlors c'est l'histoire de... alors, non pas lui

 

Pour le dire clairement dès le départ, Rohmer est d'une loyauté à toute épreuve quant au roman qu'il transpose au cinéma – mais il en supprime le superflu. Tout ce qui peut contrarier la fluidité du récit filmique, il s’en sépare. Son seul but est une reconstitution cinématographique de la poésie visuelle et verbale qui caractérise la langue de Chrétien de Troyes. C’est ce qui permet au monde si étrange et pourtant si évocateur de Perceval le Gallois d’exister et, surtout, d'avoir du sens. 

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commentaires
Willpinner
15/03/2023 à 15:59

Pour moi, ce film, c'est le souvenir d'une crise de rire épique. Celle d'avoir vu un pote ultra fan d'heroïc fantasy qui a vu 10 fois Excalibur et Conan et qui se pointe avec une VHS (oui, on est dans les années 80) des étoiles dans les yeux en hurlant "on m'a passé un film, ça s'appelle Perceval le Gallois, on le mate !!". Moi j'avais vu le film. J'ai pas regardé l'écran, mais son visage se décomposer au fur et à mesure des premières minutes. Ça me restera gravé à jamais. le film aussi... pour d'autres raisons. Mais c'est... une expérience.

Kojak
12/03/2023 à 18:46

@tous
C'est pas faux

Bubble Ghost
12/03/2023 à 16:19

Sa-Tante-à-Bide : Mais moi aussi je t’aime mon p'tit poulet. Gros bisou baveux sur la fesse gauche hein ^^

Satan LaBitt
12/03/2023 à 12:06

Bubbler Ghost: "une curiosité perdue" ???? Mais tu as quel âge ? Tu connais quoi au cinéma pur dire une ânerie pareille ??

Ankytos
12/03/2023 à 11:23

J'avoue avoir tenté de le voir, il y a fooooort longtemps ; j'étais jeune c'est dire ! À l'époque, je n'avais pas du tout - mais du tout ! - accroché. Je ne l'avais pas trouvé lent mais mou, ce qui n'est pas la même chose, et à vrai dire, les partis pris de mise en scène et de jeu d'acteur surtout m'avait semblé assez ridicules. Oh mon dieu, cette diction !
Aurais-je plus d'intérêt pour la chose aujourd'hui que je suis un spectateur plus mûr ? Je ne sais pas, l'expérience d'y revenir ne m'a jamais travaillé et ne s'est pas présentée.
Et puis, il y a Arielle Dombasle ! Il y a des limites à ce qu'on peut demander à un homme de supporter.

Bubble Ghost
11/03/2023 à 23:50

Alors là, vous avez vraiment déniché une curiosité tellement perdu, que j'en ai juste entendu parlé qu'une seule fois, dans une émission de FilmoTV. C'est dire si ça s'adresse à un public pointu ^^