Sexe, mensonges et vidéos : drame sexuel et révélation d'un grand cinéaste

Arnold Petit | 31 janvier 2023
Arnold Petit | 31 janvier 2023

Sexe, mensonges et vidéos, le premier film de Steven Soderbergh, est un objet troublant et fascinant, en plus d'avoir révélé un grand artisan du cinéma.

Que ce soit grâce à ses partis-pris audacieux ou son ambition perpétuelle d'expérimenter de nouvelles techniques de captation, de production ou de diffusion aussi bien au cinéma qu'à la télévision, Steven Soderbergh s'est imposé comme une des grandes figures de l'audiovisuel américain. En trois décennies, le prolifique cinéaste a développé une filmographie quelque peu singulière, enchaînant films à très gros budget, productions plus modestes et séries télé en multipliant les tâches et les projets avec une indépendance et une liberté que peu de réalisateurs possèdent.

Cette trajectoire atypique qu'il a continué de suivre tout au long de sa carrière avait démarré par une entrée fracassante dans l'industrie, lorsqu'à 26 ans, Soderbergh reçut la Palme d'or à Cannes en 1989 pour son premier long-métrage, Sexe, mensonges et vidéos, devenant ainsi le plus jeune réalisateur à recevoir cette distinction depuis Louis Malle en 1956. 

Au regard de ses autres productions, ce coup d'essai devenu coup de maître apparaît désormais comme un film mineur, et le réalisateur a déclaré avec plaisanterie à Esquire en 2014 que le regarder aujourd'hui serait comme "regarder quelque chose de l'ère victorienne". Mais malgré sa sobriété et sa simplicité, Sexe, mensonges et vidéos reste un film hypnotique et éblouissant qui a prouvé tout le talent de Steven Soderbergh et transformé le cinéma américain.

 

Sexe, mensonges et vidéos : photoJe filme donc je suis

 

STRIP-TEASE

Tout a commencé par trois notes : "Un film sur la tromperie et des boucles d'oreilles perdues", "Tout le monde a un passé" et "Un ami sur le canapé. Liaison avec la femme." En 1986, Steven Soderbergh écrit ces trois idées dans un carnet, sans imaginer qu'elles lui apporteraient la consécration trois ans plus tard. Après 18 mois passés à enchaîner les petits boulots en tant que free-lance à Los Angeles, il revient à Bâton-Rouge en Louisiane en ayant le sentiment d'avoir échoué.

Il monte un clip pour le groupe Yes, ce qui lui permet de réaliser le film de leur concert, puis il est engagé pour écrire quelques scénarios. Cependant, son esprit revient sans cesse à ces trois notes et cette histoire, plus personnelle, inspirée d'une relation avec une femme qu'il trompait. Après avoir revendu ses affaires, il quitte Bâton-Rouge pour retenter sa chance à Los Angeles et écrit la première version d'un scénario en huit jours seulement.

Avec une étonnante facilité, il parvient à lancer le projet et obtient 1,2 million de dollars de budget, majoritairement de la part de RCA/Columbia Home Video (la société prévoyait d'amortir son investissement avec la sortie en VHS et Soderbergh pensait que le film n'arriverait même pas en salles et ne serait qu'une ligne dans son CV lui permettant "de trouver un emploi pour un vrai film" comme il le racontera en 2014 à FlavorWire).

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commentaires
Sexy
11/02/2023 à 14:49

Sexy

100% d'accord revu à l'occasion de sa remastérisation ce film est exceptionnel
01/02/2023 à 11:08

Ouech

Mouais
31/01/2023 à 21:00

Ca ne vaut pas son trop méconnu The Underneath ("A Fleur de peau" en fr / 1994) : LE meilleur film de Soderbergh.