Invasion Los Angeles : le délire de John Carpenter qui a tout appris à Black Mirror

Clément Costa | 3 novembre 2022
Clément Costa | 3 novembre 2022

Le maître de l’horreur John Carpenter s’essayait à la satire avec Invasion Los Angeles. Un triomphe total mêlant critique sociale et plaisir régressif.

On connaît tous John Carpenter pour ses classiques horrifiques. Mais le cinéaste s’est essayé à bien d’autres genres, souvent avec une réussite artistique indéniable. En 1988, alors qu’il sort tout juste de la pépite sous-estimée Prince des Ténèbres, Big John s’essaie à la science-fiction satirique avec Invasion Los Angeles.

Le résultat sera un film absolument génial. D’une part un long-métrage en colère, qui ne cache à aucun moment ses métaphores (pas si) bêtes et méchantes. De l’autre une série B d’action qui prend le temps de divertir son spectateur avec une efficacité redoutable. Un film culte qui mérite largement la (re)découverte.

 

Invasion Los Angeles : photo Invasion Los angelesÇa vaut vraiment le coup d'œil ?

 

MALADIE MODERNE

Tout fan de John Carpenter l’aura forcément déjà lu : le cinéaste a toujours affirmé que Invasion Los Angeles est un documentaire et non pas une fiction. Pas question pour le film de jouer au petit malin avec des messages subtils. La métaphore est évidente en s’attaquant tout d’abord à la politique capitaliste et élitiste de Reagan. Difficile de passer à côté quand le film nous montre littéralement un monde dans lequel des extraterrestres maléfiques sont infiltrés dans toutes les strates du pouvoir en place avec pour but d’assujettir les plus pauvres.

La question de la pauvreté est d’ailleurs au centre du récit. Dès les premières séquences, le cinéaste s’attache à filmer les quartiers défavorisés de son Los Angeles dystopique comme des bidonvilles. L’image oppose de façon verticale cette humanité qui vit au milieu des ordures aux grandes villas luxueuses qui surplombent la vallée. Un contraste social par la représentation spatiale qui pourrait bien être une des inspirations du Parasite de Bong Joon-ho.

 

Invasion Los Angeles : photoUne verticalité écrasante

 

Invasion Los Angeles s’attaque également à la publicité, là encore de la façon la plus directe possible. John Carpenter a confié qu’il regardait beaucoup la télévision lorsqu’il préparait le scénario de son film. Il était alors sidéré par l’obsession télévisuelle consistant à toujours vouloir vendre un produit aux spectateurs passifs. C’est ce pouvoir magnétique des images commerciales qu’il interroge. L’utilisation cynique d’une vie idyllique fantasmée, la capitalisation sur un rêve américain en toc.

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commentaires
Le chat machine
05/11/2022 à 06:30

Pour moi le trio gagnant de big john c'est They live, New York 1997 et Jack Burton, trois classiques indémodables.

Mx
04/11/2022 à 14:37

Haha, carrément, vive les révolutionnaires, c'est eux qui font vraiment avancer le monde!!

zetagundam
04/11/2022 à 14:11

Probablement mon Carpenter préféré sûrement dû à mon côté anarchiste des bacs à sable

ZakmacK
04/11/2022 à 09:25

Film excellent, effectivement dans son jus des années 80. On peut dire qu'il a vieilli, que la baston est trop longue (c'est vrai) que c'est une série B, mais je prends toujours autant de plaisir à le regarder. Ce qui me fait bien rire aussi c'est que je l'avais découvert sur M6 gamin, et que j'en possède maintenant une édition collector "cahier du cinéma". Dans le genre grand écart...

Mouais Bof...
04/11/2022 à 01:12

Encore n film culte avec un scenario du réalisateur culte par excellence.
Inutile derevenir sur ce scenario de folie , la scene interminable de la baston entre Rody Pipper Et Keith Davis résume ce long metrage bourrin satirique.
Et le doigt d'honneur de Rody à la toute fin. Joussif

Big John the best ...

Hasgarn
03/11/2022 à 22:33

Avec Prince des ténèbres, They Live est le plus grand cri de colère de Big John.

Prince des ténèbres est sa suite hommage à the Thing, dans la continuité de la thématique de la prolifération du mal. C’est pas anodin qu’il ait choisi de faire ce film après Big Trouble. Je l’interprète comme un rappel de ce qui aurait dû être sa consécration.

They Live est le cri de colère logique. Vous êtes trop formater pour comprendre l’évidence. La, il ne prend plus de gant. Il tape sur les gens.

Ces 2 films sont des bijoux qu’il a réalisé en indépendant et bordel, ils sont le tournant dans sa carrière. Après ça, il fera soit des chefs d’œuvres, soit ses films les plus faibles.

alulu
03/11/2022 à 20:42

@Mx,

Le charisme se trouve ici. https://www.youtube.com/watch?v=lSKz8xndBYQ&t=215s

Dans le docu, il y a un passage. Je crois que ça se passait au Mexique et Rody Piper s'adresse aux spectateurs et annonce qu'il va jouer l'hymne Mexicain à la cornemuse. Et là, les Mexicains la main sur le cœur entendent la cucaracha :)

Xcice
03/11/2022 à 19:48

C'est une étude sociologique ce film ;)

Ash77
03/11/2022 à 17:48

J'adore celui ci. Comme la plupart des films de John Carpenter d'ailleurs...

Mx
03/11/2022 à 17:04

Exactement, mon pote, ce que j’adore avec ce film, c’est comment les anti-conformistes luttent contre l’envahisseur qui assomme le peuple et le transforme en mouton, message qui est et sera toujours d’actualité, , c’est un fait.

Allulu il est excellent, dans ce film, piper, charisme de dingue, toujours la punchline qui faut au bout moment, il en impose sans forcer, donc oui, il est très bon, dans son rôle.

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