Thirst : le meilleur film de vampire que vous n'avez pas vu

Clément Costa | 17 mai 2022
Clément Costa | 17 mai 2022

Souvent considéré comme un des films les plus mal-aimés de son auteur, Thirst, ceci est mon sang... de Park Chan-wook est pourtant une expérience folle qui mérite d’être réhabilitée.

En 2009, six ans après le triomphe de son Old Boy, Park Chan-wook est de retour au Festival de Cannes avec Thirst : ceci est mon sang. Une fois de plus, le cinéaste reviendra récompensé de la Croisette puisqu'il raflera le Prix du Jury. Mais cette fois-ci, le bilan global, tant côté critiques que public, sera bien plus mitigé.

Souvent jugé trop excessif, voire grotesque, Thirst est loin d’avoir l’énergie grisante qu’avait la Trilogie de la Vengeance. Park Chan-wook semble abandonner une certaine vision du cinéma de divertissement pour une forme bien plus déconcertante. Et pourtant, Thirst est une œuvre unique. À la fois un pivot crucial pour comprendre la filmographie de son auteur, une adaptation redoutable et probablement le meilleur film de vampire de ces 20 dernières années. C’est donc parti pour une nouvelle exploration d’une œuvre tortueuse et inattendue qui mérite d'être (re)découverte.

 

Thirst, ceci est mon sang... : photoUn long dimanche de funérailles

 

Sympathy for mister vampire

Replacé à l’échelle de la carrière de Park Chan-wook, Thirst est un film crucial. Un véritable miracle qui parvient à concilier continuité, rupture et renouveau au sein de la même œuvre. Pour ce qui est de la continuité, on retrouve avec un plaisir intact la virtuosité de la mise en scène du cinéaste. Chaque image est pensée pour le cinéma. Au-delà de la singularité des plans et du travail incroyable sur la lumière, on reconnaît également les thématiques chères au réalisateur. Il nous offre ici une nouvelle plongée au cœur de la violence, de la déchéance humaine.

Mais la rupture reste évidente. Après un contre-pied déjà renversant avec Je suis un cyborg en 2006, Park Chan-wook décide de renouveler radicalement son cinéma. Une transformation d’abord formelle. Il quitte un cinéma de mouvement constant pour embrasser une vision plus épurée, plus statique. Loin de l’énergie furieuse et survoltée de Lady Vengeance ou Old Boy, le cinéaste laisse reposer sa caméra avec Thirst. Le tout premier plan, fixe et aveuglant de lumière, sert de note d'intention fascinante.

 

Thirst, ceci est mon sang... : photoSaignante ou à point ?

 

Bien au-delà d’un renouveau purement technique, le film apporte également de nouvelles thématiques. Old Boy était imprégné de philosophie et de psychanalyse. Thirst sera radicalement spirituel. Bien plus que dans Lady Vengeance qui détournait avec férocité l’imaginaire religieux, on assiste ici à un vrai film de foi. Un récit explorant le doute, le blasphème, la passion comme quête de souffrance pour obtenir une forme de rédemption. Mais aussi la monstruosité dans ce qu’elle a de plus tragique, évoquant par instants le Elephant Man de David Lynch.

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commentaires
petitCalimero
18/05/2022 à 14:01

Confirmation du commentaire de Asturias.

La séquence finale de ce film est vraiment d'une puissance folle (et à peu près parfaite, osons le terme).
Et bien qu'il soit compréhensible que certains aient pu être décontenancés par les outrances et le "jusqu'au boutisme" du film (que j'ai beaucoup appréciés cependant, surtout lors du visionnage de sa version longue), il me parait difficile de ne pas être ébloui par cette conclusion simple, bouleversante et purement cinematographique

alshamanaac
17/05/2022 à 20:48

Vu en salle à l'époque également... Mais j'en ai pas gardé un grand souvenir, un peu déçu. Je crois que les gens se marraient un peu tellement c'était un peu too much... mais faudrait que je le revois à l'occasion pour me rafraichir la mémoire...

Dans le genre "vampirique", j'avais beaucoup plus adhéré à son Stoker par contre.

Pat Rick
17/05/2022 à 20:15

Des passages intéressants mais je me suis aussi pas mal ennuyé.

Berserkovore
17/05/2022 à 19:57

Vu en salle lors de sa sortie et j'en étais revenu assez décontenancé. Je devrais réessayer...

Kyle Reese
17/05/2022 à 18:51

Et mince, un film de vampire réalisé par Park Chan-wook ... et j'ai loupé ça !
rattrape en vue.

alulu
17/05/2022 à 18:37

Visionnable sur Prime.

Asturias
17/05/2022 à 15:53

SPOILER : Une des plus belle fin du cinéma...