The Plague Dogs : ce cauchemar sans pitié qui veut nous faire mal

Déborah Lechner | 17 octobre 2021 - MAJ : 17/10/2021 12:17
Déborah Lechner | 17 octobre 2021 - MAJ : 17/10/2021 12:17

Parce que c'est un chef-d'oeuvre tristement oublié, on revient sur The Plague Dogs, un film cruel et bouleversant qui a marqué l'animation au fer rouge.

Au début des années 80, soit plusieurs années avant les chefs-d'œuvre que sont Perfect Blue, Le Tombeau des lucioles, Princesse MononokéL'Illusionniste, Les triplettes de BellevillePersepolis ou Valse avec Bachir - pour ne citer qu'eux -, quelques pionniers seulement avaient pensé à soustraire au cinéma d'animation le ton enfantin et divertissant que Disney avait imposé comme une norme dès les années 30.

Parmi eux, on retrouve notamment le réalisateur américain Ralph Bakshi et son sulfureux Fritz le chat, les artistes français René Laloux et Roland Topor avec leur Planète Sauvage étrange ou encore le cinéaste japonais Eiichi Yamamoto pour sa trilogie de films érotiques Animerama. Malheureusement, on oublie trop souvent de revenir sur The Plague Dogs, une autre proposition radicale, tombée dans l'oubli faute d'avoir trouvé son public en 1982. Après La folle escapade de 1978, un premier long-métrage animé déjà plus sombre et violent qu'à l'ordinaire, le producteur et réalisateur britannique Martin Rosen a pourtant repoussé plus loin encore les limites de l'exercice. 

 photoÂmes sensibles s'abstenir

 

CERCLE VICIEUX

Disney a toujours su toucher nos petits coeurs et nous mettre la larme à l’oeil, indépendamment de notre âge. En 1982, le public avait déjà chouiné devant la mort foudroyante de maman biche dans Bambi, l’appel au secours navrant de Penny dans Bernard et Bianca ou encore l’abandon déchirant de Rox dans Rox et Rouky. Si The Plague Dogs n'était donc pas le premier film animé à nous apitoyer sur le sort de ses protagonistes, en l'occurrence deux chiens, Martin Rosen n'était pas du genre à nous réconforter juste après avec une ou deux chansons pleines de bons sentiments et un dénouement heureux. Au contraire.

Ici, le désarroi n'est pas ponctuel, il s'étend d'un bout à l'autre de l'oeuvre. Sans compromis, ce second long-métrage du Britannique raconte ainsi la lente agonie de Rowf, un labrador, et Snitter, un fox-terrier, après qu'ils se soient échappés du laboratoire d'expérimentations scientifiques où ils étaient torturés et étudiés. Entre la faim, le froid, la souffrance et les hommes, qui les suspectent d'avoir été exposés à la peste, ils s'engagent dans une lutte de tous les instants pour survivre, un combat acharné perdu d'avance.

 

photoChâtiment de Sisyphe 

 

Pour nous plonger dès les premières secondes dans cet état d'esprit défaitiste et fataliste, l'atmosphère s'alourdit dès le générique d'ouverture : un simple écran noir sur lequel défilent lentement plusieurs noms, accompagnés d'une musique sourde et de sons aqueux inquiétants, ceux d'un chien qui se noie, comme on le comprend bien trop vite. Ces mêmes bruits qu'on retrouve juste avant le générique de fin, lorsque les deux compagnons nagent en pleine mer, seuls et épuisés, dans un dernier acte suicidaire qui nous laisse hagards et inconsolables. 

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commentaires
Nico
17/10/2021 à 23:24

Un grand film d'animation, une véritable claque.

Pat Rick
17/10/2021 à 21:27

C'est un film assez émouvant mais du même réalisateur je trouve La Folle Escapade bien meilleur.

galetas
17/10/2021 à 19:52

Ouaip, il est disponible en dvd , mais pas à un prix raisonnable.
Personnellement, je le garde pour ses énormes qualités ,mais je me refuse de le mater une seconde fois. La détresse des animaux m'est encore plus insupportable que celle des morveux...

Eddie Felson
17/10/2021 à 14:54

Déjà que le tombeau des lucioles m’avait séché comme jamais, surtout niveau lacrymale, alors, comme @KyleReese, ça donne envie mais vu le précédent évoqué précédemment, je passerai mon chemin;)

Berserkovore
17/10/2021 à 14:42

Je n'en avais jamais entendu parler et vous me donnez sacrément envie de le découvrir ! Il existe en DVD/Blu-Ray ?

Kyle Reese
17/10/2021 à 14:05

Un film que je ne pense pas regarder les nombreuses qualités énumérées dans ce très bel article. Car rien que de lire le résumé de l’histoire m’a fichu un sacré cafard.
Pas envie de m’effondrer totalement sur mon canapé les yeux remplis de larmes devant un film, fusse-t-Il un chef d’oeuvre. Ou alors juste pour calmer une crise d’hystérie joyeuse subite.