Mise à prix : sous-Tarantino ou génial foutoir incompris ?

Raphaël Iggui | 3 août 2021 - MAJ : 26/08/2021 17:48
Raphaël Iggui | 3 août 2021 - MAJ : 26/08/2021 17:48

Adoré par Terrence Malick, conspué par la critique, Mise à prix est de ces films qui prônent l'excès comme seul horizon artistique, quitte à écœurer. 

En 2006, Joe Carnahan est encore un des mecs les plus cools d'Hollywood. Narcpolar brutal dans les rues de Detroit qu'il a écrit et réalisé en 2002, lui a valu le statut d'auteur à suivre. Après avoir tourné un des courts-métrages publicitaires de BMW avec Clive Owen, comme Ang LeeWong Kar-Wai ou Guy Ritchie, il a été envisagé pendant un temps pour réaliser Mission : Impossible 3, projet tué dans l'oeuf suite à des différends artistiques avec l'ogre de contrôle qu'est Tom Cruise. À la place, il réalisera Mise à prix ou Smokin'Aces dans sa version originale. 

Débarquant en janvier 2007, le film achèvera sa course avec 34 millions de dollars au box-office US et un peu plus de 54 millions au box-office international. De quoi rembourser son budget de 17 millions de dollars, et compenser les centaines de boulets rouges que le film va recevoir de la part d'une majorité des critiques. On reproche au film, côté à 31% sur Rotten Tomatoes, de singer le style de Quentin Tarantino sans l'égaler, de styliser une violence ultra bas du front dans un ensemble foutraque et incohérent

Soyons clair : oui, Mise à prix est un gigantesque foutoir zébré d'éclats de violence et de scènes d'action stylisées, où se croisent des galeries de tueurs et de tueuses complètement fracassés du bulbe. Le film atteint parfois de tels summums de violence cartoonesque que vous vérifierez si vous n'avez pas lancé Les Looney Tunes dans l'impasse mexicaine. Paradoxalement, la plus grande qualité du long-métrage est aussi son plus grand défaut : c'est un grand huit sans ceinture et sans limites.

 

PhotoVous avez demandé un room service cervelle plombée ? 

 

Les as des as 

Commençons par revenir sur le scénario d'une telle orgie de poudre et de plomb : Buddy "Aces" Israël est un magicien de pacotille cocaïnomane, qui a trop fricoté avec la mafia italienne du côté de Las Vegas. Prêt à tout balancer au FBI, il est placé sous protection policière dans le penthouse d'un casino du lac Tahoe, sous la surveillance de deux agents. Mais le parrain Primo Sparazza ne compte pas le laisser filer aussi facilement et place un contrat d'un million de dollars sur sa tête en plus d'envoyer un tueur à ses trousses. Rapidement, tueuses, malfrats et autres flics ratés vont se presser pour récupérer le magot et la tête d'Israël...

Si Terrence Malick loue les qualités de Mise à prix, ce n'est pas pour sa capacité d'abstraction, mais pour la capacité du long-métrage à superposer l'ensemble de ses histoires tout en leur permettant d'exister par et pour elles-mêmes. En effet, on se croirait presque dans le Magnolia du gros calibre tant le film parvient à caractériser et à lancer ses personnages dans le feu de l'action en très peu de scènes. Il suffit d'une réplique (bien allumée) à Chris Pine version Redneck pour instantanément gagner l'adhésion du public, ou d'un dialogue Alicia Keys / Taraji P. Henson pour capter instantanément la coolitude incandescente du duo de tueuses

 

photo, Alicia Keys"This girl has some fiiiiiiiiiiiireeee"

 

Même les agents du FBI parviennent à susciter l'intérêt, notamment grâce à l'interprétation d'un Ryan Reynolds dont on a presque oublié qu'il pouvait apporter un premier degré salvateur à ses rôles, et un Ray Liotta en vétéran au regard bleu acier. À ce titre, le film agit comme la photographie d'une époque au timing hallucinant, mélangeant de futures têtes d'affiche (Ryan Reynolds, Chris Pine...) à de solides seconds rôles (Taraji P. Henson, Joel Edgerton, Tommy Flanagan...) en passant par les vieilles gloires (Ray Liotta, Andy Garcia,...). 

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commentaires
Anderton
06/08/2021 à 10:23

J'avais vu ce film par curiosité à sa sortie, et javais adoré; effectivement, c'est un foutoir mais comme décrit dans l'article, chaque scène prise indépendemment vaut son pesant de cacahuètes et le tout assemblé rend l'intrigue assez dense. S

Franken
05/08/2021 à 16:31

Un monstrueux capharnaüm furieusement jubilatoire...

D’un cinéaste qui maîtrise son chaos.

The Moon
05/08/2021 à 01:07

Je vais répondre à chaud sans lire au préalable les commentaires.
Joe Carnahan a reçu toute mon admiration après le visionage de Narc.
Quand 5 ans plus tard, jai vu son nom au générique de Mise à prix.
J'ai pas eut besoin de réfléchir et je me suis régalé.
Rien à voir avec du Tarantino, Carnahan s'en inspire un peu mais il défend sa plume et son style.

Spoiler.....

Regarder bien la scène ( interprété par un duo d'acteur qui se connaissent pour avoir tourné dans Lost) de la rencontre entre le chef de la sécurité et le 1er mercenaire...les derniers instants de la victime sont quasi poétique...

Carnahan a du cœur et il ne traite pas tout le temps la mort à la légère comme le prétend cette violence décérébré attachée au film.

Idem avec la mort de Ben Affleck il encore le premier mort de son film En territoire des loups"

MadMcLane
04/08/2021 à 11:01

Ben moi je l'ai bien aimé ce film, le côté foutraque cadre bien avec l'ambiance du film, les acteurs sont bons, les scènes d'action aussi et le scénario est plutôt malin. Bref une belle réussite de carnahan qui n'a pas la carrière qu'il mérite à mon humble avis, trop anti système j'imagine, trop indépendant.

JR
04/08/2021 à 09:34

C'est drôle, on en parlait avec des amis il y a quelques jours... Très grosse claque pour ma part... Mais je dirais plus bordel organisé... Le film est magnifique a tous les niveaux.

Euh
04/08/2021 à 01:05

Derrière ses scènes d'action folles et ses personnages de tarés, Joe Carnahan n'oublie pas l'émotion, les morts ne sont pas balancées comme dans un vulgaire blockbuster, même le plus petit perso nous foutrait la larmichette à l'oeil quand il est tué, du grand art.

Kyle Reese
03/08/2021 à 18:58

Je l'ai vu lorsque je n'avais plus rien sous la main, il y a 2-3 ans. Même si les critiques l'ont descendu je me disais, quand même le mec qui a fait Narc qui tente de faire du Tarantino et finalement je me retrouve devant un film plus façon Tony Scott des grands jours avec cette fusillade totalement anthologique de malade. Un sacré bordel en effet mais qui secoue bien et est assez jouissif. Plus tard j'ai encore été surpris par l'excellent Territoire des Loups, puis récemment son Boss Level était assez bien fichu et ludique. Le mec n'a pas abdiqué malgré le échecs commerciaux, il en a encore sous le coude.

Flash
03/08/2021 à 18:06

Perso, j’ai adoré.
C’est un bordel total, mais c’est ça que j’aime, et le gamin version Karaté kid (ha ha ha) j’en rigole encore.

Manu21
03/08/2021 à 17:27

Pour ma part, je trouve ce film très mauvais, du sous-Tarantino qui donne mal au crâne et avec un Ryan Reynolds déjà pas drôle à l'époque.

sylvinception
03/08/2021 à 17:13

Et alors j'apprends que Malick kiffe le film... bordel, ça m'troue l'c*l !!

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