Conjuring, Annabelle, La Nonne : on a classé les films, du pire au meilleur du cinéma d'horreur

La Rédaction | 17 septembre 2023 - MAJ : 22/09/2023 12:10
La Rédaction | 17 septembre 2023 - MAJ : 22/09/2023 12:10

Conjuring, Annabelle, La Nonne... Quels sont les meilleurs et pires films de la saga d'horreur, et de l'univers étendu Conjuring-verse ?

Des fantômes, des démons, des possessions, des meurtres, des exorcismes, des malédictions : en 9 films et 10 ans, l'univers Conjuring a offert une grosse ration d'horreur plus ou moins mémorable. Mais peu importe puisque ça cartonne au box-office.

Ecran Large a revu tous les films, pour les classer du pire au meilleur. C'était douloureux, mais on a réussi.

 

  

9. La Nonne 2

Sortie : 2023 - Durée : 1h49

 

La Nonne 2 : photoVous reprendrez bien un peu de lampes qui clignotent ?


Ça raconte quoi ?
Visiblement en manque d'exorcistes, l'Église catholique charge (encore) la pauvre Soeur Irene de traquer (encore) le perfide Valak, qui dévaste l'Europe. Accompagnée d'un PNJ en cornette, elle finit dans un internat du sud de la France, où elle rencontre (encore) le bon vieux Maurice. Les deux anciens compères vont (encore) devoir affronter leurs démons. Littéralement.

Pourquoi c'est du foutage de gueule ? À ce stade et sous la férule de Michael Chaves, la franchise est devenue une gigantesque recyclerie. C'est peut-être dans les vieux pots qu'on fait les meilleures confitures, mais ce n'est pas avec les mêmes gimmicks qu'on fait des films potables, ou même tout simplement regardables. En neuf volets, les codes classiques du cinéma de maison hantée introduits par James Wan ont eu le temps de s'effriter jusqu'à perdre toute efficacité et tout intérêt.

 

La Nonne 2 : photoÀ la recherche de la peur

 

Il faut dire que l'heureux papa de Malignant s'efforçait d'infuser une forme de ludisme dans ses mouvements de caméra, dans ses révélations en arrière-plan et dans ses jump-scares. Rien de tout ça dans le méga-feignant La Nonne 2, qui aligne les saynètes de trouille ad nauseam sans ne serait-ce qu'essayer de mettre en scène ses entités anonymes et ses images usées jusqu'à la corde (il va jusqu'à voler un plan à Conjuring 2 !). Les confrontations avec le démon multiforme le plus générique de l'histoire des bondieuseries américaines sont découpées comme un téléfilm de Noël, supplément photo en nuances de noir.

Le scénario tente péniblement de fabriquer une sorte de MCU des grenouilles de bénitier à l'aide d'une énième relique sacrée qui mate les démons et convertit les hérétiques (désolé Storm Reid), le tout en jonglant entre les apparitions de La Nonne du titre, parfois réduite littéralement au rang de papier peint. Forcément, c'est laid, c'est ridicule, ça ferait passer ta profession de foi pour un concert punk anarchiste et c'est surtout in-ter-mi-nable. On prie tous, sans grand espoir, que le dixième soit le dernier.

Notre critique du navet La Nonne 2

8. LA MALÉDICTION DE LA DAME BLANCHE

Sortie : 2019 - Durée : 1h34

 

photoLa Nonn... euh non, enfin, on sait plus

 

Ça raconte quoi ? La Dame Blanche. Spectre terrifiant, pris en étau entre le paradis et l'enfer, piégé par un terrible destin dont elle est elle-même l'artisan. La seule évocation de son nom sème la terreur dans le monde depuis des siècles... Nan, c'est juste un autre fantôme habillé en blanc qui saute sur les gosses pour les faire sursauter

Pourquoi c'est douloureux ? Beaucoup de films du Conjuring-verse flirtent avec le seuil de souffrance. Mais seul La Malédiction de la Dame Blanche le franchit aussi franchement. La logique esthétique de la saga est poussée dans des retranchements à la limite du sabotage : chaque contrechamp abrite un jumpscare pénible, martyrisant au passage nos pauvres oreilles grâce à un mixage sonore niant la notion même de nuance. C'est à croire que les spectres n'ont que ça à faire que surgir toutes les 15 secondes d'un recoin mal éclairé pour arracher un cri crispant à des gosses abrutis.

 

photoAttrape-le, qu'on en finisse

 

Tout dans ce film n'est voué qu'à éprouver nos sens, d'un montage traquant les sursauts au point de nous faire saigner des yeux à une musique pseudo-atmosphérique passe-partout, en passant par le design du fantôme en question, décalque blême d'à peu près la moitié du catalogue de la franchise, aussi pauvre qu'aseptisé. L'origin story expédiée à la va-vite dans le coin d'une église, récitant le scénario de la quasi-intégralité des productions du genre, achève de révéler la nature de l'objet : un produit marketing grossier, dont l'opportunisme n'échappera pas au plus crédule des spectateurs.

À noter, comme toujours, à quel point la distribution française joue le jeu de l'arnaque mercantile. Pour mieux convaincre les pré-ados fascinés par les creepy-pasta du terroir, elle se permet de carrément changer l'identité du spectre et le conforme de fait aux attentes supposées d'un public réduit au statut de cible commerciale. La Llonara, dont le nom a même été remplacé dans les sous-titres de l'exploitation salles, devient la dame blanche. Car dans l'univers Conjuring et ses disciples, les fantômes sont tous les mêmes.

7. ANNABELLE 3

Sortie : 2019 - Durée : 1h45

 

photo Annabelle 3"À la prochaine !"


Ça raconte quoi ?
Après deux films, les Warren récupèrent la poupée maléfique Annabelle. Selon eux, l'objet n'est pas hanté en soi (quel scoop), mais il attire le mal sous toutes ses formes. Le couple décide alors de l'enfermer dans sa pièce dédiée aux babioles maléfiques, la grande kermesse des jumpscares.

Évidemment, la baby-sitter de leur fille ramène chez eux la plus stupide de ses amies, laquelle va aisément passer outre le ridicule dispositif de sécurité mis en place pour protéger l'endroit et libérer moult démons, fantômes et autres esprits. La nuit va être longue, pour eux comme pour nous.

 

photoNon.

 

Pourquoi c'est un gros gâchis ? Le premier Annabelle était déjà un aveu d'échec : impossible de faire de la poupée elle-même l'antagoniste principal. La suite avait quelque peu contourné ce problème, et ce troisième opus choisit enfin de faire un film Annabelle... sans Annabelle. En utilisant l'objet comme prétexte, Gary Dauberman et James Wan s'émancipent enfin du sérieux plombant d'une saga qui pédalait depuis trop longtemps dans la semoule pour se laisser aller au pur train fantôme cinématographique qu'on attend désormais des films du Conjuring-verse.

Le principe à l'origine de Annabelle Comes Home (titre original bien plus pertinent qu'une énième adaptation française bassement racoleuse, Annabelle : la Maison du mal) a des airs de fantasme inassouvi : enfin, la fameuse pièce des Warren, qui nous nargue depuis plusieurs années, peut laisser transparaître son potentiel, et lâcher son bestiaire fourni (fantômes japonais et spectres mutilés se disputent aux mariées ensanglantées et aux loups-garous) sur quelques jeunes décérébrés, au mépris des ridicules ambitions historiques et mythologiques de la franchise.

 

photoQuand on t'utilise pour un gag horrifique poncé jusqu'à la moelle

 

Malheureusement, dans les faits, Annabelle 3 démontre tous ses défauts. Car c'est avant tout un immense gâchis, qui s'empare de toutes ces figures horrifiques alléchantes pour les conformer à une recette, à un cahier des charges qu'on jurerait figé sur un tableau Excel. Les séquences d'épouvante calibrées s'enchaînent assez mollement, multipliant les retournements de croix et les jumpscares au rythme réglementaire. Les monstres se succèdent sans éclat, sans violence et surtout sans originalité.

Les expérimentations ludiques des films de Wan sont caricaturées de temps à autre, histoire de donner l'illusion de varier les plaisirs. Mais le traitement qui est réservé à ce pitch appétissant révèle surtout le plus gros défaut du Conjuring-verse après le départ de son créateur de la réalisation : son attachement à une formule toute faite, lubie hollywoodienne déjà très irritante dans les blockbusters super-héroïques, carrément rédhibitoire dans un film d'épouvante pur.

6. ANNABELLE

Sortie : 2014 - Durée : 1h38

 

photoAnnabelle en PLS


Ça raconte quoi ? 
John déniche le cadeau de ses rêves à sa femme enceinte Mia : une poupée. Sauf que très vite, le rêve va se transformer en cauchemar. Après avoir survécu à l'introduction de deux satanistes dans leur maison, le couple et surtout Mia vont être confrontés au retour d'une force démoniaque à travers Annabelle.

Pourquoi c'est irritant ? Probablement parce qu'on attendait tous d'en savoir plus sur cette fameuse poupée après l'introduction sacrément flippante du premier Conjuring (et donc de la saga entière). Dès ce premier volet, la fameuse Annabelle était là, discrète, dans l'ombre, et pourtant déclencheur d'une certaine angoisse. Et comme le film réalisé par James Wan était sacrément réussi (vous verrez bien sa place dans notre classement), ce spin-off était hyper attendu en plus d'être très tentant.

Avec ce film consacré à la poupée vicieuse et effrayante, la saga avait donc de quoi passionner et surtout, faire monter un cran son baromètre de la peur et des cris. Et dans un premier temps, le film y parvient plutôt bien. Si le prologue reprend les mêmes plans que The Conjuring, le long-métrage démarre avec efficacité lorsque la poupée fait son entrée dans la vie de Mia (Annabelle Wallis, au prénom sacrément opportun).

 

 

Et sincèrement, toutes les péripéties dans leur nouvelle maison tiennent en haleine, notamment grâce à l'utilisation judicieuse des sons (cette machine à coudre) et une caméra fluide, le chef opérateur régulier de James Wan et réalisateur de l'excellent Mortal Kombat : Destruction finale (on voulait dire l'étron), John R. Leonetti ayant pris les commandes. De fait, le plan-séquence qui suit Mia dans la nuit ensanglantée du premier acte est un petit tour de force, où la tension monte crescendo jusqu'à un déferlement de violence (un peu trop haché certes, mais plutôt plaisant) qui devait lancer les hostilités.

Sauf qu'en fait, après ça et d'autres mini-événements oubliables, le couple (et leur enfant né depuis) va s'installer dans un appartement. Dès lors, tout va devenir fade et insipide. Si on ne jette pas la pierre sur la bêtise des personnages (la poupée est de retour alors qu'elle avait été jetée par le mari, mais tout le monde s'en fout au bout de 12 secondes), on ne pourra en revanche que pointer du doigt le scénario en lui-même.

 

photo, Annabelle WallisHahahahahahha (imitation du rire bizarre, d'un enfant bizarre)

 

Désincarné, dénué de volonté, bourré de facilités (le personnage de Alfre Woodard sérieux) et trop bruyant pour vraiment effrayer, Annabelle devient interminable (en dépit de ses petites 98 minutes) et particulièrement ennuyeux. Et si on retient quelques séquences amusantes (ce prêtre violemment projeté en l'air) ou plutôt inspirées (la scène de l'ascenseur, quelle belle idée), l'ensemble ne parvient jamais à retrouver l'atmosphère de ses premiers instants et reste surtout profondément vain.

Gênant pour un long-métrage supposé développer l'univers dont il est tiré et surtout reposer sur une poupée qu'on ne voit finalement presque jamais.

5. La Nonne

Sortie : 2018 - Durée : 1h37

 

photo, Taissa Farmiga"Attention derrière toi !" numéro 1

 

Ça raconte quoi ? Avant d'être guest de luxe dans Conjuring 2, la fameuse nonne renommée Valak hantait déjà les recoins sombres et les vieux miroirs dans une abbaye roumaine. C'en était trop pour le Vatican, qui a envoyé la petite soeur de Vera Farmiga et un prêtre pour enquêter, et constater que oui, c'est bien la merde.

Tout le monde sait que personne n'arrêtera la nonne, puisque l'histoire se déroule dans les années 50. Il faudra blâmer un paysan français du nom de Maurice, qui sera plus tard exorcisé par les Warren, parce que cet univers est très bien pensé quand même.

 

photo, Demian Bichir"Attention derrière toi !" numéro 12

 

Pourquoi c'est pas terrible ? Parce que tout est parti de cinq minutes de nonne dans le noir chez les Warren, et de toute évidence, personne n'a été beaucoup plus loin. L'histoire de Valak a donc été bricolée autour de l'enthousiasme de son apparition dans Conjuring 2, avec une seule intention visible : piocher dans l'héritage du film d'horreur gothique pour gonfler la formule.

Une idée amusante, et plus que logique pour un univers catho-porn, qui use et abuse des clichés du genre (une croix retournée par ici, une voix bizarre par là). D'autant que le réalisateur Corin Hardy avait emballé quelques bonnes scènes dans Le Sanctuaire, imparfait, mais amusant (sachant que James Wan a été renfort réalisateur seconde équipe sur La Nonne).

 

photo, Taissa Farmiga"Attention derrière toi !" numéro 36

 

Sauf qu'à l'écran, c'est le vide intersidéral, à peine camouflé par douze machines à fumée dès qu'un personnage marche à l'extérieur (voire à l'intérieur, parce que pourquoi pas). Ce n'est pas un hasard si l'une des scènes les moins ratées reprend directement celle de Valak dans Conjuring 2, tout en parvenant à la rendre plus simple, plus bête, et moins effrayante. Sans mise en scène inventive, sans idée visuelle forte, les épisodes de ce Conjuring-verse s'écroulent pour révéler leur vacuité abyssale.

Bienvenue donc dans l'antre des clichés aussi gros que le box-office de train fantôme de pacotille (à ce jour le plus gros succès de la série, avec plus de 365 millions) : abbaye déserte, village louche, jeune sœur novice, prêtre hanté par quelques fantômes, mythologie étalée à coups de dialogues lourdingues, rafales de vent parce que le diable aère les pièces humides, et autres silhouettes dans le fond de l'image parce que ça fait peur. C'est un festival de jumpscares de bas étage, de la scène d'intro où une nonne est tirée par les pieds dans une pièce sombre, jusqu'au grand final-tornade de CGI.

4. Conjuring 3

Sortie : 2018 - Durée : 1h37

 

photo, Vera Farmiga, Patrick WilsonSuper-Catho à la rescousse

 

Ça raconte quoi ? 1981. Arne Cheyenne Johnson tue le propriétaire de son logement et plaide non-coupable, pour cause de "possession démoniaque" lors de son procès, ce qui ne manquera par d'attirer les médias et d'attirer la fascination d'une bonne tranche de la population américaine, encore aujourd'hui. Loin de la simple maison hantée, de ses mères et enfants possédés, cette fois-ci la franchise sort de sa zone de confort pour s'attaquer au système judiciaire américain, à sa cour, sa police et ses contradictions, sur fond de possession et de malédiction.

Pourquoi c'est oubliable ? Comment prouver l'existence du diable ? Ou du moins la faire admettre devant une cour de justice reconnaissant l'Église catholique et jurant sur la bible ? La longue exposition du troisième long-métrage de la saga principale de l'univers ne ment pas sur ses intentions, comme L'Exorcisme d'Emily Rose avant lui, Conjuring : Sous l'emprise du Diable récupèrera l'horreur alors qu'elle est déjà devant les jurés, les juges et les avocats. Une promesse ambitieuse et intelligente qui laissait joyeusement présager un renouvellement de l'univers et des dynamiques de couple installées entre les Warren. 

 

photo, Julian HilliardQuand tu ne veux pas aller plaider

 

Seulement voilà, pour dire quelque chose d'intéressant et un brin profond, il ne faut pas simplement faire preuve de bonne volonté. Et s'arrêter tout net après cette intéressante entrée en matière ne pouvait que faire plus mal encore. À la maison hantée de fantômes et autres démons sera donc substituée la malédiction d'un sorcier adorateur du mal et de Satan. Tu parles d'un renouveau ! Exit donc toute forme de questionnement sur cette chrétienté typiquement américaine, bien vivante, qui innerve toutes les couches de la société, quelle qu'elle soit. 

De vrais changements nécessitent un minimum d'investissement, mais l'assurance de la réussite, sans trop se fouler, l'emporte facilement sur la prise de risques, surtout quand on parle de franchise. Avec un peu plus de 24 millions de budget de production (le plus petit de la trilogie Warren) et sans trop se planter sur la forme, le long-métrage ne s'autorise donc pas grand-chose d'autre que ces jumpscares belliqueux, d'autres monstres encore mal dépoussiérés de la cave et quelques décors souterrains absurdes en guise de climax. 

Quoi qu'il en soit, l'essoufflement, le manque de vision et d'ambition se ressentent. 201,9 millions de billets verts encaissés à travers le monde, c'est là encore le plus petit score des trois Conjuring. Dommage pour un film qui avait tant à offrir. 

3. ANNABELLE 2

Sortie : 2017 - Durée : 1h50

 

PhotoRampes Forrest ! Rampes !

 

Ça raconte quoi ? Un fabricant de poupées et son épouse accueillent dans leur maison reculée les pensionnaires d'un orphelinat qui vient de fermer. Mais leur demeure est aussi la résidence de leur dernière création, Annabelle, et elle ne voit pas l'arrivée d'une troupe de petites filles d'un très bon oeil.

Pourquoi c'est pas si mal ? Annabelle 2 : La Création du Mal porte de nombreuses tares des productions satellites du Conjuring-verse. Il multiplie fréquemment les effets faciles, et durant sa première moitié, se focalise presque exclusivement sur des sursauts faciles, qui manquent cruellement d'intelligence, préférant se reposer sur des effets sonores ronflants que d'authentiques surprises frissonnantes. De même, la direction artistique fait un usage assez inconséquent de l'imagerie catholique. Non pas qu'elle soit malvenue, ou hors de propos, mais elle a des airs de béquille stylistique, tant l'imaginaire de l'ensemble apparaît pauvret, préférant se reposer sur un référentiel pré-établi, qu'en proposer une nouvelle déclinaison.

 

PhotoFilm enlevé, personnages élevés

 

Autant de défauts qui donnent le sentiment d'avoir affaire à une contrefaçon de la méthode James Wan, et génèrent un ennui profond chez tout spectateur en quête d'une angoisse un peu plus profonde qu'à l'accoutumée. Autant de problèmes qui étaient présents dans le précédent long-métrage de David F. Sandberg, le sympathique, mais anodin Dans le noir. Néanmoins, le metteur en scène finit par étonner, voire effrayer, quand il prend enfin totalement possession de son récit.

En effet, cet épisode possède un élément qui distille rapidement une belle tension : avec une majorité de son casting composé d'enfants, l'idée que les marmots vont finir en compote de rotules s'avère payante. Le cinéma américain n'ayant pas pour habitude de malmener trop sérieusement les gosses, sentir l'étau se resserrer sur eux est une source de suspense efficace, qui s'avère payante quand le scénario se transforme en pur train fantôme. Car c'est bien ce à quoi nous avons affaire quand le récit accélère brutalement et nous emmène vers un climax à tiroir, riche de quantité de scènes et de plans marquants, parmi les plus graphiques et torturés aperçus dans la franchise.

2. CONJURING 2 : LE CAS ENFIELD

Sortie : 2016 - Durée : 2h14

 

Photo Conjuring 2, The NunL'art, quand le gouvernement vous dit que c'est dangereux !


Ça raconte quoi ? 
Alors que le cas Amytiville fait grand bruit aux États-Unis, Lorraine et Ed Warren sont de retour dans le nord de Londres pour venir en aide à une mère et ses filles vivant dans une maison hantée. Tirée d'une histoire vraie évidemment (lol).

Pourquoi c'est sympa ? Quoi qu'on pense de James Wan en tant que réalisateur, on ne peut pas nier qu'il a du cran et ce deuxième volet du Conjuring-verse en est probablement une des belles preuves. Après avoir fait un carton avec Conjuring premier du nom et avoir laissé la main à son poto Leonetti pour le spin-off raté Annabelle, le monsieur a décidé de reprendre les commandes lui-même en se chargeant à la fois de la réalisation, du scénario et de la production (ouais il voulait tout faire). Tout ça, en s'occupant de l'autre côté de la saga Insidious.

Restait du coup à savoir comment le cinéaste sino-malaisien pouvait remettre son univers horrifique sur les bons rails après l'échec critique d'Annabelle (niveau box-office il a fait un énorme carton avec 257 millions de dollars dans le monde pour 6,5 millions de budget). Facile : en reprenant la formule de Conjuring : Les dossiers Warren, ramenant le duo Wilson-Farmiga et se montrant beaucoup (beaucoup) plus généreux.

 

James WanUne sacrée découverte

 

Sur le papier, ce Conjuring 2 : Le cas Enfield n'a rien de bien original avec sa famille hantée par une force démoniaque, sa petite fille possédée (Madison Wolfe) en mode L'Exorciste, ses chaises qui bougent seules, ses portes qui claquent et ses murs qui tremblent. Et pourtant, c'est un petit régal à bien des niveaux. Évidemment, le long-métrage n'est pas parfait et contient énormément de défauts (l'ensemble est peut-être trop attendu, le scénario un peu brouillon et la durée de 2h14 beaucoup trop longue), mais rien qui n'empêche de prendre un certain pied devant les nouvelles aventures de Ed et Lorraine.

En plus d'offrir quelques frissons bien sentis dans la maison d'Enfield, James Wan met surtout les potards en développant plus son duo iconique. Leur amour, leur lien, leur tourment (la mystérieuse vision de Lorraine évoquée dans le premier volet est au coeur du récit)... tout est plus caractérisé et si c'est parfois fait avec de gros sabots, l'histoire en ressort grandi, en évitant d'être une simple et énième histoire de maison hantée et se transformant en combat saupoudré d'une romance magnétique.

 

Vera Farmiga, Patrick WilsonUn couple de plus en plus attachant

 

Et plus encore, si James Wan réussit à rendre encore plus attachant son duo de buteurs de démons (pas idiot le bougre pour que les spectateurs en redemandent), il se fait surtout plaisir en introduisant de nouvelles créatures et donc teaser un peu plus l'étendue de l'univers. Ainsi, le Crooked Man en a fait frémir plus d'un lors de sa première apparition (ce bruit d'os qui résonne encore) et on se demande bien pourquoi le bestiau n'a toujours pas eu le droit à son film solo (ça aurait sûrement été autre chose qu'Annabelle).

Mais surtout, c'est avec la nonne (ou Valak) que le futur réalisateur d'Aquaman s'amuse le plus à terrifier. Outre son apparence sacrément flippante, elle est savamment utilisée à travers la mise en scène imaginative de James Wan. Et rien que pour cette séquence où la peinture de la nonne prend vie et attaque de front Lorraine Warren, Conjuring : Le Cas d'Enfield mérite cette deuxième place tant elle surpasse bien des autres longs-métrages de la franchise à elle seule.

1. CONJURING

Sortie : 2013 - Durée : 1h50

 

Conjuring : les dossiers Warren : photoClap de fin

 

Ça raconte quoi ? Une famille fait appel aux époux Warren, après qu'une sombre présence a commencé à semer la terreur dans leur ferme retirée du monde.

Pourquoi c'est flippant ? Lorsque sort ce premier volet de Conjuring, le nom de James Wan est déjà bien connu des amateurs de surnaturel, et d'horreur en général. Remarqué avec Saw, il a rapidement fait montre d'un amour gourmand pour les grands classiques de la frissonnade, du cauchemar gothique avec Dead Silence à la fausse maison hantée d'Insidious. Le producteur, scénariste et réalisateur a fait montre d'un appétit formidable pour recycler et rejouer les grands classiques du genre et les conjuguer à sa sauce.

Une logique qu'il pousse ici dans ses plus beaux retranchements. En effet, on ne compte plus les hommages, références et citations qui émaillent le film et le traversent. À bien des égards, ce premier opus fonctionne comme une sorte de petit abécédaire du fantastique ainsi qu'une déclaration d'amour de la part de l'auteur, qui nous permet de découvrir les arcanes de sa cinéphilie horrifique. Mais surtout, Wan n'en reste jamais à la simple citation, ou à la reproduction dévitalisée, tant il parvient à trouver sa place dans le dispositif. Et surtout, il réussit à nous terrifier.

 

photo, Vera Farmiga"J'ai dit on joue à colin-maillard !"

 

Les clins d'oeil sont peut-être légion, mais le film les revisite avec une caméra beaucoup plus mobile que la plupart des oeuvres auxquelles il fait ici référence. Et cette capacité à jongler ainsi entre différents univers transforme non seulement l'espace, mais aussi nos attentes nos références. Malgré son attrait un peu bourrin pour le jumpscare, le métrage devient ainsi curieusement imprévisible. Ce sentiment d'inconnu est d'autant plus puissant que le rythme de la narration est en constante accélération, jusqu'à un climax d'une rare intensité.

En outre, si les copieurs de Wan parsèment leurs films de crucifix et ne comprennent jamais véritablement la mystique chrétienne qu'ils brandissent, le cinéaste, lui, en use souvent avec intelligence. En chevillant son récit au ressenti des Warren, il nous donne à sentir à la fois le vertige de leur foi et la possibilité d'un Mal infini, invincible, affamé. Une puissance surnaturelle qui se trouve démultipliée lors d'une séance d'exorcisme parmi les seules à s'être aventurées dans des ténèbres aussi monstrueuses que celles imaginées par un certain William Friedkin dans... L'Exorciste.

Tout savoir sur Conjuring : Sous l'emprise du Diable

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commentaires
Samouraï
18/09/2023 à 20:31

La fin de conjuring 2 est complétement wtf selon moi, le film se vendait sur une histoire vraie terrifiante : on se retrouve avec des CGI horribles qui pique les yeux et une happy end qui n'a aucun sens. C'est vraiment cracher sur la vraie famille qui a subi le vrai phénomène. Mais la mise en scène est vraiment réussi comme sur le premier, c'est un peu ce qui sauve le film.

Max04
18/09/2023 à 19:40

@Alex89 La dame blanche ne fait apparemment pas partie du Conjuring verse malgré une allusion à cet univers dans le film avec le prêtre qui parle des époux démonologues

Cidjay
18/09/2023 à 09:47

@Yarum44 : Merci de Respecter aussi l'intellect de ceux qui savent pertinament que toutes ces histoires de fantômes ne sont que des inventions de l'esprit.
C'est un peu comme Dieu, il n'existe qu'à partir du moment ou chercher à le croire.
Moi, je suis plus comme Saint-Thomas, je ne crois que ce que je vois...
et en 40 ans, je n'ai jamais vu de chose inexplicable, mais uniquement des gens pour croire que c'était surnaturel.
Par contre je ne saurais pas expliquer pourquoi certaines personnes ont besoin de vivre avec ce genre de sentiment d'une puissance supérieure qui nous châtirait dans notre vie pour nous récompenser dans la mort...
c'est souvent juste la peur de mourir ou le besoin d'espérer que les défunts vivent dans un mode meilleur (ça je peux le comprendre, et ça peut paraître rassurant)
Je préfère croire en quelque chose comme la rivière de la vie de Final Fantasy VII, c'est plus poétique et éthéré.

Yarum44
28/09/2021 à 06:31

Même si ces films restent des fictions, merci de respecter la possibilité de la véracité de certains phénomènes paranormaux; en particulier pour les personnes en ayant fait l'expérience.

Kingdom of Satan and his Children 666
27/09/2021 à 20:18

les concepteurs de ce cinema là, leurs producteurs, scenaristes realisateurs..acteurs et actrices ....ne carburent pas à l'eau Benite mais sont sanctifies par leur Pere Satan Himself eheh

Grift
27/09/2021 à 16:55

@Alex89
Ce n'est pas ce que semble indiquer wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Univers_cinématographique_Conjuring

Alors je sais bien qu'il peut y avoir des erreurs sur wikipedia, mais quel est votre référentiel pour affirmer que le film ne fait pas partie Conjuring Universe ?

Florens PAB
27/09/2021 à 16:31

Le problème de cette franchise est de faire croire que tout ce que nous y voyons a réellement exister, hors ce n'est pas le cas (tous les cas ont été démontés au fils des ans, et le couple Warren est enfin vu pour ce qu'il était : des escrocs). Ça se prend trop au sérieux

Sanchez
27/09/2021 à 14:36

A part le 1er conjuring j’arrive pas avec cet univers tellement c’est fait pour faire de l argent facile . La malediction de la poire belle Hélène en est l exemple le plus pénible en effet

Alex89
07/06/2021 à 18:24

Le film "La malédiction de la Dame Blanche" ne fait pas officiellement partie du Conjuring Universe.

Daddy Rich
06/06/2021 à 11:16

Je suis de ceux qui avaient relativement bien aimé le fameux INSIDIOUS à sa sortie pour quelques clins d'œil bien senti!
Puis, je reconnais avoir pris un certain plaisir au Conjuring premier du nom!
Ensuite, j'ai totalement décroché de cette soupe qui ne fait que recycler de vieux ingrédients du cinéma horrifique des années 70/80!
Le deux j'ai eu énormément de mal à aller au bout!
Annabelle je n'ai du voir que le 1er qui ne m'a pas laissé un grand souvenir!
Et alors, LA NONNE et LA DAME BLANCHE: a vomir!
Les clins d'œil sont devenues de triste récusées d'un cinéma qui lui avait inventé quelque chose!

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