Tout Guillermo Del Toro : Mimic, film maudit mais beau film de monstre
Retour sur la filmographie passionnante du grand Guillermo del Toro.
Que ce soit avec Cronos, L'Échine du diable, Hellboy, La Forme de l'eau ou Nightmare Alley, Guillermo Del Toro vous a forcément retourné le coeur, les tripes, ou les deux. Même avec ses films plus compliqués et bancals, comme Mimic, où Mira Sorvino affronte des cafards géants dans New York.
c'est quoi mimic déjà ?
Manhattan est sous le coup d'une terrible épidémie transmise par les cafards et qui rendent malades des milliers d'enfants, en condamnant la plupart. Face à cette catastrophe, l'équipe du Docteur Susan Tyler, entomologiste et généticienne, a l'idée de créer une arme biologique pour affaiblir les résistances des blattoptères : un cafard génétiquement modifié appelé "Judas" qui sera libéré dans les égoûts de New-York et dont la reproduction est impossible. L'opération est un succès et l'épidémie contenue.
Mais trois ans plus tard, des mystérieuses créatures commencent à semer la mort. Pour Susan Tyler, l'impossible s'est produit : les Judas ont survécu et ont muté. Elle va devoir faire face à ses responsabilités.
les coulisses cauchemardesques de mimic
Si Cronos n'a pas été un gros succès commercial, sa présentation au Festival de Cannes a cependant permis à Guillermo Del Toro de se faire remarquer dès son premier film. Comme souvent, c'est la société Dimension des frères Weinstein qui lui tombe dessus et lui propose un contrat pour son prochain film, qu'il tournera donc aux Etats-Unis.
A l'origine, Mimic est l'adaptation d'une nouvelle de l'auteur Donald A. Wollheim de 1942, et devait s'intégrer à un ambitieux projet d'anthologie horrifique comme Hollywood en produit quelques fois. L'idée du film à sketches étant finalement abandonnée, les Weinstein ne vont cependant pas laisser tomber Mimic, qu'ils décident de développer en long-métrage et dont la réalisation sera confiée à Del Toro pour un budget assez confortable de 25 millions de dollars, qui reste cependant assez étroit compte-tenu de l'énorme ambition du réalisateur.
Un Judas, dans la scène culte du métro
Malheureusement, dès le départ, les choses ne vont pas se passer comme prévu. Del Toro va découvrir à la dure ce que c'est que d'être un réalisateur sous contrat à Hollywood puisque, fidèles à leur habitude, les frères Weinstein ne vont pas lui laisser la liberté de s'exprimer.
Outre le fait qu'ils soient plus que présents à tous les stades de la production, ils opèrent également d'importants changements dans le scénario en cours de tournage, ce qui changera drastiquement la tonalité générale du film extrêmement sombre, grâce au matériel tourné par la seconde équipe, sous les ordres directes des producteurs.
Au final, Mimic est le premier pas de Del Toro à Hollywood, un film hybride qui ne lui ressemble pas vraiment, un gros compromis et une oeuvre que le réalisateur mexicain n'assume qu'en partie. A la différence de Dimension Films qui capitalisera sur la marque en produisant les très décevants Mimic 2 et Mimic 3 à destination du marché vidéo.
La beauté de l'horreur, évidemment
POURQUOI C'EST PRESQUE UN GRAND FILM
Qui connait le travail de Guillermo Del Toro sait qu'il met un point d'honneur à soigner ses ambiances et, de ce strict point de vue, Mimic est une éclatante réussite. Un effort gigantesque a été fourni par l'équipe et son directeur de la photographie Dan Lausteen pour créer un univers fantasmagorique et horrifique dans un cadre connu et réaliste.
Qu'il s'agisse du jeu de lumières, de l'humidité, des grosses ombres portées ou de la mise en avant des terribles Judas, nous sommes face à une horreur aux accents définitivement européens dont la rencontre avec un cadre américain provoque une alchimie des plus étranges et des plus intéressantes.
La vision de l'horreur selon Del Toro le classe également loin des standards habituels des films de studio. Et c'est d'ailleurs l'un des gros problèmes du film. Dans son scénario original, Mimic est un film très noir, assez désespéré et plusieurs éléments importants en ont été retirés. L'enfant enlevé par les Judas étant le fait le plus notable puisque c'est lui qui faisait figure de décideur du devenir de l'humain. Intégré aux Judas, il se retournait contre ses semblables et prenait parti pour les créatures, leur permettant ainsi d'étendre leur règne. Oui, Mimic ne devait pas se terminer sur ce final explosif mais bien poser la première pierre d'une ère nouvelle sur la Terre.
D'ailleurs, Del Toro n'a jamais caché son amour pour les créatures et les insectes dans sa filmographie et il est évident qu'il était plus de leur côté que de celui des humains. Si Mimic est sorti en 1997 dans les salles américaines et que Del Toro l'a rejeté pendant longtemps, notamment à cause de son dernier acte, le réalisateur a néanmoins pu réviser sa copie puisque un Director's Cut sort en vidéo en 2011.
Enrichi d'une douzaine de minutes supplémentaires, cette version dégage une bonne partie des éléments tournés par la seconde équipe et ressert le récit dans sa noirceur - même si la fin originale en est absente puisqu'elle n'a jamais été tournée.
Mais c'était un acte guérisseur indispensable pour Del Toro, qui retiendra bien la leçon dans ses rapports avec les studios puisqu'alors qu'on lui propose de faire Blade 2 suite à Mimic, il accepte mais fait plier le producteur pour qu'il attende. Le temps de faire un tout petit film avec Pedro Almodovar : L'échine du diable.
21/01/2018 à 15:21
Revu récemment, et on sent effectivement que le film a été chaotique, maintenant c un film intéressant, très beau visuellement, mais trop américain dans les péripéties, le final notamment, les persos sont pas tjr top non plus, il aurait fallu mettre en avant le garçon et son père.
Un del toro mineur, mais intéressant, me tarde de lire larticle consacré à blade 2!
21/01/2018 à 13:52
Perso j'ai vu ce film y a au moins 10-15 ans, je ne savais pas que c'était del toro mais la seule chose que j'en retiens est que c'était 1 navet !
Pourtant j'aime beaucoup tous ses autres films, Hellboy et Pan devant :)
21/01/2018 à 13:40
SPOILERS
J'adore Mimic ! Même si sa production a subi pas mal d'intrusion artistique, je le trouve quand même en l’état, d'une noirceur assez incroyable. La scène avec les deux gosses qui se font massacrer dans les souterrain ça m'avait traumatisé quand j'était moi même petit. Je pense que c'est la première fois que je voyais des enfants crever dans un film d'horreur (en pensant naïvement que ça n'arriverait jamais haha). J'ai également vu le Director's Cut il y a quelques années (pas mal de bon ajout) et bon sang, que j'aurais aimé qu'on y intègre cette fameuse scène finale (jamais tournée) pour rendre l’ensemble parfait. A quand une edition blu-ray Region B avec le DC dedans ? J'espère que des éditeurs vont y penser ^^