Alliés : critique infiltrée

Simon Riaux | 20 mars 2023 - MAJ : 21/03/2023 09:31
Simon Riaux | 20 mars 2023 - MAJ : 21/03/2023 09:31

Réalisateur virtuose, progressivement snobé par une partie de la presse et du public depuis une quinzaine d’années, Robert Zemeckis n’en demeure pas moins un des papes du cinéma de divertissement. Après The Walk - Rêver plus haut, il nous revient avec un hommage enamouré au cinéma d’espionnage glamour, porté par Brad Pitt et Marion Cotillard.

GLAMORAMA

Max Vatan est américain, Marianne est française. En pleine Seconde Guerre Mondiale, les deux agents secrets se rencontrent à l'occasion d'une mission extrêmement périlleuse au Maroc. Tous deux rompus aux dangers inhérents à leurs styles de vies et spécialisés dans l'infiltration, ils ne tardent pas à entamer une liaison torride. De retour à Londres et désormais mariés, ils aspirent à fonder une famille heureuse. Mais Marianne n'est peut-être pas celle que croit Max.

Que le réalisateur de Retour vers le futur et Qui veut la peau de Roger Rabbit ? ait eu besoin pour boucler le financement d’Alliés de superstars perçues comme bankables, voilà qui se comprend aisément. Ni remake ni reboot, projet cinéphile par excellence, ce récit ancré dans le cinéma Hitchcockien et le souvenir du Casablanca de Curtiz n’est pas sur le papier un projet répondant aux modes hollywoodiennes contemporaines. Hélas, Brad Pitt et Marion Cotillard constituent le seul véritable point faible d’Alliés.

 

Photo Brad Pitt, Marion CotillardUn couple en or, mais pourtant...

 

Jamais les deux comédiens ne se rencontrent, en dépit d’un script aux petits oignons. L’un et l’autre délivrent des prestations bien trop mécaniques, comme si l’ombre de ceux qui les ont précédés, l’héritage du cinéma hollywoodien classique, assombrissait leurs performances et les transformait en marionnettes désincarnées. C’est la performance de Brad Pitt qui souffre le plus de cette rigidité et entame l’impact du film, nous interdisant de croire dans l'aventure romantique qui le meut ou dans les doutes terrifiants qui l’assaillent.

 

Photo Brad PittJeu : trouvez le balai caché dans cette image

 

SPY GAME

Et cette pauvreté émotionnelle est d’autant plus regrettable que d’un strict point de vue cinématographique, Alliés est un véritable régal. Film d’espionnage confectionné avec un soin qui euphorisera la spectateur nostalgique d’un certain âge d’or du cinéma d’aventure, cette fable d’aventure est portée par un amour du romanesque qui emporte tout sur son passage.

 

Photo Marion CotillardLes bourreaux meurent aussi

 

Du parachutage de son héros dans le ciel marocain en passant par une mission tendue, sans oublier une tempête de sable sensuelle et un accouchement en plein bombardement, Alliés enchaîne les morceaux de bravoure, riches de plans techniquement magistraux. En résulte un divertissement visuellement splendide, qui s’attache toujours à offrir au public un spectacle de très haute tenue.

Adresse du réalisateur qui ravira également les plus cinéphiles, ici en terrain connu aux côtés d’un artiste qui maîtrise son sujet. Ce dernier est pour Zemeckis l’occasion de ressusciter tout un pan du Septième Art, de revisiter son rapport au réel, à la suspension d’incrédulité et à l’imaginaire. Du Rideau Déchiré, de Soupçons ou encore des thématiques qu’il développait déjà dans Apparences, ce fabuleux conteur tire un récit prenant et souvent passionnant, qui souffre hélas de la prestation désincarnée de ses interprètes.

 

Affiche française

Résumé

Spectaculaire, référentiel et intelligent, Alliés souffre de la prestation désincarnée de ses interprètes.

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commentaires
ton pote
23/03/2023 à 19:07

Quelle belle surprise que ce "Alliés" ! Zemeckis a parfois la main lourde mais pour cette fois il avance toute en finesse entre un récit de qualité et une mise en scène à la fois sobre et innovante. Merci pour la critique

Ringo
21/03/2023 à 18:52

Corleone bégaye.... Bon, perso j'avais bien aimé ce film, qui change de ce que l'on voit trop et ramenait à un certain cinoche que l'on ne voit plus, même si c'était peut-être mieux avant... Pour le reste, les grincheux jaloux de Brad Pitt, arrêtez... il a fait un paquet de bons films ces dernières années. Pas assez vu celui-ci pour me souvenir de son teint de cire, probablement un souhait du réalisateur (rappelez-vous que Brad adore s'enlaidir, il ne recherche pas les retouches). Je retiens personnellement son inoubliable et cool personnage de Once Upon a Time... In Hollywood, dominant la cité du cinéma de sa dégaine désarçonnante de naturel. Fury et Babylon aussi... sans oublier Benjamin Button et les Malick même si je ne suis pas fan de ce réalisateur. Je vais voir Ad Astra, pas encore vu.

Yardou
20/03/2023 à 23:10

Personnellement j’ai adoré ce film et la prestation des acteurs.

Prometheus
20/03/2023 à 21:22

J'ai aimé le film, mais il est clair que le visage de Pitt a été retouché numériquement, et pas qu'un peu. De mémoire, dans le film son personnage a 10 ans de moins que lui. Et Zemeckis adore les FX, il s'est un peu oublié sur ce coup. Vraiment dommage.

christian
08/04/2019 à 09:35

Film qui vend le dénouement dès l'ouverture avec son titre, ajouter à ce problème d'acteurs... ça a malheureusement suffit à me désintéresser de ce que j'avais devant les yeux malgré une réa aux petits oignons

Rudy Mako
08/04/2019 à 01:48

Film à oublier

Birdy
08/04/2019 à 00:13

@ Corleone : qu'est ce qu'il faut pas lire...
2006 : Babel
2007 : Jesse James
2008 : Benjamin Button et Burn After Reading
2009 : Inglorious Basterds
2011 : Tree of Life et Le Stratège
2014 : Fury
2015 : The Big Short
2017 : War Machine

floflo
07/04/2019 à 22:37

Bon film, mais je plussoie sur Brad Pitt. Il a une tête de cire dans le film. Comment "un pro" comme lui peut-il cautionner d'apparaitre à l'écran avec un visage pareil. Il me fait penser à Tom Cruise dans le film la momie.

Stavos
25/11/2016 à 16:55

Ça ne changera pas la face du monde, mais votre critique commet une petite erreur que je me permet de rectifier : Max Vatan n'est pas américain, il est canadien !
C'est d'ailleurs pour ça que Marianne l'appelle "Le Québécois", et qu'il fini par lui dire qu'il n'est pas du Québec mais de l'Ontario !

ABDK17
23/11/2016 à 18:54

On n'a plus le droit de donner son avis sur Malick? Si on trouve ses films chiants on est des guignols? OK je note. Vive la tolérance;

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