La jeune fille sans mains : la critique abstraite
L'animation française revient en force depuis quelques années et c'est une excellente nouvelle. Mais face à la normalisation d'un certain style graphique,il devient nécessaire d'avoir quelques ovnis. Et là, on en tient un bon.
Adapter des contes au cinéma n'est pas nouveau, mais encore faut-il savoir y injecter de soi-même pour ne pas tomber dans le produit de consommation rapide que sont certains films d'animation actuellement. Et il n'y a aucun risque que La jeune fille sans mains se consomme et se digère dans la minute tant il est à part dans l'industrie actuelle.
Adaptant un des contes les moins connus des frères Grimm, le film nous narre le destin d'une jeune femme vendue par son père au Diable en échange de la richesse. Ses mains étant trop pures pour que le démon ne l'emporte, elle se les fait couper avant de s'enfuir. Elle rencontre un prince qui tombe amoureux d'elle dans l'instant et lui fabrique des prothèses en or. Lorsqu'elle tombe enceinte et que la guerre éclate aux confins du royaume, elle va dévoir se prendre en main et maitriser ses doutes et sa peur.
Nous restons volontairement dans le flou concernant le scénario parce que La jeune fille sans mains ne se raconte pas, il se vit. C'est à une véritable expérience sensorielle que nous convoque le jeune réalisateur Sébastien Laudenbach avec son film qui, comme son héroïne, a connu un destin des plus étranges. Développé pendant 7 ans, le film ne s'est finalement pas fait pour des raisons de coùt de production. Hanté par le sujet, Laudenbach a donc décidé de le réaliser tout seul, de son côté, durant les 3 années qui ont suivis. Oui, vous avez bien lu, le réalisateur est le seul dessinateur et animateur de tout le film.
Une contrainte de taille qu'il a su transformer en qualité puisque cela a conféré au film son identité si particulière avec sa réalisation à la limite de l'abstrait, jouant avec les traits, les formes et les mouvements, comme dans une danse qui convoquerait à la fois La Princesse Kaguya et uine forme un brin pervertie de la fameuse ligne claire. En résulte une véritable expérience de cinéma, à voir absolument sur un grand écran, quii s'avèrera très exigeante avec son public car c'est en quelque sorte à lui de s'imaginer le film tel qu'il a envie de le voir à partir de la structure d'apparence basique mais au fond très recherché que lui fournit le métrage.
Ce remplissage des formes, des étapes d'animation et des volumes par l'inconscient du spectateur est à la fois une expériene merveilleuse et perturbante dans le sens où le film n'est clairement pas destiné à un jeune public. Il n'épargne en effet rien des détails sordides de son aventure, de la réalité des humains et de leur travers, et si quelques défauts de rythme alourdissent le propos par moments, on ne peut qu'être emportée dans cette dimension à la limite de la synesthésie. Et c'est là tot l'intérêt du film qui par l'utilisation d'une abstraction totale par instants arrive néanmoins à atteindre le coeur de son sujet dans sa vérité la plus brute.
Lecteurs
(0.0)07/10/2016 à 13:36
Gaffe M. Foltzer, vous appuyez tellement fort sur votre clavier lidl que vous mettez des i partout ;)
Il n'y a pas d'indication de durée? Pour une expérience aussi "implicante" cela peut-être intéressant. Bon en même temps, La jeune fille sans mains va avoir droit à quoi ? 10 copies France ?