Les 7 Mercenaires : critique désarmée

Simon Riaux | 5 novembre 2020 - MAJ : 22/08/2023 17:16
Simon Riaux | 5 novembre 2020 - MAJ : 22/08/2023 17:16

Interrogé lors de la promo du film sur les raisons qui l’avaient poussé à se lancer dans un remake des Sept mercenaires, Antoine Fuqua avait rétorqué qu’il voulait simplement « filmer Denzel Washington à cheval ». Et à en juger par la réussite de cette nouvelle version, c’est sans doute la seule chose qui a un tant soit peu intéressé le réalisateur de... bah Les 7 Mercenaires.

DENZEL PORN 

En effet, les inconditionnels du charismatique comédien en auront à peu près pour leur argent, tant la mine grave et l’aura magnétique de l’artiste sont efficacement capturés par la caméra de Fuqua. Ce dernier parvient même régulièrement à faire oublier l’âge de Denzel Washington, logiquement en retrait des segments les plus physiques du film. Mais la mise en scène en profite pour appuyer sa carrure, souligner sa silhouette et démultiplier s’il en était besoin l’impact de la moindre de ses répliques.

Et ce sera bien là le seul motif de satisfaction d’un métrage dont on peine à comprendre quelle est la raison d’être. Soucieux sans doute de viser l’efficacité et le divertissement, Antoine Fuqua préfère émailler son scénario de scènes d’action à chaque bobine, plutôt que de s’attacher au cœur de son récit, à savoir les motivations de ses héros et les liens qui les unissent à la population qu’ils décident de servir.

 

Photo Denzel WashingtonOn a dit à cheval Denzel

 

TOTO AU FAR WEST 

S’en suit un recrutement en quatrième vitesse, qui non seulement ne permet jamais de saisir les motivations des personnages, mais les transforme en vignettes ridicules, quand ils ne nourrissent pas une collection de clichés qui feraient passer Le Shérif est en prison pour un western crépusculaire. Chris Pratt, comme d’habitude amputé de véritable trait de caractère, se déploie dans l’intrigue avec la grâce d’un cochon de lait précipité dans une bétonnière, quand Vincent D’Onofrio joue les bouffons comico-évangélistes.

On ne reviendra pas sur le traitement du Comanche, ou de Billy (Lee Byung Hun), tous deux traités avec un cynisme souvent écœurant. En termes d'enjeu, comment justifier que le scénario ne se penche jamais sur les liens qui unissent cette troupe, tout de même composée d'un ex-soldat sudiste, d'un tueur de peaux rouges, d'un Comanche et d'un Mexicain ?

Et le film, qui pouvait se vanter de proposer un casting en forme de manifeste politique à l’heure où Hollywood se débat avec les problématiques de diversité, de verser dans un opportunisme qui en dit long sur son respect du spectateur (mention spéciale au « duel d’indiens », qui nous ramène au cinéma de Raoul Walsh, la candeur et le talent en moins).

 

PhotoPew pew pew

 

WEST TERNE 

Mais ces tares pourraient être relativement anodines si Antoine Fuqua faisait ici preuve de la maîtrise technique qu’il déployait sur ses précédents films (au hasard, Equalizer). L’autre grande déception des 7 Mercenaires, c’est que non content de n’avoir rien à raconter, le film vise à côté lorsqu’il fait parler la poudre.

 

PhotoTagada tsoin tsoin

  

Entre des ralentis immondes, dont le rendu baveux laisse entendre qu’ils ont été improvisés en post-production, des inserts numériques cracra et une absence criante de chorégraphie lors des nombreux affrontements, les amateurs de westerns risquent de se rayer le cristallin devant les 2h13 du métrage.

Seule satisfaction, le metteur en scène n’a rien perdu de son goût pour le sadisme et l’iconisation de la mort. Ici, à défaut de nous narrer quoi que ce soit, on sait mourir. L’agonie est toujours découpée et amenée avec un certain brio et permet au film de retrouver un peu de puissance dramatique dans ses ultimes minutes. Une bien faible satisfaction.

 

Affiche

Résumé

Cyniques dans leur propos, rachitiques en termes de spectacle, ces 7 Mercenaires font long feu.

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commentaires
Flo
04/09/2023 à 13:08

Le projet de Antoine Fuqua semblait intéressant : re-remaker les « 7 », en lorgnant sur des westerns moins propres que les défenseurs de Sturges. Et en utilisant comme héros sacrifiables ceux qui se sont fait avoir par l’Amérique, après avoir aidé à la bâtir.
Seulement voilà, l’ombre du western de 1960 est encore un peu trop présente, au point de jouer au jeu des différences entre les divers interprètes… Perturbant ainsi l’identité nouvelle de cet opus.
Alors Denzel Washington est l’équivalent de Yul Brunner. Mais il est aussi Denzel, dans son rôle de prédilection (depuis au moins « Man on fire ») d’ange exterminateur – au moins, on peut se réjouir de le voir toujours jouer les hommes droits et autoritaires, qui savent ce qu’ils font, et qui font ce qu’ils disent.
Mais Chris Pratt a beau être une sorte d’équivalent costaud et violent de Steve McQueen, chaque fois qu’il sort une des références du personnage originel, ça sonne faux. Idem pour un Ethan Hawke émulant Robert Vaughn etc…

En fait tout le côté explicitement trouble et pourris de ces personnages, qui devait nous rapprocher plutôt des 12 de Aldrich ou de la Horde de Peckinpah, n’est pas assez traitée pour être suffisamment impactante. Il manque des scènes dans lesquels ceux-ci, plutôt que de se raconter via quelques anecdotes, devraient se définir par l’action, ou par leurs interactions avec les gens qu’ils doivent protéger et entraîner – on a rien fait de mieux qu’un pistolero qui se lie d’amitié avec une bande d’enfants (ici, on y voit surtout une actrice réduite à toujours porter son bébé).
Résultat : si chacun des tueurs est physiquement encore plus identifiable, ça ne suffit pas à former une équipe homogène. Comme il est dit à un moment donné, ça ressemble à une blague : un noir, un irlandais, un asiatique, un canjun, un mexicain, un trappeur, un natif… ça commence même avec une rencontre dans un bar.
Et malgré tout, ils s’entendent tous bien, et oublient de râler contre le pays qui ne veut pas d’eux… mais qui préfère les hommes d’affaires pleins aux as (Peter Sarsgaard, trop jeune pour le rôle).

Dommage, il était là le sujet… Alors il reste l’action, de bons paysages (un peu trop surdécoupés au montage), et surtout une façon jouissive à jouer avec la virilité comme facteur qualitatif, souvent pour mieux provoquer son ennemi.
Et mieux oublier qu’il y a aussi une femme là dedans, qui attend son heure et remportera la partie.
C’est mince, mais c’est mieux que rien.

Karlito
26/07/2021 à 07:44

Vu sur Netflix.

La critique vise assez juste sur le film.

La recherche des mercenaires est assez quelconque, de plus trop longue, car elle ne profite de construire les liens entre les personnages quand le film original arrivait avec un temps court à croquer des persos plus convaincants.

Il y a pas mal d'emprunts à d'autres Westerns, et c'est assez flagrant, entre "Django enchained", "la horde sauvage", "Mon nom est personne", "Pale rider" (avec carrément des copier-coller de scènes) et même la bataille finale du soldat Ryan. Du coup, un hommage à ces films ou juste une sacrée paresse de scénariste? Un peu des deux à mon avis.

Franchement, il y a encore des films qui osent s'engoncer dans les stéréotypes de l'indien et de l'Asiatique ninja/cowboy, sans compter le duel entre Indiens?

Le baron est une caricature, l'acteur à l'air de s'emmerder tout court.

Denzel Washington, bah, il fait du Denzel Washington... était-il nécessaire d'ajouter une motivation assez médiocre pour accepter le contrat?

Toutefois, le massacre de l'église m'a marqué, je ne m'attendais pas à cela aille plus loin. La mécanique du film sous-entendait que le mari allait sûrement y passer, mais n'était que le percuteur d'une violence plus inouïe et courte.

Et puis, le grand combat, c'est un peu ce qu'un enfant aurait fait s'il avait une centaine de cowboys assiégeant une ville. On aurait dit un immense bac à sable rempli de jouets.

Quant à la musique, trés anécdotique et pompé sur un film de Tarentino. Le fameux théme n'apparait qu'au générique de fin, un foutage de gueule. Le réalisateur semble ne pas assumer grand chose au final.

Domiga
06/11/2020 à 21:11

Fait chier fuqua

Pat Rick
06/11/2020 à 12:38

C'est un divertissement qui se laisse regarder mais c'est clairement inférieur au film de Sturges.

patou
06/11/2020 à 00:28

God ton commentaire est nul , tu as été jusqu'à quel niveau a l'école ?

MystereK
18/04/2019 à 19:58

FLASH, il n'y a rien d'indécent à cela et c'est juste factuel : ils racontent la même chose et ils durent tous les deux plus de 2h... On ne peut pas le nier et le fait que vous n'ayez pas aimé le film de Fuqua ne va rien y changer.

Flash
18/04/2019 à 17:48

@mysterek, steuplait, ai la décence de ne pas mettre dans le même panier la version de Sturges avec le truc de fuqua.

Simon Riaux
18/04/2019 à 11:24

@MystereK

Ahahahahaha je me demande bien pourquoi on pense à moi.

J'en garde très peu de souvenirs précis, j'étais très jeune à l'époque où le film passait "de mains en mains". Mais disons que dans mon collège de la Nièvre, c'était une sorte de saint-Graal fantasmatique.

MystereK
18/04/2019 à 11:21

D'ailleurs, SIMON ou n'importe qui, vous pouvez donner votre avis sur la version de d'Amato parce que je ne l'ai pas vue et j'aimerais bien rire un peu.

MystereK
18/04/2019 à 11:03

FLASH, le film racontge la même chose que la version de Sturges, ni plus, ni moins., et la version de 1960 dure également plus de 2h00

Si vous voulez moins vous ennuyer il y a une version de 3h43 avec Rocco Siffredi réalisée par Joe d'Amato.

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