Apocalypse No
Il est permis d’en douter, tant la chose, conçue et produite en quatrième vitesse afin de pouvoir concourir à la Palme, révèle les failles que l’on décelait déjà dans les précédents travaux de Xavier Dolan. Débarrassé du joual québécois et manifestement décidé à enrober son récit d’une sobriété nouvelle, le cinéaste dénude son style jusqu’à l’os, quitte à le débarrasser (un temps) de ses atours hystériques et acidulés, pour suivre un personnage de faux fils prodigue, revenu dans une famille quittée des années plus tôt, afin d’annoncer sa mort prochaine.
Hélas, ce qui avait pour but de permettre à l’émotion de s’épanouir et à la violence interne du récit d’éclore dévoile une mise en scène d’une embarrassante pauvreté. À moins d’être un inconditionnel du champ-contrechamp, difficile de ne pas bailler d’ennui devant les interminables joutes verbeuses qui émaillent le film, organisées en pastilles et confrontations terriblement attendues. Ici et là, la caméra s’éveille le temps de rares flash-backs clippés. Plastiquement très aboutis, ils surlignent malheureusement la superficialité de l’ensemble et une construction beaucoup trop mécanique du crescendo émotionnel.
Sans bouleverser l’architecture de la pièce de Lagarce, Dolan a bien du mal à habiter cet enchaînement de numéros de duettistes, tantôt compassés, tantôt enflammés. Le film s’écroule alors sous le poids de ses effets de styles et rodomontades esthétiques, transparentes et convenues. Plus que le sens, le découpage, quand il s’emballe, cherche le style pour le style, l’impact pour l’impact, sans que jamais l’émotion n’apparaisse autrement que comme le glaçage trop sucré d’un dessert préparé trop vite.
Si on pouvait attendre du casting qu’il sauve un peu la chose de l’échec complet, la disparition de l’argot québécois assèche le cinéma de Dolan et le prive d’une de ses véritables singularités, tout en mettant en lumière les carences des comédiens. On demeure souvent interdit devant des tunnels dialogués, dont aucune réplique ne sonne juste, dont le rythme ne décolle jamais. De Cotillard à Léa Seydoux en passant par Gaspard Ulliel, tout ce petit monde patauge dans le pathos avec une raideur embarrassante.
Nathalie Baille
Au final, dans cette famille rongée par les non-dits, les affects contrariés et les rancoeurs venimeuses, la caméra est de trop. La chair, l’âme partagée entre un public et une scène qu’autorise le théâtre n’a ici pas droit de cité. En témoigne le dernier quart d’heure du film, ou pour faire exister un texte (envahissant) qui tire sa puissance émotionnelle de son apparente aridité, la mise en scène ne peut plus s’appuyer sur les comédiens et a recours à des jeux de lumière et un arsenal métaphorique qui feraient passer un clip de Johnny Hallyday pour un sommet de finesse.
Dès lors, on serait presque tentés de voir dans les effets de style surtravaillés de Juste la fin du monde des bouffées d’air esthétique, des percées de mise en scène. Mais là aussi, le contraste entre la vacuité de l’ensemble et une poignée de trouvailles plastique ravive le sentiment d’étiolement qui nait de cette apocalypse égotique. Le dernier film de Xavier Dolan n’est pas, contrairement à ce qu’a affirmé avec violence la critique américaine, son plus mauvais, mais sans doute son plus sobre, une création qui malheureusement pour elle n’a même plus l’élégance de faire diversion.
Juste la fin du monde: chef d ‘oeuvre ab so lu!!!
En 10 jrs faire ça : prouesse.
Rien de mieux depuis trop longtemps.
M ‘a evoqué un Bergman oû ttes ses femmes sont au bord de la mer.
La critique qui le dézingue est trop sarcastique pour étre honnéte.
Oui on sort de la séance façon puzzle :
C ‘est le monde de chacun qui s ‘éteindra avec notre trépas.
Moment rare : Gaspard Uliel a rejoint l ‘Olympe .
Merci au réalisateur et à l ‘auteur
Et bravo : un film plus grand que la somme des acteurs ne le
laissait présager.C’ est bien trop peu souvent
J’en ai marre de confondre Xavier avec Christopher ! de confondre un bonimenteur et un génie!
Je suis plutôt de l’avis d’Alexandre que de celui de Simon. Je trouve que Dolan réussit parfaitement l’essai de faire un genre de film typiquement français : la réunion de famille. Cassel est qd même très bon, pas d’accord sur les critiques sur les dialogues : par ex 1 dialogue entre Baye et Ulliel sur pquoi elle voit en lui le leader charismatique de la famille que j’avais trouvé très fort, avec pas mal de belles répliques
On peut ne pas aimer la critique, mais faire l’effort de justifier une non-appreciation en plusieurs paragraphes prouve que c’est un point de vue construit et réfléchi. Je n’ai pas aimé ce film c’est vrai, mais m’aider à articuler pourquoi me touche! Merci l’équipe, vous vous permettez toujours d’être indépendant et parfois je ne suis pas d’accord mais vous donnez un contraste interessant et “food for thoughts”.
une vraie perte de temps ce film
Mon dernier film préféré.
C’est fou ces critiques qui s’écoutent écrire au point où on a le sentiment qu’ils ne savent plus vraiment de quoi ils parlent, qu’ils décrochent… tellement leur concentration est rivée à la préoccupation d’une tentative littéraire réussie…Cette critique est un exercice de style…de la part d’un critique qui aimerait savoir transporter ces lecteurs…mais quand ce n’est que du style…ce n’est pas grand chose et cela n’atteint pas réellement l’oeuvre de Dolan compte tenu des risques véritablement artistiques qu’il engage dans son travail acharné, passionné, raffiné et intelligent.
« …MAIS DOLAN IL A EUT UN OSCAR A CANNES. » MDR.
OK LA MIFF MAIS DOLAN IL A UN EUT UN OSCAR A CANNES. LE FILM DOIT PAS ETRE MOVAIS: SURTOUT LE CONADA ILS ONT DRAKE KANMEME. MOI G BIEN AIME LE FILM C JUSTE JAI PAS COMPRIS POURQUOI IL COURRAIT AVEC UN CADY VIDE DANS MOMMY. MAIS JUSTE LA FIN DU MONDE ILS PARLENT BEAUCOUP ALORS J AI DORMI. MAIS LE FILM ETAIT BIEN IL M A BIEN BER-C T’AS VU. SURTOUT DOLAN IL VA FAIRE LE FILM AUX USA D’AMERIQU, AVEC ADELE. UN CLIP DE 1H30 CA VA FAIRE MAL PEUT ETRE. MAIS SOYEZ GENTIL AVEC LUI IL A L’AIRE FRAGLE ET TOUT SUR LES PUB LOUIS VUITTON.
J’en appelle à Simon pour m’aider à comprendre pourquoi, alors que je suis entièrement d’accord avec sa critique, j’en garde le souvenir d’un film attachant. J’ai trouvé le récit mal écrit, les dialogues mal rythmés, les acteurs trop beaux et grimmés en provinciaux de façon méprisante, la réal parfois superficielle de meme que la lumière et je ne parle pas du love flashback fluo qu’on croirait produit pour ASOS. Pourtant aujourd’hui j’en garde un souvenir presque ému (alors que j’ai dit 2 fois à ma partenaire « on sfait chier non? » durant la scèance): suis je touché par l’audace de l’œuvre? L’impétuosité d’une réal généreuse et novatrice? Suis je amoureux de Léa Seydou et Marion Cotillard? Ai-je secrètement envie de faire partie de la bande de Dolan ou meme être Dolan? Ou alors suis je juste un gros baltringue qui finalement aime bien les crêpes au Nutella?