LA NUIT DU MYOPE VIVANT
Si pour beaucoup, le remake d’Evil Dead tenait du pur sacrilège, le premier long-métrage d’Alvarez n’en était pas moins excellemment mis en scène, porté par un sens du cadre, une utilisation de l’espace et une cruauté parfois impressionnante (pour qui redoute les pistolets à clous). On attendait donc avec beaucoup d’impatience Don’t Breathe, deuxième film du réalisateur, toujours produit par Ghost House Picture, la société de Sam Raimi.
Et on a bien fait, puisque le cinéaste, particulièrement à l’aise dans l’exercice de la série B minimaliste, déploie ici une redoutable embuscade. Collant aux basques de trois cambrioleurs en herbe, il les précipite dans la bicoque décrépie d’un vétéran aveugle, en possession d’une énorme somme d’argent liquide. Mais le non-voyant ne s’en laissera pas compter, et le trio va subir un véritable enfer en tentant de survivre à un adversaire aussi implacable qu’endurant.
Sorte de mélange improbable entre Les Sous-sol de la Peur et Panic Room, Don’t Breathe est pour Alvarez l’occasion de déployer toute l’inventivité dont il peut faire preuve dans un espace réduit, mais aux multiples facettes. En témoigne le diabolique plan-séquence au cours duquel les personnages s’introduisent chez leur « victime », où la caméra, avec une fluidité remarquable, s’évertue à disséminer indice, fausses-pistes et effets d’annonces comme autant de miettes de pain.
Jane Levy, vue dans Evil Dead 2013
1,2,3… HEADSHOT !
Au spectateur, dès lors emporté par un formidable tourbillon ludique, de deviner quels ingrédients, pans du décor où recoins seront utilisés par les personnages pour se cacher ou essayer de contrer leur formidable adversaire. Grâce à un découpage extrêmement rigoureux, le réalisateur parvient ici à tenir un rythme frénétique tout le long des 88 minutes de ce métrage étouffant et resserré. Et quand la stricte logique du home invasion mâtiné de slasher paraît sur le point de s’essouffler, c’est pour mieux permettre à Don’t breathe de basculer dans l’horreur pure, avec pour uniques assaisonnement un rottweiler, une poire à lavement et un sens aigu du suspense.
S’il ne réinvente rien, le film s’impose comme un guet-apens jubilatoire, qui s’échine à renouveler sans cesse des situations déjà fréquemment usitées, tout en jouant la carte de la tension absolue jusque dans ses dernières images. En résulte une série B dégraissée, rongée jusqu’à l’os, qui ne laisse jamais le spectateur reprendre son souffle. On n’en demandait pas plus.
LES TROIS PETITS COCHONS
Au-delà de la rigueur dont fait preuve le métrage en matière de spatialisation et de gestion du rythme, on saura gré au scénario de ne pas nous abrutir de stéréotypes. Nos trois héros sont humains, leurs réactions la plupart du temps sensées, ce qui confère à l’ensemble une crédibilité inattendue. Mais surtout, cette mauvaise troupe fait affaire à un adversaire particulièrement vicelard.
Le monstre urbain interprété par Stephen Lang tient autant du psychopathe que du spectre, et s’impose comme un boogeyman parfaitement adapté au récit dont il hante les zones d’ombre. Enfin, on n’oubliera pas de sitôt l’autre menace, terriblement éprouvante et de nature animale, qui ferait passer Cujo et Zoltan, le chien sanglant de Dracula pour des caniches nains en descente de Whiskas. Bref, Don’t Breathe nous gratifie, à raison d’un sursaut toutes les 40 secondes, d’un très beau moment de trouille.
Non.
Non, on ne peut pas mettre en scène un aveugle en nous informant dès les premières minutes de film qu’il ne sort jamais de chez lui, pour à la fin du film, le faire traverser un quartier abandonné à une vitesse stupéfiante, sans canne blanche, sans repères spatiaux, et le faire arriver droit sur sa cible en la frappant d’un coup de poing en plein dans le mille sans aucune hésitation.
Non.
Tout le sel du récit tiens au fait que l’aveugle soit crédible dans son handicap. On ne peut pas tout bousiller à la fin juste parce qu’on ne savait plus comment terminer l’histoire.
Je l’ai vu. Il est super. Je dirai 8/10.
Extra il y a longtemps que je n’ai pas vu un film comme ça sur les chaînes
Excellente surprise.
Mise en scène au cordeau.
Actrice et perso bien crédible tout comme la situation.
Stephen Lang implacable.
Un petit bijou dans son genre.
Super film, Jane Levy crève l’écran. En espérant qu’elle revienne pour la fameuse suite.
y aura t’il une suite ???
Toujours en quête de l’intervention la plus pertinente j’allais moi aussi réagir quant au Whiskas. Mais non, du coup.
D’où la descente un peu duraille.
Non mais.
« pour des caniches nains en descente de Whiskas. »
Whiskas c’est pour les chats. De rien, bisou.
dès le début, ça m’a rappelé une excellente BD signé du grand dessinateur Hermann (et scénarisé par son fils, Yves H) et parue en 2011 : Une nuit de pleine lune. Pas de quoi crier au plagiat mais le pitch est similaire (5 jeunes veulent voler un vieux dans une maison isolée… sauf que ce dernier n’est pas aussi inoffensif que prévu et que la mort de sa femme le fera virer psycho).
Hâte de voir le film quand même !!